La filière du poulet ne connaît pas la crise mais les importations augmentent

Article publié le 24/11/11 19:48 dans Economie par Louis-Benoît Greffe pour Louis-Benoît Greffe

Selon une étude récente du département du Gers, 4 poulets sur 5 sont industriels et 1 poulet sur trois est importé. Ce taux augmente nettement depuis deux ans.

En effet, en 2009, les importations représentaient un peu moins d'un quart de la production, soit 408.200 tonnes (voir le site) ce qui équivaut aussi à un peu plus d'un quart de la consommation. La production française, 5e par l'importance dans le monde, suffit donc à la consommation du pays. Le premier exportateur mondial de poulet est le Brésil.

Que se passe-t-il ? En 10 ans, la consommation de poulets en France a doublé, atteignant 25 kilos par habitant et par an. Par ailleurs, les poulets français de qualité, bretons (Janzé, Guilers), bressans ou du sud-ouest sont fortement demandés à l'exportation, ce qui prive le marché français d'une part non négligeable de la production. Les exportations sont en hausse partout, sauf vers la Russie où le pouvoir met en place localement des unités de production à la pointe de la technologie.

Le mouvement n'est pas propre à la France, l'Europe ayant triplé en dix ans ses importations de volaille. La filière représente 14.000 éleveurs en France, et 56.000 emplois directs. La filière est particulièrement forte en Bretagne, avec la présence du leader européen de la volaille Doux . La production se concentre autour de Vannes, Pontivy et Loudéac. Les entreprises sont essentiellement bretonnes et exportatrices, elles dépendent peu, à part pour la production biologique ou certifiée, du marché intérieur français. Nombre de ces entreprises n'hésitent pas à faire de leur origine un argument de marque (Triskalia) et à créer des sites industriels hors des frontières de l'ancien duché. Cette filière, qui évolue vers plus de qualité, d'intégration des évolutions sociales (produits hallal) et d'exportation. Elle craint plus les épizooties (2006 avec le H1N1) que la crise : 2006 a été une année de baisse de la production, qui est restée stable en 2009 et a rebondi depuis.

Quant aux éleveurs, ils essaient de se regrouper (voir le site) et d'évoluer vers une production plus qualitative, qui joue sur l'image « locavore » et les circuits de distributions courts ou écologiques (AMAP). La législation qui impose désormais des produits bio dans la restauration collective de l'enseignement public lui est aussi favorable. La filière poulet reste donc solide et a bien résisté à la crise. Elle constitue aujourd'hui, pour les territoires du Centre Bretagne, un relais de croissance non négligeable et un bon moyen de faire connaître hors de nos frontières la qualité bretonne.


Louis Bouveron


Vos commentaires :
Thierry J
Vendredi 15 novembre 2024
La filière avicole bretonne a beaucoup évolué ces 12 dernières années: diminution du parc de poulaillers et du nombre d'éleveurs, conséquents aux crises économiques, pression environnementale (cantons en excédents d'azote animale ZES, manque de terres d'épandage, faible décollage des projets biogaz pour «traiter» l'azote comparé à l'Allemagne), vieillissements du parc, regroupement des coopératives, baisses des aides restitutions à l'export par la PAC, montée des pays émergents producteurs concurrents, viandes importées notamment pour les plats cuisinés faits en France ou Bretagne, démotivation des vocations d'éleveurs-investisseurs...il faut considérer en production de volailles de chair: le poulet (standart, export ou label rouge, voir label AB assez minime en volume), la dinde et le canard. Aujourd'hui, les aviculteurs retrouvent une petite embellie, il y a de la demande: exemple en canard: les valorisations de divers produits (magret, foies, ailes,...) s'exportent vers l'Allemagne, la Chine,...il n'est pas aisé de prévoir les évolutions à 10 ans des marchés et politiques UE ou OMC ! En Bretagne: le paysage industriel s'est remodelé depuis quelques années autour Doux, triskalia, l'arrivée de LDC reprenant des privées et branches de coops, gastronome (ex cana terrena en 44 et dptms voisins). Ces filières ont des conséquences en termes d'emplois en amont et aval en terme de biens et services , il faut considérer aussi que pour les éleveurs, les poulaillers sont des investissements assez lourds dont on ne peut pas changer les orientations facilement ! (équipements, élevage sans parcours,...).
Voir le site $File/Rapport%20A4%20+%20couverture.pdf?OpenElement

Thierry J
Vendredi 15 novembre 2024
le poulet: «un bon moyen de faire connaître hors de nos frontières la qualité bretonne»: le souci est que les emballages export des divers produits avicoles des groupes leaders (Doux, LDC,...), bien que élevés, transformés, emballés en Bretagne ne comportent même pas le mot Bretagne/Brittanny dans leur adresse... il n'y a que des codes postaux, «France» voir des drapeaux tricolores... on contribue malgré nous, ainsi plus à l'image francilienne et son développement qu'autre chose ! ps: idem pour nos maisons de disque bretonnes (Keltia, innacor,...) !

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