Vendredi 13 mars, le groupe Ermine invitait Philippe Pesteil, maître de conférences en anthropologie à l'université de Corse
Philippe Pesteil est maître de conférences en anthropologie à l'université de Corse. Ses travaux portent principalement sur la question alimentaire et la relance des produits par l'économie identitaire, les nouvelles dynamiques spatiales, et les changements sociaux au sein des minorités. Il a publié plusieurs articles relatifs à la question politique en Corse et en particulier au FLNC.
Créé en 1976, le FLNC est un mouvement clandestin ayant fait le choix de « la propagande armée ». Militant pour l'indépendance de la Corse, il est le principal représentant de la mouvance se reconnaissant dans la lutte de libération nationale (LLN). Connu pour ses actions violentes (il a revendiqué environ 4 700 attentats sur les 10 500 perpétrés en Corse), ses conférences de presse cagoulées, il est resté l'inspirateur principal et le maître d'½uvre de la ligne dite dure de l'expression nationaliste corse. Durant son existence, le mouvement aura connu des périodes d'activité plus ou moins intense au rythme des nuits bleues, des arrestations de militants, des débats internes, des scissions et luttes fratricides, des trêves et négociations avec l'Etat.
Le bilan dressé par Philippe Pesteil pose le problème d'une île orpheline depuis la cessation d'activité violente du FLNC.
Les Corses se sentent «orphelins», et constatent impuissants l'absence d'engagement nationaliste, le désintérêt des jeunes, la montée en puissance de la mafia et de la violence.
Le triste bilan de trente-huit ans de lutte montre une Corse où les anciens nationalistes, opposés à la bétonisation du littoral par la France, en sont aujourd'hui des agents actifs.
Un référendum sera probablement bientôt organisé, la Corse, île laboratoire va expérimenter de nouveaux pouvoirs en 2018 alors que les autres régions de France devront attendre 2020.
L'augmentation impressionnante de la population qui a doublé depuis 1960 ainsi que l'augmentation de 14% du taux de chômage laissent la Corse en pleine interrogation sur son avenir : à quoi bon l'indépendance, si c'est pour livrer l'île à la mafia, comme en Sicile ?...
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