C’est devant une forêt de drapeaux bretons, brandis par des supporters enflammés, esplanade du Champ de Mars, que les joueurs rennais ont présenté leur trophée dimanche dans l’actuelle capitale bretonne. Au-delà de la satisfaction naturelle pour tous les supporters du Stade Rennais, après 48 ans d’attente d’un nouveau trophée, que nous apprend cette scène ?
Que des habitants de Rennes, et de toute la Bretagne, brandissent naturellement un drapeau qui n’a rien d’officiel, un drapeau qui flotte sur certaines mairies de cinq départements, mais seulement au bon vouloir des édiles. Un drapeau qui ne sera pas rendu obligatoire dans les écoles bretonnes à la rentrée prochaine, au contraire du drapeau tricolore, qui reproduit, comme beaucoup semblent l’avoir oublié, les couleurs de la ville de Paris, pour le rouge et le bleu, et de la monarchie versaillaise pour le blanc. Ces couleurs perdantes samedi soir. D’ailleurs, personne ne brandissait le drapeau aux couleurs de Paris dimanche sur la place du Champ de Mars, à Rennes. Une place rebaptisée, un an avant la coupe gagnée en 1971, Esplanade Général de Gaulle.
Ainsi, comme les joueurs rennais l’ont fait après avoir été menés deux à zéro, par une équipe parisienne dopée aux capitaux qataris, les Bretons résistent, même après avoir subi deux siècles de jacobinisme castrateur.
Et Madame Apperé, jacobino-socialiste emblématique, pourra de nouveau, autant de fois qu’elle le veut, réaliser l’exploit, au contraire de Julien Stéphan ou François Pinault, d'oublier le mot Bretagne lorsqu'elle commente longuement la victoire sur France Info : rien n’y fera. Les Bretons, comme les joueurs du Stade Rennais, démontreront que leurs valeurs ont pour nom : solidarité, persévérance, fidélité. Et aucun discours officiel, quel qu’en soit la portée révisionniste, l’arrogance et le mépris pour ces valeurs bretonnes, n’y changera jamais rien : c’est la Bretagne qui a gagné samedi soir, et qui l’a confirmé dimanche.
Breizh da viken !
Vincent Fraval, secrétaire général de Breizh Europa
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