Une nouvelle manifestation est prévue ce samedi à Nantes pour demander la réunification de la Bretagne, c'est-à-dire l'inclusion de la Loire-Atlantique dans la région administrative composée des cinq départements historiquement bretons.
Profitons de l'événement pour rappeler que la division actuelle de la Bretagne n'a rien à voir avec Pétain, qui n'avait fait que créer des super-préfectures qui devaient être temporaires, facilitant l'administration de l'occupant allemand.
Tous les décrets de Vichy, y compris les super-préfectures ont été abolis par l'ordonnance du 9 août 1944 : (voir le site) Le 9 août 1944, une ordonnance dispose que «la forme du gouvernement de la France est et demeure la République. En droit celle-ci n'a pas cessé d'exister» et déclare, «en conséquence, nuls et de nul effet tous les actes constitutionnels [...] promulgués sur le territoire continental postérieurement au 16 juin 1940».
Pour rappel la super-préfecture d'Angers, n'avait rien à voir avec la région des Pays de la Loire créée aussi en 1956. Elle ne comportait pas la Vendée mais le Maine-et-Loire, la Mayenne, l'Indre-et-Loire et oui la Loire-Inférieure. Elle suivait les limites de l'administration allemande puisque la feldkommandantur de Nantes dépendait de la kommandantur d'Angers. En fait pour aller de la préfecture d'Angers à la kommandantur allemande, il suffisait de traverser la place de la préfecture !(aujourd'hui place Michel Debré) Comme disait le Gauleiter «Vous êtes Français, mais les Allemands commandent !» (*)
Donc le 9 août 1944, on repart à zéro, il n'y a que des départements et aucune région n'existe. Bien comprendre que pendant 12 ans, tout à été remis à plat. Il n'y a aucune région en France, juste des départements. C'est le gouvernement du socialiste [[Guy Mollet]] de la SFIO ([[Section française de l'Internationale ouvrière]]), qui, en 1956, en pleine guerre d'Algérie et sous un régime spécial par lequel la démocratie avait été suspendue, a séparé la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne en créant les régions économiques... Le terme et la région Pays-de-la-Loire ont donc été inventé en 1956.
Un arrêté ministériel du gouvernement du socialiste Guy Mollet du 13 juillet 1956 établit une carte du territoire en 22 régions de programme publiée au JO le 6 décembre 1856 (voir le site)
Chut... il faut surtout ne pas dire que c'est la gauche qui l'a fait, c'est tellement plus facile d'accuser Pétain et donc la droite, et de faire croire aux Bretons que la gauche n'y était pour rien. Il est possible de penser, et certains le font, que la manipulation - voire cette désinformation - permettait de faire voter plus de Bretons à gauche aux seconds tours des élections. Ceci étant dit, la droite française a eu de nombreuses occasions pour revenir sur ce découpage et ne l'a pas fait.
J'espère que cette piqûre de rappel fera réfléchir sur l'opportunité pour les bretons de se revendiquer et/ou de voter Gôche ou Droite - je ne parle même pas des extrêmes - car ces clivages d'un autre temps qui ne font que berner les bretons sur la volonté réelle de ces gens de réunifier. Ces deux partis «républicains» sont par essence et définition «républicains» et donc hostiles idéologiquement (et/ou par précaution) à la réunification de la Bretagne, car pour la plupart d'entre eux (du moins ceux qui sont à leur tête et basés à Paris) ils y voient une menace pour le pilier fondamental de la République : «La France une et indivisible».
On se doutait bien que le retour des provinces historiques (disparues depuis 1789) voulu par un Pétain sous contrôle hitlérien, ne suffisait pas à expliquer que, trois-quarts de siècle plus tard, nous en soyons toujours au même point, à réclamer notre «Ulster», notre 5ème département. Il fallait donc logiquement qu'il y ait eu consensus ou ponce-pilatisme de tous les gouvernements depuis la Libération.
Mais là, que tous les décrets pétainistes aient été abolis en 1944 et que ce soit le socialiste Guy Mollet, ancien résistant, qui à partir d'une carte administrative redevenue vierge sur le terrain régional, prenne l'initiative de ressusciter en 1956 une région Bretagne dans son format collaborationniste contesté, cela secoue quand même un brin !
La responsabilité change carrément de visage, même si la complicité trans-partisane demeure.
Néanmoins, notons-le tout de suite, Guy Mollet avait en matière de souveraineté ou d'amalgame des territoires, des idées plutôt rock & roll qui ont de quoi surprendre !
Président du Conseil en Février 1956 à défaut de Mendès-France, les tensions autour du canal de Suez et des frontières d'Israël l'amenèrent à demander dès septembre et selon les archives de la BBC : «la fusion de la France avec la Grande Bretagne». Comme déjà le gouvernement français en 40 au moment de la débâcle ! Eh oui !
Devant le refus du voisin d'outre-Manche, il sollicita alors une intégration comme membre du Commonwealth qui ne fut pas plus suivie d'effet. De dépit sans doute, la France se résolut alors à adhérer à la Communauté Européenne en construction ...
Sur de telles dispositions d'esprit, on se doute donc bien que le transfert d'un département d'une région à l'autre n'était vraiment pas de nature à gâcher son sommeil !
Mais ce n'est pas tout - G. Mollet resta a en place jusqu'au 13 Juin 1957 : un an et demi de mandat - et 1956 fut par ailleurs une année à virage en épingle à cheveux concernant le conflit algérien déclenché deux ans auparavant par des séries d'attentats.
Quelques jours après sa venue au pouvoir, après avoir professé que la guerre d'Algérie est une voie sans issue et qu'il faut l'indépendance, il se rend à Alger. Reçu avec des tomates et des menaces diverses par une population européenne qui, née en Algérie, ne l'entendait pas de cette oreille, il tourne brusquement casaque et le mois suivant obtient pour l'Armée «les pouvoirs spéciaux» réclamés par les émeutiers (attribution de pouvoirs de police, traduction directe sans instruction, légalisation des camps d'internement).
Bref, un sérieux coup de canif à l'Etat de Droit, tandis qu'on décide également de l'envoi des appelés du contingent en Algérie, c'est-à-dire les jeunes qui faisaient leur service militaire.
Avec l'appui de son Ministre d'Etat Mitterrand, chargé de la Justice et par la loi du 12 Mars 1956, il crée de fait les conditions légales de la torture en Algérie, que l'instauration d'une «Commission des Droits et Libertés Individuelles» et l'envoi sur place de quelques missions d'enquête ne parviendront bien sûr jamais à endiguer.
Tout ceci pour rappeler que cette fois encore, un «décret» - même méthode autoritaire que Pétain - suffisait à décider : quel mépris ! - de la destinée d'une entité millénaire.
Peu à peu la réalité de nos grandes dates historiques nous apparait sous leur jour véritable.
A nous d'en tirer les enseignements.
Je ne suis pas un historien et apprendre cela aujourd'hui,c'est bien, mais :
Pour quelles raisons les organisations politiques et pour la réunification n'ont elles pas été plus claires,surtout
depuis les années 60 puis 81 où des alliances électorales ont été conclues (PS,UDB,...)
Quelles formes de lutte va t il nous rester ?