La Belle Plaisance avait rendez-vous à Pont-Aven

Reportage publié le 3/09/10 18:06 dans Cultures par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou
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La fête de La Belle Angèle est un rendez-vous de plus en plus couru par les bateaux à vieux gréement, entendez par là la noblesse de la voile, celle de la tradition. Les thoniers, sardiniers, cotres, sloops, chasse marées, sinagots, lougres... tous ces types de bateaux de pêche qui ne naviguaient qu'à la voile et dont chaque port ou presque avait un modèle particulier. (Voir les trois tomes des éditions du Chasse Marée Ar Vag, Le Bateau).

Certains ont été sauvés et restaurés, d'autres reconstruits à l'identique grâce à des associations, avec ajout de moteurs pour les plus gros. La flotte de la “Belle Plaisance”, maintenant entrée dans le domaine patrimonial, s'enrichit sans cesse en Bretagne et se montre. Les photos ci-dessus suivent à peu près le récit.


Maurice Le Reste, président de l'association La Belle Angèle à l'origine de cette fête (voir le site) , convoque chaque année le Nantais Alain Doll pour l'aide à l'organisation. Ils vous en disent plus sur cette fête et son esprit dans la vidéo ci-dessus et sur ABP-TV : (voir le site)


Dans le jardin Théodore Botrel et le long du quai, la fête se met en place tranquillement dans l'après midi, après le montage la veille du podium et des stands. La rivière luit de sa vase, la mer n'est pas encore là. Quelques bateaux sont arrivés la veille, comme par exemple le Capiruja venu de Pornichet en 48 heures, ou habitent toute l'année, ici ou pas loin, comme, immatriculé à Penzance – le Chantrio, construit circa 1900, pour la pêche en Manche, dans le petit port de Mevagissey en Cornwall, converti comme pêche plaisancier après la deuxième guerre mondiale – d'après l'écriteau qu'il porte. Ses propriétaires, un Anglais et sa femme venus de Cornouailles se sont installés il y a longtemps à Nevez, sur la colline, pas loin. Leur cordialité et leur originalité semblent appréciées des gens des environs qui les connaissent bien. John ne s'est-il pas habillé en Amiral Nelson et madame en Lady pour la soirée ? Quand ils ne naviguent pas, leur bateau est mouillé dans l'anse de Kerdruc, en aval sur l'Aven.


Le temps est “de rêve”. Le bois attend auprès des barbecues pour les délicieuses grillades, les barmen remplissent leurs glacières. On branche les tubes de néon sous les tentes de la restauration, car la nuit sera longue, “jusqu'à pas d'heure” nous-dit-on. En musique non-stop dès 16 heures à tendances mer et Bretagne. À remarquer, la sono sera toujours respectueuse du public, pas tonitruante... Chants de marins, concerts de groupes, airs à danser, trio de sonneurs Son Ar Winojenn avec le Cercle celtique de Pont-Aven qui danse une suite de l'Aven impromptue sur le goudron auprès du camion de la sécurité civile (vidéo sur ABP-TV : (voir le site) )


Le public afflue peu à peu le long du port. Ici pas de barrières le long du quai. Personne n'est jamais tombé à l'eau ou à la vase !

Les stands de la Société Nationale du Sauvetage en Mer (SNSM), du Chasse-Marée, de l'André-Yvette – qui présente une exposition sur la restauration de cette gabare de 1936 – se mettent en place.


Les vieux gréements, rassemblés à l'embouchure de l'Aven dans le port de Port Manech ou à l'entrée du Belon ou encore au mouillage de Kerdruc, remontent peu à peu l'Aven en fin d'après midi. ABP choisit de quitter les premières séquences musicales de la fête et de descendre le long de l'Aven. Pour passer une heure et demie dans l'herbe sur la berge dans un “écrin de verdure” et attendre les bateaux. Un pincement au coeur pour deux ou trois ruines échouées en face qui n'ont pas eu la chance d'être sauvées... Les plus petits bateaux, à faible tirant d'eau, arrivent les premiers, poussés par le flot, ils n'ont presque pas besoin de moteur. Certains n'en ayant pas sont à la remorque. Tiens, un gros là-bas semble un peu échoué ! C'est le Grace, de Penzance en Cornwall, déjà vu au Festival de Lorient. Qu'importe, 20 mn plus tard la mer le dégage !


Si quelques voiles sont hissées c'est juste pour le coup d'oeil (et les photographes), elles sont d'ailleurs un peu molles, car il ne faut pas compter sur le vent pour remonter la rivière. Les voiles ocres, coq de roche, cachou et même une bleue, colorent à plaisir la rive verdoyante d'en face, l'eau calme les reflète...


Sont passés le Corbeau des Mers (voir le site) , qui, avec le Marche Avec (voir le site) , a commémoré le départ des Bretons de l'Île de Sein vers la France Libre il y a 70 ans, en refaisant le parcours au début de l'été jusqu'à Newlyn en Cornouailles : (voir le site)

Le Coronasia, de Cornwall, le Rigolo (voir le site) sont là aussi.

À 18 h 30 La Belle Angèle arrive, suivie de deux épaves sauvées : le Minahouët (voir le site) et l'André-Yvette (voir le site)


Alain Doll commente les arrivées au micro, donnant des informations sur ces bateaux qu'il connaît bien et qu'il aime. Il regretta l'absence du Gwalarn retardé ou empêché par un relatif mauvais temps des deux jours passés. Il attend par contre de pied ferme le Saint Michel II - la réplique du bateau de Jules Verne construit et lancé récemment à Nantes, mais non encore gréé – qui pourtant ne viendra pas. Le port s'emplit peu à peu, les conversations s'engagent avec simplicité et cordialité, sur la mer, les bateaux, les croisières, les souvenirs bons ou mauvais, l'admiration pour la SNSM et l'inconscience de certains plaisanciers...

Un pêcheur professionnel qui a fait des campagnes de 15 jours en Manche depuis Concarneau sur des chalutiers, se laisse questionner à propos du Bugaled Breizh, sujet délicat à aborder avec un marin pêcheur... : «La juge est courageuse, mais de toutes façons il y aura un non lieu...» ; il se souvient qu'un des commandants du Belem était avec lui à l'école des Mousses de Concarneau, «Marc Cornic, non Marc Cornil», retrouve-t-il, et raconte comment l'Abeille Flandre lui a sauvé la vie, du temps du commandant Bulot, dans les années 80. Le commandant Cladden, dit Carlos qui lui a succédé, était alors son second.

Pour ces marins pêcheurs qu'on écoute sur le quai quand on s'intéresse un peu à la mer et à la navigation, cette journée est une vraie fête qui célèbre aussi leur monde, leur vie de peine souvent ignorés. Rien que pour cela, cette fête, même si elle célèbre la plaisance, doit perdurer.


Le dîner est un succès et la queue est longue aux grillades, frites et moules marinières préparées et servies par les bénévoles de l'association. On en profite pour converser.


La soirée se poursuit avec les chants de marins de plusieurs groupes dont les Mariners Away (video sur ABP-TV : (voir le site) ), un groupe du Devon qui a plus de 100 chansons à son répertoire. Venus en amis et hébergés chez des amis aux environs... et La Bordée de Trégunc (vidéo sur ABP-TV : (voir le site) ), venue elle en voisine. Ces deux groupes font sensation.


Le feu d'artifice, un spectacle “pyromélodique”, est un régal pour les yeux complété par un très beau texte d'Emmanuel Jussiaux – inspiré de « Jonathan le Goéland » – en voix off sur une bande musicale. Il y a trois ans, sa première contribution à ce feu d'artifice amélioré a consisté en un texte «Voilà les vieux gréements» qui se trouve en entrée de son livre de poèmes. En effet, il l'a présenté dans l'après-midi, tout nouvellement édité : (voir notre article) (Introduction d'Alain Gadmer, préface de Christiane Kerboul).


La nuit se terminera avec un fest noz où les danseurs ne manqueront pas. Photos : avant dernier cliché : les jeunes de Pont-Aven discutent autour d'un verre, vers 1 h 30 du matin, sous la statue de Théodore Botrel, le «chantre breton de Pont-Aven». Dernier cliché : le tableau de [[Paul Gauguin]], La Belle Angèle, portrait de Marie-Angélique Satre (1868-1932), peint en 1889 à Pont-Aven. Propriété du Musée d'Orsay à Paris.


Maryvonne Cadiou



Vos commentaires :
Nicole Le Page
Dimanche 22 décembre 2024

Merci pour ces très belles photos et l'historique de la «Belle Angèle» que je ne connaissais pas. Bravo pour ce reportage.
Nicole Le Page.

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