En France, avec un déficit de nos comptes publics supérieur à 3 % depuis des années et avec une dette qui frôle les 2.000 milliards d'euros, nous vivons à crédit. On remarque au passage que ce sont les pays les plus riches qui sont le plus endettés, ce qui vérifie l'adage, « on ne prête qu'aux riches ».
D'après le FMI, la France, en 2013, arrivait au septième rang des pays les plus dépensiers du monde avec des dépenses publiques qui s’élevaient à presque 57 % du PIB (Produit Intérieur Brut). Mais parmi les pays développés, la France est en réalité deuxième après le Danemark ! (1).
La France se situe aussi au premier rang mondial (avec le Danemark) en ce qui concerne la part de sa richesse nationale affectée à la protection sociale. En 2011, cela représente 670 milliards d'euros... et 15 % des dépenses sociales mondiales ! (2).
Nous ne discuterons pas ici du modèle social de la France… qui serait parfait s'il n'y avait 6 millions de chômeurs.
Cependant, pour la plupart des responsables, on ne peut laisser filer la dette sans se trouver à terme dans la situation de la Grèce ou de l'Argentine. Alors, par manque de courage, l’État se contente d'augmenter les impôts, de donner un coup de rabot par ci par là et de profiter de la baisse historique des taux d'intérêt pour contenir le déficit, sans s'attaquer aux réformes structurelles.
Pour faire des économies faciles, dans sa colossale finesse, l'État a cru devoir s'attaquer à la dotation globale de fonctionnement, qui vise, en principe, à étoffer quelque peu les ressources des collectivités locales et à introduire un peu de justice entre elles.
La dotation globale de fonctionnement a été créée en 1979, peu avant la décentralisation de 1982 (3). Elle représente en moyenne 19 % des recettes réelles de fonctionnement des collectivités et parfois beaucoup plus pour une petite commune rurale.
Cette dotation est donc passée de 40 milliards d'euros à moins de 36 en quelques années. (4)
En scrutant les chiffres, on constate que les communes les plus défavorisées, qui souffrent déjà de l'éloignement des services publics et des hôpitaux, de déserts médicaux, d'une mauvaise qualité d'Internet et de la couverture mobile, les communes rurales en particulier, ne sont nullement favorisées par la DGF comme on aurait pu le croire (naïvement). Quant aux communes de plus de 15.000 habitants, les plus favorisées par les subsides de l'État, elles se trouvent surtout en région parisienne. (5)
On voit par exemple que les Français les plus favorisés - les Parisiens - touchent 546 € par habitant, contre 255 € à Brest ou 157 € à Carhaix, lamentable ... Quant à la ville de Levallois-Perret, elle émarge à 700 euros par habitant, les Hauts-de-Seine étant le plus riche département de France après Paris, scandaleux !
Et, bien sûr, aucune ville bretonne ne bénéficie à ce point des « largesses » de l'État. (5)
Pour résumer, tout en abusant des termes «solidarité ou péréquation», l'État donne davantage à ceux qui ont déjà plutôt qu'à ceux qui ont peu, en même temps on recentralise hypocritement en asséchant les finances locales, sur les dos des « ruraux » et des « provinciaux », en essayant de gagner l'estime des habitants des grands centres urbains, les plus riches et les mieux dotés en grands équipements, en services, en musées (6).
Notes :
1. sur la dépense publique : (voir le site) et sur le déficit publique : (voir le site)
3. la DGF : (voir le site)
5. la DGF par commune : (voir le site)
6. l'Etat n'accorde que 1% du budget de la culture à la Bretagne, voir mon article : Le budget culturel de la Bretagne, comparé à ceux du Pays de Galles et de l'Ecosse ...
publié le 2/11/14 18:27, dans Chronique par marc Patay Lejean pour ABP
■Informations très intéressantes!...Et éclairantes!
@ Paul Cherel, dans les épisodes glorieux de l'histoire de la Bretagne, ceux qui menaient la bataille n'allaient pas regarder si par hasard, il y avait pire ailleurs. L'émancipation c'est savoir prendre ses décisions, comme un grand, de façon souveraine.