L'Union démocratique bretonne à la croisée des chemins ?

Point de vue publié le 2/06/14 18:12 dans Politique par Christian Rogel pour Christian Rogel

Face au retour des Bonnets rouges en ce printemps 2014, l'Union démocratique bretonne (UDB) a du mal à continuer à les soutenir, même si elle le faisait avec une prudence remarquée, tant les numéros du talentueux acrobate, Christian Troadec, l'insupportent, si bien qu'elle cherche à dégager une voie de sortie, après avoir été déçue par ses résultats aux européennes (1,84% sur la Bretagne). Elle se serait, sans aucun doute, réjouie, si le korrigan du Poher n'avait pas réintégré, le 28 mai, sa fonction de porte-parole du Collectif « Vivre, décider et travailler en Bretagne », car, une forme de contentieux commence à se profiler.

Le conseiller général de Carhaix, pourtant ancien allié de l'UDB et siégeant dans la majorité PS du Conseil général du Finistère, n'a pas voulu être ailleurs qu'en première place sur la liste UDB et a, en fin de compte, reconduit son alliance avec des petites formations bretonnes jugées trop à droite par le parti autonomiste breton de gauche. Le résultat a été jugé plus qu'honorable (5,40%), malgré une moins bonne réussite en Bretagne Est (voir notre article).

Il va être vraiment problématique pour l'UDB de se positionner vis-à-vis de Troadec, dont l'objectif avoué est la constitution d'un groupe d'élus au prochain Conseil régional à élire fin 2015, sachant que tout dépendra du nouveau format de la région qui aura été retenu.

Son ambition, non encore formulée, est de se présenter à la députation dans sa circonscription de Carhaix-Crozon-Plougastel (élection prévue en 2017), ce qui créerait un gros souci aux alliés socialistes de l'UDB qui détiennent le siège. De plus, Christian Troadec a répété qu'il réfléchirait à une éventuelle candidature à la présidentielle, sous l'étiquette régionaliste. Encore un dilemme potentiel. Car, comme il l'a dit publiquement le 22 mai : « il est normal qu'un homme politique se présente à des élections ».

Pour ne pas arranger ses affaires, l'UDB doit, maintenant, composer avec les positions ouvertement anti-réunification de la Bretagne portées bruyamment par des maires socialistes avec lesquels elle a passé des accords électoraux, grâce auxquels elle a obtenu environ 70 sièges dans les conseils municipaux de Brest, Lorient, Nantes, Rennes, Saint-Nazaire et ailleurs.

L'UDB vient d'appeler à la création d'un « front des démocrates » (voir notre article) (Christian Guyonvarc'h, tête de liste aux européennes, parlait, sous la forme d'un ballon d'essai, de « front démocratique breton »). Le problème sera, alors de trouver, des alliés suffisamment souples ou détachés de l'appareil socialiste de plus en plus investi par des jeunes technocrates, élevés politiquement en vase clos, sans autre sensibilité que l'économisme et traitant les autres questions plus sociétales et immatérielles (breton, culture bretonne), comme une concession intermittente aux nécessités sociales.

Peut-on imaginer que le PS se casse ou que la partie la plus bretonne contienne la tendance technocratique ? Pour le moment, on aperçoit une tentative de reprise en main par l'appareil parisien, dont la prise de position des maires socialistes est un symptôme.

L'UDB doit donc tirer les leçons de ses résultats électoraux, ce qu'elle n'a pas vraiment fait, trouver les moyens de rendre plus autonome sa pensée politique et trouver une place et un discours, face au mouvement des Bonnets rouges, qui est un front multicartes et qui inclut un pôle ouvrier prêt à se manifester sur le terrain en concurrence avec les syndicats. Les Bonnets rouges participent d'un mouvement de fond en Europe, qui est qualifié d' « anti-politique » et qui regroupe des mouvements très divers dans leurs méthodes et leurs positionnements : indignés, Podemos en Espagne, Mouvement 5 étoiles en Italie, partis pirates, etc. On peut y ajouter l'«Assemblea nacional catalana», moins anti-politique, mais organisée très localement, sur un seul mot d'ordre, l'indépendance catalane.

Quoi qu'il en soit, le monde politique breton, de droite, de gauche ou d'ailleurs, est en mouvement. Un défi lui est lancé, comme à toutes les formations politiques classiques : inventer de nouvelles manières de parler à la population.

Christian Rogel


Vos commentaires :
Job LE GAC
Vendredi 15 novembre 2024
Comme à son habitude, l'UDB . . . «réfléchi» . .
On ne sait pas jusqu'à quand cela va durer, mais elle «réfléchi» . . .
Alors, une question : que fera t-elle alors que Nantes sera complètement déracinée de la Bretagne, ce, grâce aux politiciens jacobins aidés de quelques autres, traîtres en leur Pays? . . .
Peut-être continuera t-elle à «réfléchir» . . ..

Selon le dicton: «on ne sert pas la soupe deux fois», C'EST le jour «J» de la réunification de la Bretagne ! Il faut donc que TOUS se réunissent pour une même cause, dans un même élan, et tout de suite !

Chers Amis de l'UDB, ça n'est plus le moment de «réfléchir» mais d'AGIR !!
«Poent eo, Bretoned, stagañ gant ar stourm meur ar Vro !» . . . .


Paul Chérel
Vendredi 15 novembre 2024
C'est de la haute politique politicienne qui, sans le vouloir, je l'espère, s'éloigne de considérations terre à terre du genre « La Bretagne aux Bretons ! » Que ce soit Troadec ou Guyonvarc'h, ils n'ont pas bien compris le tremplin que les Bonnets rouges venaient de construire. Aux européennes, l'un voulait faire du «social», l'autre voir ce que donnerait du Troadec à l'etat pur dans une circonscription électorale de carpes et de lapins. Il fallait s'appuyer sur l'image «Bonnet rouge» qui a séduit dans TOUT l'hexagone; jusqu'en Alsace et En Savoie. C'est de la conspiration des «EGOS» encore une fois. Paul Chérel

Mikael JORD
Vendredi 15 novembre 2024
L'un des fondateurs historiques de l'udb,Ronan Leprohon,a déclaré un jour:que ce parti avait été crée pour faire évoluer la gauche francaise.C'est le moment,gast! Sérieusement,il y a des troubles chez les militants socialistes de Bretagne.Pourquoi ces dissidents,ne se regroupent pas pour créer un Parti Socialiste Breton.Ils ont pourtant intérèt à se démarquer de Hollande,qui probablement ne finira pas son mandat de président.Un peu de courage camarades!

LHERITIER Jakez
Vendredi 15 novembre 2024
UDB 1977 = UDB 2014 Electoralement:pas mieux!
Des réussites:lesquelles?
Faire un inventaire et une analyse de l'alliance avec les partis français.Bon et mauvais!

Les bretons doivent s'unir en 2014 pour frapper en 2015.

Mme LE BRANCHU,Mr VALLS,MR AYRAULT,le nouveau Monarque
Mr HOLLANDE ont peur d'une Bretagne UNIE,malgré l'histoire(déclaration du 3 juin 2014).
Nous avons lutté ensemble -Guerres,conquêtes sociales,politiques au 20 ème siècle.Ils doivent nous respecter! Et respecter les voeux votés dans leurs mairies ,aux CG,etc.des années 70 à 2014.

En Europe:une fédération des peuples+ un rassemblement des démocrates bretons en Bretagne:OUI.Faisons le.

Les Bonnets Rouges avec leur plate forme doit aussi faire arriver des «élus bretons».A structurer sur des objectifs parlant aux jeunes -Bretons et ouverts sur le monde.

Je pense que le système électoral français avec ses multiples élections sclérose nos luttes et nous endort.

Privilégions certaines élections (intercommunales «régionales»,européennes avec d'autres peuples).
Des objectifs bretons pour les jeunes,les familles pour 2015 etc.

Nous avons déjà «donné» avec des échecs et des réussites. A la 4 ème vague bretonne de déferler:
Fédéralisme,Autonomie,copions les Ecossais,les Catalans,etc...ne restons plus coller aux partis Français.


marc iliou
Vendredi 15 novembre 2024
Toujours électron libre Jakez , cela me rappelle quelques années en arrière fin des 70 début des 80 ! toujours la liberté de parole aussi ! ne change pas ! j'ai dormi dans ta grange avec des copains en ce temps là !

Steven Ansquer
Vendredi 15 novembre 2024
pas le moment de se diviser !!!

Iffig Cochevelou
Vendredi 15 novembre 2024
%Paul Cherel

Je ne comprends pas très bien : c'est bien la première fois que j'entends dire que Troadec ne représente pas les Bonnets Rouges !
Par ailleurs sa liste d'alliance a , dans un contexte difficile, fait des scores inattendus , dépassant les 15% dans des secteurs éloignés de son fief , si 11,5 % dans le finistère, 10% en Basse Bretagne et 7,5 en b4, ce n'est rien, c'est a n'y rien comprendre.


Paul Chérel
Vendredi 15 novembre 2024
@Iffig. C'st pourtant simple; La première liste Troadec, publiée par ABP comportait trois ou quatre noms suivis de la mention «Bonnets rouges». La dernière, celle officielle pour les européennes, ne fait plus référence aux BR. Quant à l'audience Troadec, il ne faut pas raisonner en % de telle ou telle division administrative même BRETONNE, il faut raisonner en chiffres européens sur les 13 départements de la circonscription OUEST. L'audience Troadec se réduit alors (malheureusement) et je ie déplore à une trentaine de kilomètres autour de CARHAIX. C'est dommage mais c'est ainsi. Je rappelle, au cas où cela vous serait sorti de l'esprit que, au même moment où se déroulait le rassemblement de Quimper; une autre manifestation,présentée comme syndicale, se déroulait à Carhaix. A laquelle CT ou auxquelles CT a-t'il assisté et à quel moment ? C'est le monde journalistique qui lui a décerné le titre de porte-parole des BR et il fallait profiter de ce tremplin pour CT et son charisme plutôt rare dans la galaxie des mouvements Bretons. Mpn opinion est donc qu'il a raté le coche et pourtant je l'avais prévenu dans un commentaire qui, hélas, n'est pas passé. Paul Chérel

Christian Rogel
Vendredi 15 novembre 2024
@Paul Chérel
Le Collectif VDTB a exigé que la mention BR soit retirée, mais cela n'a induit personne en erreur et, dès les élections passées, CT a été pleinement réintégré dan le Collectif.
Les résultats de liste Troadec n'ont pas été sérieusement analysés et ses meilleurs résultats ont été obtenus dans un rayon de 100 km autour de Carhaix, ce qui couvre une part notable de la Bretagne, y compris en Haute-Bretagne.
7,35% est le résultat en Bretagne historique pour les 2 listes bretonnes et c'est du jamais vu. Cela présage des régionales décoiffantes.

Eloi M
Vendredi 15 novembre 2024
A Locoal Mendon (largement plus de 30 km de Carhaix, peut être plus de 100 km mais de toute façon pas en centre Bretagne) Christian Troadec finit deuxième avec 15% devant l'UMP et le PS, malheureusement derrière le FN... Il est a oeu près sur que oour obtenir un score pareil C Troadec a percé ailleurs qu'en centre Bretagne (pas très peuplé. ..) et qu'une vrqie analyse des résultats serait indispensable

Iffig Cochevelou
Vendredi 15 novembre 2024
A Paul Cherel

Il est clair que beaucoup de média ont voulu noyer le poisson , en essayant de tout mélanger , comme par exemple, minimiser le Parti Breton-Strollad Breizh en oubliant de dire qu'il était représenté sur la liste aux 2°, 3°, 7°, 10° et 18° place, et que ce parti avait fait une entrée remarquable il y a 5 ans en étant le seul et premier parti politique breton a s'etre présenté a une telle élection, avec des scores loin d'etre négligeables , quand on voit ceux de l'UDB aujourd'hui.


Brocèlbreizh
Vendredi 15 novembre 2024
Que l'on soit bonnet rouge ou blanc bonnet.
C'est idem.
Notre histoire commune en à déjà témoignée...1785/1830.
L'alliance est notre survivance dans la mondialisation.
Ce n'est pas a Mr troadec de changer.
C'est donc bien à l'agneau UDB de balayer devant sa porte.
N'oublions pas:
Les français sont des veaux.
c'est donc au Breton de les faire aller à l'herbe et non l'inverse.
Le breton ne mange pas d'herbe ,il reste simplement contemplatif devant son troupeau.
L'udb à dévoré son herbage.Reste? Fétu de paille.
Mr Troadec quant à lui,en bon berger,regarde déjà le champ d'en face.
Pourquoi?
parce que l'herbe est toujours plus verte de l'autre coté quand elle n'est pas souillée.
Un vrai nectar
Kénavo.

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