Les Chrétiens démocrates allemands de la CDU (Christlich Demokratische Union) ont ouvert les débats la semaine passée en se montrant partisans d'introduire un amendement à la Loi Fondamentale (équivalent de la Constitution en Allemagne) afin que l'allemand soit déclaré langue officielle de l'État. Par cette action la CDU a immédiatement été accusée de «nationaliste» par ses opposants estimant qu'il s'agissait d'une opération ayant pour but d'assimiler les migrants. De même, les minorités autochtones ont réclamé que, si l'allemand est officialisé, alors les langues minoritaires doivent l'être également.
La polémique a commencé mardi, quand les Conservateurs, réunis en congrès, ont approuvé une proposition pour faire que l'allemand soit inscrit comme langue officielle à l'article 22 de la Constitution. Jusqu'à aujoud'hui, cet article fait mention de la capitale Berlin et des couleurs noir, rouge, or du drapeau, mais rien de concerne la langue. Les autres partis s'y opposent mais également la Chancelière issue du CDU, qui trouve cette disposition inadéquate.
Les membres social-démocrates du gouvernement de coalition (SPD/CDU) ainsi que leur adversaires libéraux et ex-communistes ont critiqué la proposition des conservateurs. Le SPD (Sozialdemokratische Partei Deutschlands) recommande que la CDU se préoccupe plus de l'enseignement de l'allemand dans les écoles que de l'inscrire dans la Loi Fondamentale en rappelant que cette proposition a largement été critiquée par les partis, les associations et les acteurs sociaux.
De même les représentants de la communauté turque d'Allemagne estime, selon la Süddeutsche Zeitung, que la CDU souhaite «assimiler» les nouveaux arrivants et que cette mesure pourrait ouvrir la porte à l'interdiction de n'importe quelle langue qui ne soit pas l'allemand dans les écoles.
Dans ce débat, les minorités nationales de la République Fédérale ne pouvaient pas être absentes. Les Sorabes de Lusace, les Danois du Slesvig, les Frisons et les Roms rassemblés au sein du Conseil des Minorités Nationales Autochtones d'Allemagne, ont profité de l'occasion pour rappeler qu'il est aujourd'hui nécessaire de disposer d'un statut réel pour les langues minoritaires d'Allemagne. Le Conseil a ainsi déclaré que si l'allemand était inscrit à la Loi Fondamentale, le sorabe, le frison, le danois et le rom devraient également l'être, en rappelant que l'actuelle Constitution ne faisant mention à aucun moment de la reconnaissance et de l'existence des minorités nationales.
Pour sa part, le Parti indépendantiste bavarois (Bayernpartei) s'est montré favorable à l'inscription de l'allemand dans la Loi Fondamentale, à la condition, comme le souhaite le Conseil des Minorités, que les langues régionales y soient aussi mentionnées. Sur la même ligne, l'Alliance Libre Européenne a réclamé qu'on respecte les droits linguistiques des Sorabes, Danois et Frisons et a affirmé qu'il était honteux que la CDU n'ait pas pris en considération ces dernières.
Article traduit du catalan : MónDivers.cat est partenaire d'Eurominority.eu
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