Daniel Cariou est président de la Société Bretonne de Numismatique et d’Histoire (SBNH). L’association (1) publie la revue Annales dont Daniel Cariou est le directeur et à laquelle il participe largement par de nombreux articles. Voir le sommaire en PDF 1.
Il nous a entretenus hier soir de L'institution des États de Bretagne, (voir notre article), en montrant et commentant des jetons des États de Bretagne. (voir notre article).
« Les États de Bretagne, sous des appellations différentes, sont attestés dès le IXe siècle. Ils constituent un élément permanent et stable capable de prendre des décisions quand le duc est en voyage, comme sous Jean V, ou d'empêcher les errements du souverain, comme quand Jean III veut donner la Bretagne au roi de France.
Ils votent l'impôt, donnent leur avis sur des questions dynastiques, plus tard gèrent les ponts et chaussées. Sous l'ancien régime, ce sont eux qui font éditer les deux ouvrages de breton de Grégoire de Rostrenen.
Après la perte de l'indépendance, ils défendent comme ils peuvent les droits des Bretons face à l'invasion fiscale française. Grâce au relatif havre fiscal – la “pancarte de Bretagne” qu'est grâce à eux le pays –, un embryon de capitalisme naît : négociants à Nantes ou Saint-Malo, Compagnie des Indes à Lorient.
Des jetons sont donnés aux députés des trois ordres – clergé, noblesse et tiers, c'est-à-dire représentants de bourgeois – jetons d'argent qui sont au XVIIIe siècle une rémunération déguisée, voire une corruption des Bretons avec leur propre argent.
À deux reprises (1784 et 1786), la tenue des États déborde sur janvier de l'année suivante, et on frappe alors un jeton de trois livres pour dédommager les députés ». (2)
Daniel Cariou
(1) SBNH : siège social 16 bis rue de la Brise, 56000 Vannes
(2) dédommager les députés : des frais de route et hébergement supplémentaires. Voir les jetons correspondants : photos 3, recto et 4, verso. Octogonaux ils sont plus grands que les jetons habituels et ont donc plus de valeur intrinsèque.
Daniel Cariou précisa aussi que l’étude et la lecture de ces jetons peuvent apporter énormément à la connaissance de l’histoire de la Bretagne, en complément des livres anciens et des archives. La plus grande collection est celle du musée Dobrée de Nantes dont Gildas Salaün (3), historien et numismate, est en charge du médailler (4).
Pour les plus curieux en la matière : (voir le site) du Conseil général avec la description de la numismatique (monnaies, médailles et jetons) conservée au musée Dobrée.
(3) Gildas Salaün : (voir le site) de Journal La Mée et les pièces de Châteaubriant présentées par Gildas Salaün en 2006. Daniel Cariou et Gildas Salaün ont fait ensemble un article sur ArMen n° 151 de mars-avril 2006 : Les monnaies bretonnes dans l'histoire.
(4) Le PDF 2, en complément de ce résumé, traite des « Jetons de la Chambre des comptes de Bretagne » d’après la collection du musée Dobrée étudiée par Gildas Salaün. Article des Annales de Bretagne 2001, très illustré, où Daniel Cariou et la revue de la SBNH sont souvent cités.
Maryvonne Cadiou