L'Institut culturel récompense Alex Salmond, ex-Premier ministre de l'Écosse, pour son travail en

Dépêche publié le 7/08/17 23:54 dans Europe par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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Alex Salmond reçoit la médaille de l'Institut Culturel de Bretagne
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C'est à l'occasion du Festival Interceltique de Lorient, dont le pays invité cette année est l'Écosse, qu' Alex Salmond, venu passer plusieurs jours à Lorient, s'est vu décerner aujourd'hui une médaille de l'Institut culturel de Bretagne. Quand Alex Salmond dirigeait le gouvernement de l'Écosse, il a vigoureusement agi pour préserver la langue gaélique parlée par seulement 100 000 personnes. Aujourd'hui l'Écosse a une université dont la langue d'enseignement est le gaélique et une chaîne de télévision en gaélique :BBC Scotland (financée par l'Écosse).

Le texte du discours de Patrick Malrieu lors de la remise de cette distinction

Au nom de l’Institut culturel de Bretagne, et profitant de votre présence en cette année où l’Ecosse est l’invitée officielle du Festival, je voudrais, à travers vous, remercier l’Ecosse pour tous les exemples qu’elle a pu inspirer à la Bretagne.

Cela a été vrai en littérature. N’a-t-on pas souvent évoqué le nom de MacPherson en parlant d’Hersart de la Villemarqué et de son Barzaz Breiz, un ouvrage dont chacun s’accorde à reconnaître l’importance dans la prise de conscience bretonne.

Cela a été particulièrement vrai en musique où la cornemuse écossaise fit des émules dès la fin du XIXème siècle avec Guillerm de Belle-Ile-en -Terre, puis dans le cadre des relations interceltiques sous la houlette de Taldir (son fils Gildas sonnait de la cornemuse lors des fêtes entre-les-deux-guerres), puis ce fut la KAV qui, en 1932, commença à préfigurer ce qui allait devenir la BAS une dizaine d’années plus tard, avec cette éclosion de bagadoù prenant modèle sur les pipe-bands. Et finalement, au tournant des années 60, quand les bagadoù adoptèrent la technique écossaise.

Mais l’influence écossaise fut non moins forte dans des domaines plus privés mais non moins importants. J’ai eu le grand plaisir et honneur de connaître Hamish Henderson qui m’a raconté ses relations avec Polig Monjarret, le fondateur de la BAS avec Dorig Le Voyer, et comment il lui a fait découvrir les tatoos et toute l’action culturelle qui était la sienne… Comment ne pas y voir, pour Polig, l’inspiration de ce qui deviendra nos Nuits celtiques du FIL ?

Ou encore, pour prendre un exemple personnel, il est évident le travail de collecte de la tradition orale en Ecosse réalisé par Hamish Henderson et School of Scotitsch studies, avec cette remarquable série d’éditions discographiques, n’a pu que me donner envie de réaliser un travail identique pour la Bretagne, ce qui se traduira plus tard par la création de Dastum.

Je n’insisterai pas sur l’inspiration apportée par « les produits non laitiers » en provenance d’Ecosse… On sait que sentiment d’identité et pratiques culturelles sont la base de tout. On peut en mesurer l’impact aujourd’hui en Ecosse. Mais l’Ecosse a encore beaucoup à nous apporter ! En particulier quant à la prise de conscience de la part des élites. Dans le passé, et contrairement à la Bretagne, vos élites, en bonne partie, ne se sont pas crues obligées de renoncer à leur identité pour gagner quelques postes officiels à Londres. Elles ont su garder la pratique de marqueurs emblématiques comme le kilt ou la présence à leurs côtés de musiciens officiels.

De même quand vous étiez premier ministre d’Ecosse, votre gouvernement a nettement soutenu le gaélique par des actions concrètes en matière d’enseignement, de soutien à la chaîne en gaélique BBC Alba, de signalétique bilingue, d’encouragement à l’enseignement de l’histoire de l’Ecosse, de rénovation des principaux lieux de mémoire. Vous avez dynamisé l’identité écossaise dans toutes ses expressions des plus traditionnelles aux plus novatrices.

Vous avez su défendre votre pays et ses valeurs.

Il suffit de regarder notre réalité quotidienne pour voir là des exemples dont la Bretagne a le plus grand besoin et ce alors même que nous n’arrivons pas à obtenir la simple application du droit européen et des conventions internationales : le droit à notre réunification administrative (Pourriez-vous imaginez l’Ecosse sans Glasgow ?), l’application de la charte européenne pour les langues minoritaires.

Est-ce Gandhi qui a dit « on mesure le niveau de démocratie d’un pays à la manière dont il traite ses minorités » ? Souhaitons que la récente histoire de la Grande-Bretagne et de l’Ecosse, avec la dévolution et ce qui en découle, puisse inciter la France à devenir enfin un pays démocratique. L’exemple écossais devrait inciter nos élus bretons à œuvrer, avant toute autre considération, pour les intérêts de la Bretagne. L’exemple écossais devrait inciter les Bretons à ne pas se tromper au moment des choix électoraux.

Pour toute l’inspiration que l’Ecosse nous apporte, j’ai l’honneur et le plaisir de vous remettre cette médaille de l’Institut culturel de Bretagne. L’objet est dérisoire peut-être, mais nous vous l’offrons comme un symbole sans prix, celui de notre sincérité.

Patrick Malrieu

Président de l’Institut culturel de Bretagne


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