Il n’échappera à personne qu'il y a en Bretagne depuis plusieurs années moins de pluie l'hiver et en début de printemps, voire des sécheresses et plus de pluie et de mauvais temps en été. Agence Bretagne Presse a interrogé plusieurs anciens du pays bigouden. Ils sont tous formels : De toute leur vie ils ont rarement vu un « temps aussi pourri ».
Ceux qui ont eu un minimum de cours de physique au lycée ont facilement compris que le réchauffement climatique a instauré en Bretagne une sorte de mousson. On peut lire dans wikipedia « Les moussons sont causées par le fait que la terre s'échauffe et se rafraîchit plus vite que la mer ». C'est bien ce dont il s'agit sur le massif armoricain. En effet, plus il fait chaud au large de nos côtes, plus il y a d'évaporation à la surface de la mer et donc formation de nuages et pluies potentielles. Un phénomène accentué aussi par la légère augmentation de la température de l'eau. En même temps, la chaleur sur l'Europe continentale fait, selon le même principe, monter l'air chaud, créant des zones de basses pressions qui ne feront que s'accentuer, entraînant vents, pluies et brouillards, voire des tempêtes d'été vers ces anticyclones afin d'y combler le vide. Le vent n'étant que le déplacement de l'air des hautes pressions vers les basses pressions suivant le principe des vases communicants.
Aux Indes, cette circulation peut durer des semaines ou même des mois, le temps que la température de surface de la mer devienne aussi chaude que la température maximale quotidienne des terres et que la boucle thermique ne puisse plus se former. Dans le cas de la Bretagne le point d'équilibre n'est jamais atteint sauf tard dans la saison, comme en septembre, quand l'été touche à sa fin. La poisse quoi, et le réchauffement climatique ne ferait qu'accentuer ce phénomène.
En 2010, Michael Dodds, le directeur du Comité du tourisme de la région Bretagne, avait fait remarquer honnêtement que, si le tourisme avait progressé de 4 à 5 % en France, il était resté stationnaire en Bretagne. Même chose en 2011, la fréquentation estivale dans les hôtels et campings bretons progresse de 1,4 %, moins que la moyenne française (+ 2,7 %). En 2012, il suffit de regarder par la fenêtre pour savoir que les chiffres vont être catastrophiques et il n'y a aucune raison de penser que les choses vont s’améliorer
Le réchauffement climatique a un impact chez nous en dehors et en dépit de tout ce que mettent en oeuvre les comités du tourisme départementaux et régionaux. Si la moitié des Français continue de partir en vacances et, pour la plupart, en France pour faire des économies, ils ne vont pas en Bretagne. Les destinations en tête du classement (selon AFP) sont la Provence, les Alpes, la Côte d’Azur, le Languedoc-Roussillon et la Corse. D'un autre coté, beaucoup d'Italiens, d’Espagnols, de Belges, d'Irlandais ou même de Britanniques ont renoncé à des vacances faute d’argent, ce qui n’arrange pas les choses puisqu'il a été établi qu'un touriste étranger en Bretagne dépense 3 fois plus qu'un touriste français.
Le tourisme emploie 51.000 personnes en région Bretagne et 75.000 en pleine saison (chiffres de l'Office du tourisme).
Philippe Argouarch
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