Jean-Michel Le Boulanger : L'identité c'est quoi ?
Reportage publié le 20/07/23 19:13 dans Identité par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
Jean-Michel Le Boulanger
L'appropriation et l'évolution de l'identité bretonne (248 vues)
Dans le cadre du centenaire du festival de Cornouaille, Jean-Michel Le Boulanger a ouvert l'université d'été hier mercredi 19 juillet sur le thème de l'identité et intitulée L’évolution, l’appropriation de l’identité, des spécificités de la culture bretonne au sens large (musiques, danses, langues, médias…). L’impact économique, politique et associatif
Le thème est un peu le prolongement de son dernier livre Mon pays dans le ciel, une suite plus personnelle de Être breton ? . Dans cet ouvrage, il revient sur les lieux, les gens, les moments qui l’ont forgé, y compris sa ville d'adoption Douarnenez.
79% des Bretons se sentent à la fois Breton et Français et Européen (sondage de 2018). Seulement 4% se sentent Français uniquement et 3% se sentent Breton uniquement. Le sondage confirme l'identité en couche d'oignon dont parle Mona Ozouf.
Le récit de J.M. Le Boulanger, raconte la découverte de l'identité nationale bretonne en parallèle avec la construction de l'identité nationale française, qui est un «socle idéologique», explique J.M. Le Boulanger. L'unification des terroirs prendra un siècle et sera forcée à coup d'éducation nationale, de service militaire et de mass-média. Il s'agit du passage du terroir au territoire et du clan à la nation.
Le problème reste posé car si on peut avoir plusieurs couches d'identité, si on peut être citoyen de plusieurs états (comme citoyen français et citoyen européen), on ne peut appartenir qu'à une seule nation. Le drame de la République est ne pas avoir été conçue, dès le départ, comme un état multinational comme l'est devenu le Royaume-Uni. D'ailleurs, Louis XVI utilisait les termes «mes nations», en parlant des habitants de son royaume. En décapitant le roi, on a aussi jeté aux orties l'élément fédérateur, d'où l'invention par la république d'une nation hégémonique, uniforme, basée sur l'ethnie francilienne. Le paradoxe, le pire de tous, c'est que la première révolution, celle de 1789, fut fédérale. A l'origine, le 14 juillet, était la fête de la fédération. Ce n'est qu'en 1793 que les jacobins, suite à un coup d'état, s'emparent du pouvoir et l'imposèrent par la terreur.
Ce sondage de 2018 concerne-t-il tous les Bretons ou seulement les Bretons administratifs ?
Alan-Erwan Coraud
Jeudi 26 décembre 2024
Ce sondage n'est pas honnête intellectuellement. Il manque la question «vous sentez-vous Breton et Européen». Ce qui correspond au desiderata de beaucoup de Bretons. L'autre question pertinente eut été : «s'il fallait choisir entre être Francais ou être Breton, que choisiriez-vous ?» Pour rappel également la couverture de Breton magazine censuré par les «chefs» de Ouest-France dont F R Hutin « 15 % des Bretons sont pour l'indépendance». Quant à «passer du clan à la nation» ce n'est pas acceptable pour nous Peuple Breton de la Nation Bretonne. Je précise que je suis du vignoble nantais et réellement de la frontière. L'histoire de notre Pays a montré que les frontaliers ont toujours été les plus nationalistes. Pierre Landais pour remonter au XV é siècle en est un bel exemple et devrait être choisi comme notre héros national de cette époque tout autant que ceux du XXé siècle.
jakez Lhéritier de Sant Nazer
Jeudi 26 décembre 2024
Conférences ,colloques, séminaires,etc
dépasser tout cela et que nos «responsables» intellectuels bretons proposent des actions sur le terrain
Et que pensent les jeunes avec leurs problèmes de logements,les familles,les précaires,les déçus des promesses éternelles de la gauche comme de la droite française. La Présence des bretonnes et bretons pugnaces dans les futures élections sont vitales. Des actions au niveau internationale sont indispensables.
jojo
Jeudi 26 décembre 2024
De mémoire, c'était seulement sur les 4 départements
jojo
Jeudi 26 décembre 2024
Je me rappelle voir cette enquête. Et ce qui est dit dans cet article ne correspond pas à mes souvenirs. Il me semble que 'uniquement breton' éatit bien plus fort, clairement pas 3% mais plutot autour de 15%. Et il me semble que sí, il y avait 'breton et européen' mais avec un petit score, lá oui peut être bien autour de 3%. (ou alors j'ai pas vu le même sondage...)
Ensuite tut dépend comment est posée la question. Perso, de but en blanc, je dirais 'uniquement breton' mais en fait la vérité serait plutôt 'breton et européen'.
Yann L
Jeudi 26 décembre 2024
«On ne peut appartenir qu'à une seule nation». Est-il vraiment nécessaire de poser les problèmes en termes de tout ou rien? En fait, d'autres États ont mis en place des institutions qui essaient, tant bien que mal, de résoudre ce problème: Le Royaume Uni avec plusieurs nations et un souverain unique, l'Espagne qui distingue la «nation espagnole» et les «nationalités» basques, catalanes, galiciennes ... A mon avis, le vrai problème posé par le sondage est «pourquoi ce sentiment breton si fort a-t-il si peu d'effets politiques?».
Anne Merrien
Jeudi 26 décembre 2024
Plus haut, il y a moyen d'accéder aux détails du sondage en ouvrant des PDF.
Alan-Erwan Coraud
Jeudi 26 décembre 2024
Merci Anne. J'avais zappé les PDF. Que vaut ce sondage TMO financé par le CR «bretagne administrative» alors que 1,4 millions d'habitants en sont exclus? Sachant que les habitants de Loire-Atlantique -Pays Nantais ont un sentiment d'appartenance bretonne très fort, une résilience bretonne étonnamment forte, ceci «grâce» à la politique de débretonnisation de l'Etat français via sa région administrative dite des PDL. Mais le résultat est contraire à ce que le pouvoir espérait, cette politique négationniste fait l'effet inverse. Reste à le concrétiser dans les urnes... les Bretons doivent se détourner des partis politiques français et voter breton et ça ça concerne le peuple breton dans son ensemble.
Boned ruz
Jeudi 26 décembre 2024
N'était-ce pas 18% souhaitant l'indépendance et surtout 33% pour ce même souhait chez les 18-24 ans. Ce qui est tout-à-fait logique dans le rapport à l'état français: d'une part des anciens «devenus favorable à la république» ( on remarquera qu'ils sont les votants d'aujourd'hui) et d'autre part, la méfiance probable des jeunes bretons vis-à-vis de cette même république qui n'a jamais tenue ses promesses de démocratie... Ah ces jeunes! Tous des exaltés qui ont l'heureux tord d'avoir compris les règles du jeu.
P. Argouarch
Jeudi 26 décembre 2024
«On ne peut appartenir qu'à une seule nation», mais plusieurs nations peuvent se fédérer dans un seul état tant que l'autonomie est conséquente.
Yann L
Jeudi 26 décembre 2024
@P.Argouarch
Merci pour cette précision
Colette Trublet
Jeudi 26 décembre 2024
La pente de l'histoire nous montre que les clans du néolithique en se sédentarisant sont devenus des peuples qui se sont installés dans des frontières parfois chèrement défendues et en tâtonnant sur les étendues utiles à l'administration des pays ainsi fondés. En dépit des marchandages et des mariages l'enracinement a produit des identités culturelles étroitement intriquées avec leur lieu géographique. Nous sommes tous des héritiers de cette longue histoire et la mondialisation nous renvoie aujourd'hui au constat d'une impossible démocratie qui n'est gérable et tenable que dans la proximité, à l'intérieur de frontières devenues légalement «inviolables». Dans les pays du centre de l'Europe, nous en sommes à une phase d'évaluation de la jauge utile à la transmission des héritages tous particularisés. L'exemple de l'Ukraine, très au-delà des considérations dominantes, se bat pour exister face à la Russie et on peut sans doute dire que la Bretagne est à la France ce que l'Ukraine est à la Russie. La mondialisation nous renvoie à notre pré carré et à l'élaboration indispensable de lois mondiales concernant la Paix, le droit des peuples à l'autodétermination, la justice internationale, la circulation des biens et des personnes, et l'écologie dont nous sommes tous dépendants dans un monde connu. L'organisation du quotidien doit rester à la responsabilité des peuples historiquement et géographiquement héritiers de leur culture spécifique considérée comme un tremplin vers l'avenir, ses recherches et ses découvertes. Un constat : à cet égard les petits pays se débrouillent mieux que les grands, économiquement, et d'un point de vue existentiel. A cet égard la Suisse et peut-être le Danemark, d'autres moins connus, sont significatifs d'une jauge utile au bien-être actuellement accessible.