L'Histoire "made in France", étude de cas…

Papier publié le 20/10/12 16:38 dans Histoire de Bretagne par marc Patay Lejean pour marc Patay Lejean
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Cas n° 1 : il y eut, en 2009, une exposition sur la légende du roi Arthur à la BNF de Paris. Magnifique ! Cependant au fil de la visite, un malaise grandit chez le Breton d'Armorique que je suis ou que je crois être, ce qui est du pareil au même, il n'y était fait absolument aucune mention des Bretons de petite Bretagne !

À vrai dire, j'étais à moitié surpris, n'étant pas né de la dernière pluie bretonne. Cette exposition est en réalité exemplaire de la façon cavalière dont la France traite l'histoire de ses «sujets». La légende arthurienne est sans doute l'une des plus belles qui soit où se mêlent un idéal très fort, la quête du Graal, un amour très pur, une modernité étonnante, un lancinant parfum de magie, des exploits et des aventures de toutes sortes et une nature omniprésente. Le béotien n'y voit que du feu et ses flammes le captivent mais derrière ces merveilleux incunables offerts à la vue, que voit-on ? Une légende en lévitation, sans connexion aucune avec des hommes et femmes de ce pays. Derrière l'érudition apparente on découvre de l'ignorance, du conformisme et de la mauvaise foi, rien moins.

En réalité les Bretons d'Armorique sont coproducteurs de cette «matière de Bretagne», de ces merveilleux récits semi-légendaires. Geoffroy ou Wace, par qui tout a commencé, le disent assez. Voici pourquoi.

Geoffroy de Monmouth (1100-1155). Après 1066, à la suite de la conquête, les Bretons d'Armorique possédaient 20 % des fiefs de Grande-Bretagne. Gallois et Bretons d'Armorique se parlaient et se comprenaient ! Geoffroy eut sans doute des liens forts avec la petite Bretagne. Évêque de Saint Asaph, au Pays de Galles, auteur de « Historia regum Britanniae », il était sans doute de la famille des lords de Monmouth. Dès 1075, la châtellenie de Monmouth fut octroyée au Breton Guihénoc de Laboussac, de Dol, d'où vient également un certain Fitzflaad, à l'origine de la dynastie des Stuart. Il écrit, parlant de Caradoc de Lancafarn, de Malmesbury et de Huntingdon, «je leur demande de faire silence concernant les rois bretons (GB), car ils n'ont pas ce livre, que Walter (Gautier), archidiacre d'Oxford, apporta de Bretagne armorique, une véritable histoire écrite en langue bretonne, publiée en l'honneur de ces princes, et que j'ai pris le soin de traduire».

Ce livre breton (Armorique) est peut être Le livre des faits d'Arthur dont parle La Borderie puis Léon Fleuriot dans « Les Origines de la Bretagne ». Du reste, bien avant Geoffroy, Gildas (VIe siècle), originaire de Grande-Bretagne, qui finit sa vie à Rhuys, était déjà l'auteur de « Excidio et Conquestu Britanniae », histoire de la Grande-Bretagne aux Ve et VIe siècles, où est mentionnée la bataille de Badon.

Wace (né en 1100), vassal, gwaz en breton (Armorique), naquit à Jersey vers 1100. Les îles «anglo-normandes» appartenaient aux Bretons d'Armorique il y a peu. Dans le Roman de Brut, histoire des rois de Bretagne, il est beaucoup question de l'Armorique. Dans le Roman de Rou, Brocéliande apparaît comme une terre de légendes. Chrétien de Troyes parle aussi de Brécelien dans « Yvain et la Dame de Brécilien ». Wace écrit : «ceux de Brecheliant dont les Bretons (Armorique) disent maintes légendes», il cite Barenton : «La fontaine de Berenton sort d'une partie lez le perron». Wace décrit comment les chasseurs de Brocéliande recueillent l'eau de la fontaine et mouillent une pierre pour appeler la pluie. Il parle de fées et de magie. Wace fit le voyage de Bretagne armorique, à la recherche de ces contes : «J'y suis allé [à Brocéliande] à la recherche de merveilles; je les cherchais et vis la forêt et la terre, mais tout se dérobait. Je vins insensé et m'enfuis comme un fou, j'y allais comme un fou et en revins égaré. Je cherchais des sottises et me vis comme un fou... »

Le combat d'Arthur contre les Saxons (et les Pictes) est largement évoqué dans l'exposition, mais sans lien avec l'Armorique. Pourtant Gildas de Rhuys, (venu de GB) contemporain de ces combats, s'y réfugia ; des Bretons (GB) y vinrent en masse car leurs rois régnaient des deux côtés de la Manche, de même que Vortigern, possible saint Gunthiern (Armorique) et Ambrosius Aurélianus (alias Riothime), possible Merlin, personnages bien réels.

Les Bretons d'Armorique et les Bretons d'Arthur sont le même peuple.

Si le nom d'Arthur est cité nommément dans les Annales Cambriae (British Museum), en 499 ou 518, on lit : «bataille de Badon, où Arthur porta la croix de Jésus Christ sur son bouclier, trois jours et trois nuits, les Bretons (GB) furent vainqueurs» et en 539, «bataille de Camlann, où Arthur et Mordred périssent, alors le fléau gagna la Grande-Bretagne et l'Irlande» ; Arthur est sans doute un personnage composite qui agrège les exploits bien réels de plusieurs personnages historiques.

Constantin I, chef de l'armée de Grande Bretagne, proclamé en 306, qui le premier des empereurs romains, se convertit au christianisme ; Magnence, né à Amiens, d'un père breton, près des Britanni de Picardie, qui se proclame empereur en 349 et, depuis la Grande Bretagne, marche sur Rome ; Maxime, empereur et usurpateur en 383, le Macsen Wledig gallois, qui s'établit à Trêves. Quant à Ambrosius Aurélianus (Riothamus), parent de saint Pol Aurélien ? (de Léon), il aurait, selon Fleuriot, été « roi des Bretons (Armorique) et des Francs » avant 460, et repoussa les Francs de Childéric sur la Somme. Les exploits d'Arthur, sont inspirés de ces hommes-là et l'épisode d'un Conan Mériadec, donnant la terre de Bretagne (Armorique) à ses soldats, après la défaite de Maxime, n'est plus si fumeux, de l'avis même de Fleuriot.

On se contente dans l'exposition d'évoquer le général romain, Lucius Artorius Castus ! Thèse qui a l'intérêt de faire disparaître du paysage le contexte historique breton…

Arthur aussi bien que Tristan et Yseult, dans la réalité ou le songe, ont foulé la terre d'Armorique. «Parce qu'ils se méfiaient de Vortigern, ils prirent Ambroise et Uther (père d'Arthur), les menèrent, par delà la mer, en petite Bretagne où ils les confièrent aimablement au roi Biduz (Budic)», Layamon. Saint Efflamm aurait aidé Arthur à se débarrasser d'un dragon (à Plestin-lès-Grèves). D'après la Chronique de saint Brieuc, en 490, Hoel Ier alla en Grande-Bretagne avec 15.000 soldats, pour aider son oncle Arthur contre les Saxons. Puis en 513, le roi Arthur débarqua à Cézembre avec le nouveau roi d'Armorique, Hoël Ier, [en.Wikipédia]. Arthur terrasse le dragon du Mont-saint-Michel. Il assiège le château de Joyeuse Garde près de Landerneau, une garde (tour de garde gallo-romaine) de Jovi (Jupiter) sans doute. Le Roman de Brut (Wace) relate l'enlèvement de la fille du roi d'Armorique par le géant Dinabuc qui sera tué par le roi Arthur. En petite Bretagne, le peuple raconte que, les nuits de pleine lune, à Châteauneuf-du-Faou (à Cadbury aussi (GB)), Arthur et son armée chevauchent au faîte de la montagne. Caerleon, au pays de Galles, signifie ville de la légion, de même Saint Paul de Léon en Armorique.

Le peuple breton (GB) qui combattit les Saxons et les Pictes avec Arthur, Vortigern, Ambrosius, etc., était ce même peuple qui s'établit en masse en Armorique avant et après le VIe siècle. Il n'y a pas lieu de les disjoindre comme on le fait à loisir dans cette exposition de la BNF. En outre, on voit qu'Arthur est très présent dans le légendaire armoricain.

Cependant dans cette exposition, la Bretagne armorique et donc son peuple, les Bretons (Armorique), n'apparaissent quasiment pas, car cette histoire ne doit les concerner en aucune façon. D'où vient cet étrange négationnisme chronique et franchouillard ?

Ignorance et conformisme

Tout d'abord, la culture française s'est amourachée excessivement de culture classique, gréco-romaine. Les petits Français ne savent rien de leur région, ancienne nation parfois, ne connaissent rien aux Celtes et à l'histoire des Bretons (Armorique), pour ce qui nous concerne. Les légendes les plus belles ne sont pas enseignées. On fait comprendre aux enfants que tout cela est secondaire, que leur peuple, que leur culture, dans le contexte hexagonal, n'a guère d'importance ni de prestige. Conformisme aussi, car cette appétence pénible, en France, pour le «Grand Siècle», Mme de Pompadour, de Sévigné, et autres personnages «cucul la praline», le Masque de Fer, les «Grands» hommes et autres fadaises, cette histoire au galop, est vraiment fatigante et oblitère tout. Conformisme encore, quand certains historiens réécrivent l'histoire sans tenir compte du peuple français, Charles VII le «Victorieux», pas mal pour un personnage médiocre et pusillanime, Louis XIV «le Grand», enterré subrepticement, Louis XV le «bien aimé» !

Je crois que les historiens qui s'intéressent aux gens, au peuple, sont tout simplement plus intelligents, plus originaux... et plus rares.

Mauvaise foi

La Bretagne gêne. Grégoire de Tours, déjà, préférait taire les défaites de Childéric (et des Francs) plutôt que d'avouer qu'il fut rejeté sur la Somme par des Bretons. «On» n'accepte pas dans ce pays qu'un peuple qui le compose ait son originalité, sa culture, sa langue, cela dérange les esprits obtus. Ces petits esprits-là ne sont pas seuls en faute, plus de deux siècles unificateurs leur ont fait croire que la liberté se fatiguait à l'usage. Notre pays ne s'enrichit pas que de ses fromages et de ses vins, il gagne en beauté par les peuples qui le composent, peuples déjà présents avant les Francs pour certains, les Bretons (Armorique) et les Basques, et le fonds gaulois. D'un autre côté peut être faut-il plaindre des gens qui peinent à garder plus d'une seule idée en tête, cette funeste idéologie centraliste, sous peine de déprimer ? Aussi voici leur méthode pour passer les peuples de France à la trappe, les Bretons (Armorique) ici. La sottise a quand même de ces raffinements.

Si un Breton (Armorique) est remarquable, deux cas se présentent ; il n'est pas au service de la France, alors on l'oublie (Guillaume Brouscon, Jean Brito). Mais être un allié n'est pas suffisant car voilà ce qu'il advint de Richemont. Jeanne d'Arc avait paru telle une comète et cela dura deux ans. Son successeur, Richemont, le connétable, le généralissime, le digne continuateur de Jeanne, celui qui mit fin à la guerre de Cent ans, fut honteusement effacé des livres d'histoire (note 2) ! Le rôle essentiel de la Bretagne dans la victoire finale de Charles VII sur les Anglais est gommé tout simplement. De même, passer trop de temps en Bretagne est très mal vu pour accéder à la notoriété (du Fail, Lejean). Dans l'autre cas, on en fait un Armoricain, un «bon Breton», un Français, un Malouin ou je ne sais quoi (Du Guesclin, Cartier).

En règle générale, si des faits se déroulent avant 1532, le mieux est de ne parler de rien quand c'est possible (histoire de la marine bretonne). Quand ce n'est pas possible, guerre de succession de Bretagne par exemple, les protagonistes sont anglais, français et c'est tout, les Bretons (Armorique) sont juste des supplétifs. Bien sûr, Charles de Blois est défait et on s'amuse quand même. Il n'empêche que ce n'est pas correct. Si le terme Breton est employé souvent, gager que c'est des Grands Bretons que l'on veut parler (BNF). Un crime presque parfait. Des Bretons (Armorique) se mettent au service de cette sotte entreprise, il faut bien le dire, cette entreprise d'effacement de l'identité bretonne qui commence dès l'école. Le déclin dramatique de la Bretagne à la fin «du Grand Siècle» n'est quasiment pas étudié. La place Richemont (connétable puis duc de Bretagne) est tellement petite à Nantes, qu'elle n'apparait même pas sur la carte !, le Musée de la Marine de Brest ne parle pas une seule fois de la marine bretonne avant 1532, l'une des premières d'Europe !

Ainsi, Aux armes citoyens … bretons !, l'histoire bretonne est une matière trop sérieuse pour la laisser sans partage entre les mains des historiens parisiens et de leurs affidés.

Outre la langue, il faut enseigner l'histoire de Bretagne aux petits Bretons (Armorique) pour leur faire recouvrer la fierté de leurs ancêtres, car si l'on parle «d'accès à la culture», thème à la mode, il convient que chacun puisse accéder tout d'abord à sa propre culture…

Notes :

1. GB signifie Grande-Bretagne

2. Arthur de Richemont, connétable de France, duc de Bretagne, libérateur de Paris, négociateur du traité d'Arras, réorganisateur de l'armée française, vainqueur de Formigny (victoire franco-bretonne), etc.

3. Vies des grands capitaines français du Moyen Âge : Arthur de Richemont..., par Alexandre Mazas

4. Guillaume Brouscon : grand cartographe breton

5. Jan Brito, un des pionniers de l'imprimerie en Europe.

6. Noël Du Fail, observateur inégalé des moeurs campagnardes (XVIe)

7. Histoire maritime de la Bretagne avant 1532 (ABP)

8. Les Bretons faiseurs de rois (ABP)


Vos commentaires :
Kelenn Ritgen
Vendredi 15 novembre 2024
Quand on pense que la Bretagne - avec ses cinq départements - représente pas loin de 10 millions de personnes !

Pour se donner une idée, la Finlande c'est 5 millions de personnes, la Suède c'est 9 millions, la Grèce c'est 11 millions : la démographie de la Bretagne est supérieure à celle de la moitié des pays européens.

Alors lorsque l'on considère sa culture internationale (même les nippons connaissent Excalibur !), et que l'on voit que ce peuple celte est réduit à l'état de silence et de servitude (en dépit du Traité de 1532, de la représentation illégitime des Jacobins aux Etats-Généraux pendant la Révolution, tant appréciée par les français alors qu'ils s'étaient portés garants des Institutions Bretonnes, et j'en passe !) ; j'ai juste envie de... les mots me manquent.

A les entendre, nous avons l'impression que notre Histoire date du Moyen Age, mais ho ! Le gouvernement de Vichy et la séparation de la Loire-Atlantique date de 1943, le CELIB quand la Bretagne n'a pas eu le droit au prêt MARSHAL des USA pour sa reconstruction après la guerre date de 1950, le MOB c'est 1957, la première école Diwan date de 1977 seulement.

Que font les élus Bretons pour le rattachement du 44 ? Que font les élus Bretons pour leur patrie (la terre de leurs pères) ? C'est beau de faire de la politique française quand on occulte l'essentiel : nos racines. Qu'avons-nous gagné depuis l'annexation ? Je ne comprends pas que les Bretons ne réagissent pas plus que ça. Je me regarde dans la glace, et je vois des yeux de bigoudens (en amende), une barbe naissance, un caractère particulier... On m'a toujours demandé si j'avais des origines, quelle blague !

Quant à mon esprit, je n'hésite pas à appeler les syndicats quand mes franchouillards de collègues font dans leur pantalon, car je suis ainsi. Voilà une réalité historique : les français n'ont jamais respecté leur propre loi ! Je n'aime pas la langue française, je n'aime pas leur musique, et l'ironie c'est que j'écris mieux en français que la plupart de certains «français pure souche» ! Quant à leur mentalité, Jack Kerouac le disait bien avant moi quand il visitait la France, juste après son merveilleux séjour dans les pays d'Afrique du Nord !

Je m'aperçois en vieillissant que nous sommes juste des peuples différents, et je m'inquiète vraiment de l'avenir breton. Voir ces gens qui étaient si fiers par le passé, baisser la tête, ou me dire qu'on est passé à autre chose, ou confondre sans sourciller la Bretagne (région française) et la Bretagne (la patrie), ça me fait quand même mal. Tout comme je m'aperçois qu'aucun dictionnaire français ne mentionne le nom de Nominoë qui a réunifié la Bretagne après avoir terrassé les francs en 845. Et dire que c'est une date historique dans notre patrimoine qu'aucun jeune breton ne connait !

Faut-il condamner l'inculture, le matraquage TV, la propagande pro-française, la «mondialisation» ? On va parler de l'exception Corse, 300 000 personnes qui ont été indépendants 11 ans, alors que nous - Bretons - avons TOUJOURS été sur nos terres, et avons toujours été gouvernés par nos propres lois !? Un peuple dont la démographie est équivalente à celle de la Hongrie (un dixième de la France), avec une économie aussi forte que le reste de la France (5e puissance mondiale), et une culture qui dépasse les frontières (Jules Verne, Chateaubriand, Laënnec, et j'en passe) : quel est notre espace médiatique ? ZERO ! Un reportage sur France 3 à l'occasion ! Combien de films ont été réalisés sur l'Histoire de (la petite) Bretagne ? Aucun ! Combien de livres scolaires parlent de l'épuration ethnique bretonne dénoncé par le Pays de Galles dès 1947 ? Aucun. 40 000 Bretons exécutés, c'est si peu. On en oublierait presque le massacre de Napoléon à la Chartreuse d'Auray, quand les Anglais ont débarqué sur nos côtes pour aider la résistance bretonne... 900 fusillés sans aucun procès. C'est si loin.

Retournons à nos ipods, à notre McDo, à notre page facebook, à notre drapeau bleu-blanc-rouge, buzzons sur le net sur des problèmes qui ne nous concernent en rien, et que nos aîeuls puissent pardonner notre cruel et amer aveuglement.

Signé un breton anonyme particulièrement remonté ! (pléonasme !)


SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Trugarez deoc'h hoas evit ho labour
Marc que pensez vous de cet ouvrage
Voir le site

Jack Leguen
Vendredi 15 novembre 2024
Merci de cette magistrale analyse de ce révisionisme.

bérard
Vendredi 15 novembre 2024
A Spered Dieub, cet ouvrage (Marikavel) a l'air intéressant mais il faudrait qu'il cite les sources de chaque affirmation. Intérêt : par ex quand La Borderie est cité (chez Cornette) pour flétrir Conan Mériadec, on se rend compte en lisant la Borderie qu'il n'a pas d'arguments ! quand Dom Maurice en aligne une quantité ... d'où l’intérêt de citer les sources.

marc iliou
Vendredi 15 novembre 2024
A Kelenn Ritgen,

La Bretagne à 5 départements c'est à peine 5 millions de personnes qui y vivent et l'annexion de la Loire Atlantique par les pays de Loire du gouvernement de Pétain c'est le 30 juin 1941.


SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Salut voici ses références mais peut être sont t-elles limitées ??? mais ce serait intéressant qu'une personne compétente puisse éventuellement le contredire s'il y a lieu ,c'est justement la raison de mon premier commentaire

SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
OUBLI!!!
Voir le site

lbgreffe
Vendredi 15 novembre 2024
Très bel article

SPERED DIEUB
Vendredi 15 novembre 2024
Ci joint le lien d'un site ou l'histoire de la partition de la Bretagne est expliquée de façon détaillé Pétain sans être innocent dans cette affaire tout comme dans d'autres en pire sans doute ... a été le bouc émissaire facile de cette période Malgré tout il était loin d'être le pire ennemi de la Bretagne Par contre d'autres du régime de Vichy oui comme Louis Guichard par exemple
Voir le site

Alexandre Barghest
Vendredi 15 novembre 2024
Il faudrait également parler de l'histoire made in Emsav afin d'apparaître comme moins engagé.

Labous ar Vro
Vendredi 15 novembre 2024
Roparz Hemon avait déjà analysé le mépris français sur l'origine des romans courtois des légendes arthuriennes dans Danevelloù kozh danvez Breizh, voilà p 6 (éd Hor Yezh 1992) ce qu'il écrit: « O pleustriñ war Danvez Breizh, ar ouizeien a Vro-C'hall o deus a-heligentañ sammet ha berniet dismegañs war hor pobl. Hervezo al lennegezh vrezhonek kozh n'eus ket bet anezhi. A zo gwazoc'h kredet int bet gant ar Vretoned. Labour Loomis, savet gant un Amerikan n'en deus ouzh Breizh na karantez na kasoni, gant ur gouizieg na glask nemet dizoleiñ ar wirionez, a dle digeriñ hon daoulagad ha reiñ c'hoant dimp da c'houzout muioc'h c'haozh diwar-benn ar perzh bras kemeret gant hon tadoù e stummidigezh marvailhoù Arzhur ha lennegezh europat ar Grennamzer»

traduction rapide: travaillant sur la matière de Bretagne, les savants français ont à l'envi cumulés et amassés le mépris sur notre peuple, D'après eux, il n'y aurait pas de littérature bretonne ancienne, Ce qui est pire, c'est que les Bretons le croient. Le travail de Loomis, réalisé par un Américain qui n'a pour la Bretagne ni amour ni haine, par un savant qui ne recherche que la vérité, doit nous ouvrir les yeux et nous donner l'envie d'en savoir plus sur la participation de nos pères dans la formation des légendes arthuriennes et de la littérature européenne du moyen-âge.»


Kelenn Ritgen
Vendredi 15 novembre 2024
Petite réponse à Marc iliou.

Ma réponse était particulièrement enflammée, et je n'ai pas pu revenir dessus en me relisant à froid. La séparation de la Loire-Atlantique a bien eu lieu en 1941 et non pas en 1943, c'est une coquille de ma part.

Pour le nombre de bretons en France, c'est quasiment impossible à savoir. Tout ce que l'on sait, c'est que la diaspora bretonne est la plus importante d'Europe. La France a appauvri notre Province pendant 5 siècles, ça laisse quelques traumatismes. Mais ça a bien fait marrer le parisien avec sa bande-dessinée Bécassine -sic-

En se basant sur les chiffres de l'INSEE de 2009, on recense environ 4,5 millions de Bretons dans les 5 départements (35, 22, 29, 56, 44). L'association Paris Breton a recensé environ 1 million de Bretons vivant sur Paris. Enfin, les travaux de M. Bernard Le Nail comptent près de 4 millions de bretons vivant hors de Bretagne.

Si à cela, on considère tous ceux qui ne se considèrent pas bretons, mais qui ont un patronyme breton et des origines bretonnes, nous obtenons très facilement 10 millions de personnes. Rien que dans le département où je bosse, sur 7 collègues qui ont un patronyme typiquement breton (par exemple : Pinvidic, Le Bihan, etc.), je suis le seul à me considérer comme tel ! Pour n'importe quelle étude, ça fait déjà 6 familles sur 7 qui passent à la trappe.

Les études en généalogie sont très intéressantes, car elles montrent comment les familles sont parties de leur terre natale, ainsi que la manière exponentielle dont elles ont évolué hors de Bretagne. Par conséquent, 10 millions ce n'est qu'une approximation - assez faible par rapport aux données que l'on peut trouver ici ou là - mais qui n'a rien d'officiel. Il n'y a aucune étude française sociologique qui a recensé toute la population bretonne, et il n'y en aura jamais. L'inverse revèlerait surtout de l'utopie =)

Ce que je trouve essentiel vis à vis de cette donnée (même si elle est relative), c'est de faire prendre conscience aux gens qu'il y a autant de Bretons que de Hongrois ou de Belges ou de Grecs. Qu'il y a deux fois plus de Bretons que de Finlandais par exemple.

Ainsi, quand l'Etat Français nous ressort ses arguments régionalistes du style «pourquoi apprendre le Breton si c'est pour le parler entre vous ?», là il y a moyen de prouver que si ça ne dérange pas 9 millions de Suédois de parler leur langue maternelle, ça ne devrait pas poser problème en Bretagne, pas plus qu'à n'importe quel Breton hors de Bretagne qui voudrait apprendre sa langue maternelle.

Mon propos se situait plus à un niveau politique que réellement démographique, mais dans la longue diatribe que j'ai écrite, il n'y a pas vraiment eu beaucoup de nuances, je le conçois :-)

Breizh da viken !

Kelenn


Reun Allain
Vendredi 15 novembre 2024
Bonjour Monsieur Marc Patay
Merci à mon tour pour vos contributions sur le site de l’ABP. Vos chroniques sur l’histoire de la Bretagne sont un vrai régal et les réactions à vos articles en témoignent avec éloquence. Le sujet traité dans cet article me passionne, certes sur le point de vue strictement littéraire mais aussi l’arrière plan historique. Le très haut moyen âge breton est largement méconnu et le nombre d’historiens ayant travaillé de façon scientifique sur cette période se comptent sur les doigts d’une main. Parmi eux, je citerai le regretté Léon Fleuriot auxquels continuent de se reporter d’autres chercheurs (faute de mieux parfois). J’ai évidemment lu puis relu son ouvrage magistral « les origines de la Bretagne » (éditions Payot) et il faut bien avouer que cela ne se lit pas comme un roman. Le sujet est tellement ardu qu’en fait très peu d’auteurs ont pris la peine d’approfondir le sujet et continuent, faute d’efforts, de recopier des thèses approximatives ou maladroites faisant passer (dans l’esprit contemporain) les fondateurs de la Bretagne armoricaine pour des «boat people ». Personne ne conteste l’influence grandissante des Saxons sur l’ile de Bretagne mais les choses furent plus complexes et un esprit raisonnable ne peut pas comprendre qu’un « fuyard » soit en mesure de venir administrer un autre territoire d’autant plus que ces Bretons qui émigrèrent en Armorique prenaient le relais des troupes Romaines pour assurer la défense aux limites maritimes de l’empire déclinant.
Pour en revenir à l’ouvrage de Léon Fleuriot ainsi qu’à ceux traitant de la même époque, j’ai tenté de créer un diaporama qui ferait un support de conférences sous une forme plus « digestible » autant que faire se peut. Que ce soit sur le fond comme sur la forme, les éléments de ce diaporama sont perfectibles mais j’aurais bien aimé vous soumettre l’un d’eux que j’ai intitulé « Enquête sur un roi breton ». Il s’agit du célèbre Ambrosius Aurelianus. Si c’est bien un Breton qui régna avant Clovis, même de façon éphémère, est-il légitime de revendiquer par la France ce titre de "fille aînée de l’Eglise ?

Ambrosius Aurelianus et Riothamus sont-ils un seul et même personnage historique ? Ce personnage est-il à l’origine des figures légendaires sublimées par la tradition, Konan Meriadeg côté armoricain, Arthur côté insulaire ?

En résumé c’est le thème de ce « polar » se situant au seuil du haut moyen âge breton.

Si cela ne vous ennuie pas, je serais heureux de vous adresser le fichier en pièce jointe. Il fait (10 Mo) , vous pouvez me communiquer votre adresse e-mail via le contact administrateur de Bretons du Monde-OBE : info [at] bretonsdumonde.org


Guillaume Gérard
Vendredi 15 novembre 2024
Je vous conseille la lecture de la trilogie arthurienne écrite par Michel Rio, un régal... des deux côtés de la Manche.

jean-claude even
Vendredi 15 novembre 2024
Citation :


"Le sujet est tellement ardu qu'en fait très peu d’auteurs ont pris la peine d’approfondir le sujet et continuent, faute d’efforts, de recopier des thèses approximatives ou maladroites faisant passer (dans l’esprit contemporain) les fondateurs de la Bretagne armoricaine pour des «boat people »


Réponse : le problème est que ceux qui l'ont fait n'ont pas été compris, et/ou ont été volontairement ignorés par les gardiens des dogmes établis, mais qui ne sont que de faux dogmes.

Jean-Claude Even


jean-claude even
Vendredi 15 novembre 2024
La plupart des historiens bretons et des historiens français se partagent à égalité l'erreur matricielle qui gangrène toute approche rationnelle historique, en confondant systématiquement la Petite Bretagne de la fin de l'empire romain avec la Bretagne ducale, en partant du faux postulat que Bretagne et Armorique sont une seule et même entité depuis l'aube des temps.
On le voit publier régulièrement, et encore récemment dans des ouvrages qui se veulent pourtant de niveau universitaire.
On le retrouve dans ce fil même quand il est écrit que «Nominoë qui a réunifié la Bretagne après avoir terrassé les Francs en 845».
Les historiens bretons disent que les Bretons étaient des Celtes qui voulaient se débarrasser de l'Empire, tout en admettant, sans craindre la contradiction, mais du bout des lèvres, que certains Bretons étaient venus pour défendre l'empire, alors que les historiens français représentaient ces Bretons comme des fuyards implorant refuge. Au bout du compte, puisque personne ne s'y retrouve, cela ouvre grand la porte aux prêcheurs de mythes et de légendes, de fées et de korrigans, dont le summum a été la réimplantation du mythe arthurien dans la fausse forêt de Brocéliande de Paimpont. Cette erreur matricielle, que je ne suis pas le premier à soulever, puisqu'elle l'a déjà été au milieu du XIXè siècle, est basée sur la confusion systématique entre Bretagne et Armorique. A partir de cette erreur a été montée une histoire fantasmée de la Petite Bretagne. Disons le avec puissance : Maxime n'a jamais créé la Petite Bretagne actuelle dès son débarquement en 383. Ce qu'on nous présente comme une entité organisée sur les 5 cités gauloises habituellement citées n'a jamais existé. Nomenoé n'a jamais «reconstitué» une Bretagne qui n'avait jamais existé avant lui. Elle a seulement été imaginée a posteriori pour tenter de justifier la Bretagne féodale face au royaume de France. Mais, rassurez vous, les historiens français n'ont guère fait mieux de leur côté, puisque leur propre histoire fabriquée et fantasmée est celle qu'on enseigne aujourd'hui dans les écoles, et tout le monde sait que cette histoire est bourrée d'intoxication nationaliste et impérialiste. Ceux qui citent à longueur de propos Léon Fleuriot feraient bien, aussi, de remarquer que celui-ci optait pour un débarquement de Maxime dans les Bouches du Rhin, selon Zosime, et que cela fait directement s'effondrer les fausses histoires d'un débarquement dans le Léon finistérien défendues par de nombreux historiens traditionnels bretons. Or, Léon Fleuriot est considéré, à juste titre, comme le meilleur historien breton des temps modernes.

Jean-Claude EVEN


jorj t-g
Vendredi 15 novembre 2024
Superbe article, Bravo!

Enseigner l'histoire des Bretons 100% pour mais le problème avant d’être parisien il est chez nous avec ceux qui ne veulent entendre parler que de l'histoire du petit peuple et issu d'eux par transmissions orale.
En face c'est les nobles, les rois, les guerres, l'histoire inventé ou manipulé par les historiens et qui ne font que du mal depuis des siècles.(!)
Un autre tabou dans notre emsav est l'histoire de la religion en Bretagne qui n'est que très rarement abordé et honnis par les pro petit peuple.
L'histoire du petit peuple oui je suis pour j'en suis moi même issus mais hors de question de me priver du reste, des mégalithes à KAD.

Les régions actuelles sont un projet du socialiste clementel, ils en rêvaient les fachos l'ont fait et elles ont ensuite été revalidé et dire que des bretons votent pour ça! GANT AR VEZH!

Mon dieu que ces dernières années vont être honteuses à porter pour nos descendants!


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