[[Jean Fréour]] était le dernier artiste du mouvement des [[Seiz Breur]], il avait été décoré de l'Ordre de l'Hermine en 1995 à Guérande. Il nous a quittés en juin 2010 à presque 92 ans, à Bourg-de-Batz où il vivait et travaillait depuis 1955.
Arrivée de Nantes par le train du midi dans les derniers jours de l'exposition «Jean Fréour, sculpteur, la passion d'une vie» ; l'exposition n'ouvrant qu'à 15 h (jusqu'à 18 h) depuis le 18 juin, nous sommes allée de surprises en découvertes.
Cela vaut d'être conté - en texte ci-dessous - et en quelques photos, que nous prenons pour nous occuper jusqu'à l'ouverture : des panneaux sur les portes de l'expo, le Kurun fraîchement repeint mais sans soleil, les bateaux modernes honorant Le Croisic en Bretagne par leur Gwenn ha du de courtoisie (hauban tribord) ; puis à l'écoute des goélands qui chantent ! jusque sur les cheminées d'en face..., les jeunes de l'année se contentant de timides twiiitt ; certaines photos mises en ligne dans la série (35 en tout), et qu'ont complétées celles de cette magnifique exposition, qui aura des prolongements, comme nous allons l'apprendre de son commissaire, Yvon Le Bihan.
À 15 h nous apprenons que les photos sont interdites...
Après être repartie furieuse en pestant du temps perdu pour un reportage impossible, nous changeons d'avis et essayons d'en savoir plus auprès de la dame de l'accueil, ce qui n'a pas été facile.
«Pourtant nous en avons vu sur Internet», disons-nous... Alors nous apprenons que c'est à la mairie qu'il faut demander une accréditation, ce qu'avait fait France3 au moment de l'inauguration.
La raison est simple « Des oeuvres privées ont été prêtées et leurs propriétaires ne veulent pas qu'elles soient photographiées »...
La galerie Chapleau, située près de la mairie, étant fermée le mardi (depuis le 5 septembre), nous ne pouvions même pas nous y rabattre pour rapporter quelques images... de «Un autre regard sur Jean Fréour : dessins, aquarelles et sculptures dans la collection Chapleau».
En route pour la mairie, donc, où nous montrons patte blanche à la jeune fille de l'accueil.
Elle comprend, vérifie l'article d'annonce sur (voir notre article) et (voir notre article) avec «l'affiche qui défile depuis le 21 juin», va parler à ses chefs dans un autre bureau...
...Le temps passe, il y a du chemin dans le bourg et un temps menaçant pour retourner à la Criée...
Enfin deux messieurs très courtois viennent donner leur feu vert : le directeur de la comm' Mairie et M. Jean Bruneau, adjoint à la Culture.
De retour sur place enfin, et, l'accord ayant été transmis par téléphone, il faut d'abord retrouver le téléphone, qui doit comporter le message d'autorisation !...
Puis avec monsieur Yvon Le Bihan, commissaire scientifique et scénographique de l'exposition, nous faisons le tour rapide en ne prenant que des photos de plans larges... pas de détails de cartels.
Nous découvrirons évidemment les sculptures de Jean Fréour - de femmes en particulier - mais aussi, ce qui semble bien moins connu, ses talents de dessinateur et d'aquarelliste.
Le Catalogue, de 121 p., très richement illustré, non des photos de l'exposition mais des photos des oeuvres réelles dans leur contexte, était en rupture de stock, tant il a eu de succès. Voir la note ABP du 16 février 2018 ci-dessous.
D'après un coup d'oeil rapide et quelques notes, car il n'y avait que deux exemplaires à parcourir pour tous les visiteurs... nous avons grappillé ceci :
- Nous pensons y avoir vu beaucoup de photos de Jean Fréour dans son atelier ;
- La statue de Glenmor à Rennes - de Jean Fréour - date de 1998, est en granit beige, de 2,50 m (p. 20 et 98) ;
- Les textes sont de Yvon Le Bihan (1) et de Laurent Delpire (2) après la préface de Michèle Quellard, maire du Croisic, (non paginée, texte de la photo 1) :
intitulé «Le Croisic rend hommage au sculpteur Jean Fréour (1919-2010)»
«Après les peintres Micheau-Vernez et Puigaudeau»...
(...) «Soizick Fréour, sa veuve, et Yvon Le Bihan, expert de l'artiste, ont été séduits par ce projet ambitieux et nous ont accordé leur confiance en ouvrant très largement les portes de leurs archives mais surtout de l'atelier de l'artiste, où se cachent nombre d'oeuvres méconnues ou personnelles.
Cette exposition constitue sans nul doute la première grande rétrospective consacrée à Jean Fréour et à son oeuvre, en rassemblant sous la nef de l'Ancienne Criée près de 200 oeuvres» (...).
Nous avons ajouté en n° 35 le texte agrandi de partie de la préface de madame la maire du Croisic.
Table des matières (mise à jour après réception du livre) :
- Le Croisic rend hommage à Jean Fréour, Michèle Quellard, [p. 3] :
- Jean Fréour, indépendance et liberté, Yvon Le Bihan, [p. 4-5] ;
- Biographie, souvenirs et témoignages, p. 8-23 ;
- L'atelier de l'artiste, un monde à part, p. 24-31 ;
- L'ode à la femme, p. 32-49 ;
- Bustes et portraits, p. 50-61 ;
- L'art sacré, p. 62-81 ;
- Les commandes publiques, p. 82-99 ;
- Jean Fréour, caricaturiste, p. 100-107 ;
- L'autre facette de l'artiste, aquarelles et crayons, p. 108-117 ;
- Jean Fréour et Le Croisic, p. 118-121 ;
- Bibliographie indicative, p. 122 ;
- Expositions, p. 123.
En recopiant la table des matières de la photo 34, nous voyons «Jean Fréour caricaturiste». Nous n'avons pas de photo, y en avait-il une à faire ? Tout s'est tellement fait dans la précipitation...
En réédition, on peut commander le catalogue à la mairie du Croisic (15 euros).
Posté du Croisic le 7 octobre, nous pouvons en prendre connaissance à loisir !
Il est en effet magnifique et fait découvrir les très nombreuses oeuvres de cet artiste polyvalent, dont ses caricatures, p. 100 à 107, exécutées en 1934-1936. Il croque les personnes qu'il côtoie, il n'a alors que 15 ans. Puis lorsqu'il sera élu à Batz entre 1958 et 1968, il prendra plaisir à croquer ses collègues conseillers municipaux (extraits du texte p. 101).
Nous regrettons cependant que les légendes des photos soient imprimées en gris très clair sur blanc...
Elles contiennent le titre, la date, le matériau de la sculpture, la taille, le photographe, parfois la localisation et ces mentions importantes sont difficiles à déchiffrer...
P. 30-31 «Les matériaux utilisés par Jean Fréour dans ses oeuvres».
Extraits : «Nous laissons l'artiste conclure à travers son texte de présentation pour l'exposition présentée à la galerie Vendôme à Paris en février 1969».
Tailler les matériaux les plus naturels et par là les plus nobles. Les connaître et les aimer assez pour manier l'outil avec un tel respect et une belle [telle ?] science qu'ils n'en soient pas meurtris, puis allant jusqu'au bout d'une forme rigoureuse leur donner une plénitude nouvelle si rare qu'on en oublie le sculpteur.
Les deux pages comportent 30 petites photos carrées des matériaux, légendées. «La liste n'est pas exhaustive mais révèle», nous dit la page, «l'ambition d'une oeuvre qui se veut unique».
Très occupé, Yvon Le Bihan nous accorde quelques minutes après la fermeture de l'exposition à 18 h.
ABP : Comment avez-vous connu Jean Fréour ?
Yvon Le Bihan : J'ai connu Jean Fréour par l'intermédiaire de membres des Seiz Breur que je connaissais il y a 40 ans. Originaire du Finistère, où j'habite, j'ai été pendant 20 ans commissaire des expositions au [[Château de Trévarez]] (voir le site) . En 1995 j'ai proposé une rétrospective Jean Fréour qui y a eu lieu.
ABP : Et cette exposition au Croisic ?
YLB : Il habitait Bourg-de-Batz tout proche. L'idée vient de la mairie du Croisic. Elle a proposé à sa femme Soizic et à moi-même, il y a dix-huit mois, de présenter une rétrospective.
ABP : Vous êtes le grand spécialiste de Jean Fréour ?
YLB : Oui. J'en suis même un expert. J'ai expertisé à ce jour 120 oeuvres. Je suis aussi son biographe et je rédige - c'est en cours - le «catalogue raisonné» des oeuvres de Jean Fréour.
Je suis même le gardien de la plupart de ses oeuvres dans un local sécurisé, secret, avec toute la confiance de Soizig.
ABP : Vous êtes donc commissaire de l'exposition du Croisic
YLB : Oui et pour cela je dois habiter ici pendant 3 mois.
Je fais des visites guidées 2 fois par semaine. Non je n'ai pas de texte ! Je fais ça au feeling ! J'improvise. C'est la première rétrospective majeure depuis sa mort.
ABP : Les visiteurs ?
YLB : Nous en sommes à plus de 7.000, en route pour les 7.500, c'est très varié. Les gens viennent de partout, de Loire-Atlantique bien sûr - résidents ou en vacances - de très loin, de Paris, du Tarn récemment, des sculpteurs viennent aussi spécialement, nous avons eu la visite de quatre conservateurs de musée...
ABP : Des projets dans ce domaine là ?
YLB : Oui, à Paris, dans les trois ans à venir. C'est en cours. Nous sommes en discussion actuellement avec quatre grands musées parisiens. Il faudra choisir, mais je ne peux en dire plus actuellement. Oui ABP sera mis au courant !
ABP : Merci monsieur Le Bihan
- (voir le site) d'ABP pour le pdf de l'exposition.
- (voir le site) : de Kernews, avec Jacques Bruneau interviewé sur l'exposition (3' 06).
- (voir le site) de la Ville du Croisic, avec le témoignage de Yvon Le Bihan de 2015 :
« Jean Fréour était un très grand artiste, dans la lignée des grands comme Maillol, Rodin, Bourdelle, c’est donc légitime de présenter son travail et que les gens redécouvrent cet homme. Un jour par semaine, il arpentait la Bretagne et faisait ses dessins, le reste de la semaine il était dans son atelier.
C’est un artiste qui a été reconnu puisqu’il a travaillé pour le Vatican ou des chefs d’État, mais qui n’a jamais fait allégeance à quiconque. C’est d’ailleurs pourquoi il a refusé l’offre de Pablo Picasso d’être son sculpteur et son céramiste, ou encore la proposition du musée Grévin d’en devenir le référent sculpteur.
C’était un homme de création, très humble et qui voulait rester libre et indépendant ».
- (voir le site) intitulé Yvon Le Bihan, expert muséographe et biographe.
Extraits :
… c'est donc légitime de présenter son travail et c'est formidable que les gens redécouvrent cet homme, d'ailleurs j'ai également des projets à Paris et New York.
… Je vais également demander à un certain nombre de collectionneurs de nous prêter leurs oeuvres. En effet il y a plus de 1.000 pièces dans le domaine public. Certaines d'entre elles n'ayant jamais été exposées, ce sera aussi l'occasion de découvrir la face cachée de l'artiste. L'idée c'est d'aller le plus loin possible car il faut que les gens se rendent compte qu'on a affaire à quelqu'un d'exceptionnel. (…) il faut que le retentissement soit national et international avec la présence de pièces maîtresses.
… Les réalisations de Jean Fréour sont aujourd'hui dispatchées dans le monde entier (15 pays, 53 départements français, 1.200 oeuvres exécutées).
- (voir le site) : Au Bourg-de-Batz le site du Petit Bois est renommé Espace Jean Fréour le 1er novembre 2015.
- (voir notre article) : Bernard Le Nail signale sur ABP en février 2004, une exposition «Jean Fréour ou le Chant de la Sculpture» proposée à la Mairie du XVIe arrondissement de Paris. Il précise que le vernissage aura lieu «en présence de Jean Piat et du duc de Vendôme».
Son oeuvre profane et sacrée est immense et on trouve des statues de lui dans les cinq départements bretons et aussi ailleurs, en région parisienne, en Belgique et en Afrique. Il est ainsi l'auteur de la belle statue du «colonel Armand» (le marquis de La Rouërie) à Fougères, de la statue de Pierre Bouguer sur le port du Croisic, de la statue d'Anne de Bretagne, devant l'entrée du château des ducs de Bretagne, à Nantes.
(1) Yvon Le Bihan, expert de Jean Fréour dont il fut l'ami, commissaire de l'exposition, biographe de l'artiste, muséographe.
(2) Laurent Delpire, directeur du Patrimoine de la Ville du Croisic, conservateur des Antiquités et objets d’art de Loire-Atlantique et co-commissaire de l’exposition.
Nous retrouverons ces deux messieurs en conférence sur Jean Fréour, à 18 h le jeudi 17 novembre à Athanor, salle Perceval, en prélude au Salon du livre en Bretagne de Guérande 2016 (voir notre article)
Note ABP du 16 février 2018
Par courriel nous apprenons ce jour d'un connaisseur de Jean Fréour et de son oeuvre qui a vraiment montré patte blanche, qu'il y aurait quelques erreurs dans le catalogue de l'exposition : la Vierge à l’enfant (p. 70) en faïence chamottée n’est pas en faïence et n’est pas de Fréour pas plus que la croix d’autel à Ancenis (p. 64) qui est signée Lucas.
Sous le titre « Ouvrages sur Jean Fréour » p. 122, le livre de Ruyet Jean-Claude et Daboust Véronique «Jean Fréour, sculpteur» éd. Nantes, Le Télégramme éditions, 2004 n’existe pas, il n’a jamais été édité.
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