Saisie par le gouvernement espagnol de Mariano Rajoy, la Cour constitutionnelle d'Espagne a suspendu aujourd'hui l'organisation du référendum d'autodétermination prévu le 9 novembre en Catalogne, le temps d'examiner si cette consultation populaire ne viole pas la Constitution espagnole. On est certain qu'elle confirmera car la constitution espagnole ne prévoit pas la sécession d'une région autonome.
La valeur d'une constitution ne peut être mesurée que par l'existence ou non de droits pour défendre les minorités--tout simplement parce que les minorités politiques ou religieuses sont toujours des minorités politiques. C 'est bien ce qui a fait dire à Albert Camus cette phrase qui vaut son pesant d'or et qui devrait être sur tous les frontons des mairies : «La démocratie ce n'est pas la loi de la majorité mais la protection de la minorité».
Une vraie constitution, un texte qui constitue un contrat social entre un ou plusieurs peuples avec un état, ne peut et ne devrait pas être validée si le texte ne contient pas une clause pour sortir de cet état, comme cela existe dans n'importe quel contrat. Un contrat doit toujours pouvoir être brisé. Constituer des états pour l'éternité ne peut amener que la guerre comme toute inclusion d'absolu dans la condition humaine.
Ce n'est pas le nationalisme qui mène à la guerre comme le disait Mitterrand, mais la négation des autres nations. Lui-même, en tant que ministre de la Justice pendant la guerre d'Algérie, niait quotidiennement l'existence de la nation algérienne. Si la République française n'avait pas nié que les Algériens formaient une nation, il n'y aurait jamais eu de guerre d'Algérie.
La constitution espagnole, comme la constitution de la France ou celle de l'Ukraine ou même des USA ou de la plupart des Etats sauf le Royaume-Uni qui justement n'a pas de constitution, mais qui est plus démocratique que tous les Etats qui en ont une, ne comporte aucune clause permettant à la Catalogne ou à n'importe quelle région autonome de sortir de l'union. Une union qu'on appelle abusivement de part et d'autre des Pyrénées la «nation».
Après la terrible guerre de sécession aux Etats-Unis et plus près de nous la guerre d'Algérie, puis l'effroyable guerre du Timor qui a réduit la population de ce pays d'un tiers, puis les guerres de sécession en ex-Yougoslavie pour sortir de la Serbie et maintenant la guerre de sécession en Ukraine, l'Espagne n'a retenu aucune leçon de l'Histoire et continue de nier le droit fondamental des peuples, le droit à l'autodétermination.
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