L'Epervier au mouillage à la galerie Daniel Maghen

Exposition publié le 18/01/13 20:50 dans Cultures par Claude GODFRYD pour Claude GODFRYD
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Affiche de l'exposition
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Couverture du T8 de l'Epervier "Corsaire du Roy"

A un jet de boulet de la Seine, canon à la hausse zéro, Patrice Pellerin a amarré la frégate de Yann de Kermeur, alias l'Epervier, à la galerie Daniel Maghen, où 80 planches et illustrations originales puisées dans la saga du pirate au grand coeur, feront escale sur les cimaises jusqu'au 9 février.

Favoritisme ou hasards du calendrier (on ne le saura jamais puisqu'Anabelle Araujo, l'attachée de presse des éditions Quadrants est clouée au lit par une mauvaise fièvre) mais il semblerait que le père du plus populaire marin breton de la bande dessinée (un million d'aficionados) n'a pas oublié qu'il est né à Brest ni que sa grand-mère demeurait à Sizun. Serait-ce la raison secrète pour laquelle les Bretons de la capitale ont eu la chance, pour ne pas dire le coup de piston, de s'extasier en premiers à la Mairie du XIVe arrondissement devant l'exposition rétrospective consacrée à L'Épervier en octobre 2012 ? Idem le 4 novembre dernier, les petits chouchous Brestois ont été servis avec célérité puisque l'auteur a abandonné son antre provençal pour courir à la librairie Dialogues afin de leur dédicacer « Corsaire du Roy » (1), le dernier tome qu'il a signé après un premier cycle de six albums filant voile au vent des côtes bretonnes à celles de la Guyane.

Aujourd'hui, c'est au tour du Tout-Paris de profiter de la caisse de résonance que la galerie Daniel Maghen apporte à la sortie en fanfare de ce huitième album tant attendu, tête de série du deuxième cycle des aventures de l'Épervier, qui doit amener Yann de Kermeur dans les possessions québécoises de la couronne de France. Quoiqu'il en soit, clin d'oeil apprécié du destin, on retrouve dix ans plus tard au coude à coude les deux mêmes qui avaient inauguré la galerie Maghen en présence d'Edouard Leclerc en 2003 : Jean-Pierre Gibrat et Patrice Pellerin parlant technique, que le vernissage réunit au milieu d'une joyeuse cohue d'invités.

Parmi les courageux qui ont bravé le froid, on reconnaît Franck Bonnet (Les Pirates du Barataria), André Julliard (Blake et Mortimer), Olivier Taduc (Chinaman) et Thierry Chavand (Blanche). En pleine forme malgré un lourd cahier des charges, l'élégant Patrice Pellerin tout de sombre vêtu, une coupe de champagne à la main, papillonne d'un groupe à l'autre. En laissant traîner une oreille amicale à ses côtés, on en apprend des choses…

D'abord que c'est un auteur heureux qui profite de son escapade parisienne pour finaliser le scénario d'un film, tout en reconstituant par le dessin, grâce à deux grimoires anglais achetés la veille, des décors et des objets disparus qui avaient jadis appartenu au musée du Louvre. On les admirera dans son prochain album. Soucieux de ne jamais alourdir la narration, ce détailliste invétéré (on le rapproche à cet égard de François Bourgeon) précise que si Yann de Kermeur mesure un mètre soixante-douze, c'est pour ne pas avoir à se pencher dans la cale de sa frégate, « la Méduse » qui, elle, toise un centimètre de plus ! Mais attention, le réalisme historique ne saurait nuire au romantisme du propos ni du trait. Perfectionniste jusqu'au bout des ongles, Patrice Pellerin prend le même soin à tutoyer la justesse comme historien, scénariste, dessinateur et coloriste, uniquement pour combler de plaisir ses lecteurs. Le jeu en vaut la chandelle puisqu'ils patientent parfois durant trois années avant de connaître la suite des aventures de leur noble héros.

En bref, d'autres confidences tombées de la bouche de celui qui rêve d'être exposé dans le château de Versailles, nous apprennent qu'il s'est inspiré du visage de son ancien éditeur pour en faire un méchant pirate, et qu'il s'est senti honoré lorsque l'architecte naval en charge de la restauration de L'Hermione, la frégate de La Fayette, lui a récemment demandé conseil à propos du socle de soutènement des pièces d'artillerie. On arrêtera là les confessions car, à deux heures et demi du matin, les lumières de la fête se sont éteintes. Toutefois, une dernière précision s'impose : il ne reste plus que quarante-six pièces encadrées à vendre, plus dix mille originaux qui attendent sagement dans leurs grands fourreaux noirs qu'amateurs et collectionneurs fassent rougir leurs cartes bleues !

Claude GODFRYD

(1) L'Epervier, T8 Corsaire du Roy - Patrice Pellerin - Bande dessinée - Octobre 2012 – Editions Soleil, collection Quadrants Boussole – 48p. – 13,95 euros.

PATRICE PELLERIN – DU 16 JANV AU 09 FEV 2013 –Galerie Daniel Maghen - 47 quai des Grands Augustins -75006 Paris - Tel.: 01 42 84 37 39 - Fax.: 01 42 22 77 86 - Du Mardi au Samedi de 10h30 à 19h00.

www.danielmaghen.com


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