Une enquête publique qui ne fait pas de vagues
Ouverte par arrêté préfectoral du 25 octobre 2010, l'enquête d'utilité publique s'est achevée mercredi, dans une indifférence quasi-générale. Paradoxal quand on sait la taille du projet, surtout en ce qui concerne la filière porcine. Moins étonnant quand on sait qu'ici l'économie du pays repose sur les milliers de salariés qui travaillent à l'usine (1200 salariés dont 1100 en CDI) et dans toute la Bretagne. Bigard est devenu le numéro 1 de la viande en France.
Un agrandissement très important
L'abattage de porcs va donc augmenter. Les salles d'abattage vont s'agrandir et il sera abattu 450 porcs à l'heure. Jusqu'à présent on stockait 1487 porcs : demain il y en aura 3400. Augmentation aussi des surfaces d'épandage, avec 38 exploitations agricoles concernées, les surfaces d'épandage passeraient de 1083 hectares en 2004 à 1783 hectares. Les embauches devraient suivre aussi.
D'un point de vue environnemental, la direction annonce aussi des mesures et une grande vigilance, malgré la concentration de phosphore et de potassium et surtout des métaux lourds fort prévisible. Les installations porcines en forte augmentation dans le Sud Finistère rendent les écologistes inquiets.
L'ABC fermement opposée au projet
«Il nous semble évident qu’une activité industrielle quelle qu’elle soit doit gérer ses déchets en interne et non se défausser sur des tiers de ses responsabilités environnementales,( Grenelle 11 ).
- La composition complète des boues ne figure pas clairement dans le dossier ( détergents ? produits vétérinaires et pharmaceutiques ? produits chimiques ?
etc….
- L’établissement des responsabilités en cas de pollution ( nappes phréatiques, ruisseau…. .n’est également pas dans le dossier ( agriculteur ? Bigard ?Préfet ?... )
- Nous constatons une fois de plus que les grands groupes concentrent les profits et externalisent les problèmes vers les citoyens.
- Le bilan carbone de tous ces transports induits n’est pas évoqué.
- Nous regrettons que les agriculteurs prêts à recevoir ces épandages ne s’inquiètent pas des nuisances causées à leur voisinage et aux écosystèmes dont ils pourraient être tenus pour responsables.
- Enfin en tant qu’organisation professionnelle agricole, nous craignons un déficit d’image, nuisible à ceux qui se sont engagés vers l’agriculture propre, ( plusieurs exploitations BIO sont contigües ou très proches de certaines parcelles concernées).»
La section locale Bretagne vivante avait déjà tiré la sonnette d'alarme
«Les sections quimperloises de Bretagne vivante, d’Eaux et Rivières de Bretagne et de l’APPMA de Quimperlé s’inquiètent au vu des réalisations autorisées récemment et des projets en cours en production porcine sur les bassins de l’Ellé et du Scorff.
Nous sommes opposés à toute augmentation du cheptel porcin sur les bassins de ces rivières, qu’il s’agisse d’élevages sur paille (qui ne viendraient pas en remplacement d’ateliers existants), ou d’ateliers accompagnés d’une station d’épuration ou de méthanisation.
Une vision globale est indispensable. En effet, la production porcine souffre de nombreux maux : culture de maïs avec ses intrants et pesticides associés, assolement blé/maïs déstructurant les sols. Ceux-ci deviennent de plus en plus compacts et imperméables, ce qui entraîne érosion, lessivage, inondations et, in fine, dégradation de la vie marine.
Ne soyons pas dupes, nous allons vers une concentration de la production de type industrielle et sans limitation et non vers une gestion environnementale pragmatique.
Ce système survit grâce aux subventions, financées par la collectivité, et il est de notre devoir de citoyen d’alerter et de demander à la profession une remise en question de ses pratiques.
Nos représentants élus et les instances administratives, chacun avec ses compétences, se doivent de dire STOP.»
L'association Ellé vivante opposée elle aussi
«Une approche systémique critique de la raison d’être d’un tel dossier amène à établir une corrélation entre cette demande et les nombreuses demandes d’extensions de production de porcs observées dans le Bas Ellé.
Après avoir allègrement pollué le nord de la Bretagne et nourri les algues vertes et bleues, ces installations espèrent échapper aux foudres de l’opinion publique en migrant vers le sud de notre région.
La demande de l’entreprise Bigard vise à satisfaire cette nouvelle vague d’expansion au nom du sempiternel profit et au détriment de la santé publique. De fait, cette demande d’autorisation participe au maintien de pratiques agricoles nocives et dépassées à l’heure où l’on s’interroge sur la nécessaire et difficile transition de ce pan de notre économie régionale.
Ce que l’opinion publique souhaite n’est pas un accroissement incessant de la production de viande, mais une nette et réelle amélioration de sa qualité. A ce titre, la demande formulée par l’entreprise Bigard nous parait non-conforme aux attentes du public et justifie notre opposition à cette demande.»
■