La situation est grave. Le gouvernement ne sait répondre à la crise des éleveurs bretons qu'en les laissant se confronter aux salariés de la grande distribution ou à ceux du transport routier. Alors que nombre de ces éleveurs sont très endettés et proches du dépôt de bilan, alors que le cours du porc dégringole encore et toujours, où est donc le plan de sauvetage de l'agriculture bretonne promis dans le Pacte d'Avenir pour la Bretagne en décembre 2013 ? Un Pacte d'Avenir qui s'avère bien être l'enfumage que nous dénoncions à l'époque.
Ainsi, pour Paris, l'élevage breton est partie négligeable, tout comme l'est celui de Lozère ou du Jura, et cela démontre une fois de plus l'impossibilité de garantir depuis la capitale hexagonale l'intérêt de tous les territoires. Au final, et assez logiquement, l'Hôtel de Villeroy ne prête l'oreille qu'aux céréaliers voisins d'Île de France et à leur puissant syndicat « paysan ».
Le désintérêt profond de ce gouvernement pour l'agriculture bretonne indique que le Pacte d'Avenir promis dans le domaine ne peut être mis en application que si les compétences nécessaires à son application sont confiées aux Bretons eux-mêmes, en lien direct avec les autorités européennes. Pourquoi ne pas utiliser le droit d'expérimentation, inscrit dans l'article 37-1 de la Constitution mais si peu utilisé, pour confier une part des responsabilités en termes d'agriculture au futur Conseil régional ?
Les éleveurs porcins réclament par ailleurs un étiquetage qui apporterait une traçabilité réelle des animaux, pas seulement en rapport avec le lieu du conditionnement mais concernant également le lieu d'origine et d'élevage. Au ministre de l'Agriculture de prendre enfin les mesures nécessaires pour cette véritable traçabilité. Et aux consommateurs alors d'agir en soutenant par leurs achats les agriculteurs locaux. Il est impérieux de traiter nos éleveurs avec respect et équité, la plupart d'entre eux ayant par ailleurs fait des efforts notoires en matière d'environnement. Mais pour obtenir plus dans le domaine, il faut d'abord qu'ils puissent vivre dignement de leur activité.
Caroline Ollivro – Présidente de Breizh Europa
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