Tout est exagéré dans ce procès : les sommes en jeu, les déclarations des plaignants de la Société Générale «meurtrier, criminel, terroriste etc.». Même le procureur semble avoir une dent contre Kerviel qui, paraît-il, l'énerve. On se demande pourquoi.
Qui êtes-vous M. Kerviel ? La réponse, il la trouverait dans le pays de Kerviel, mais sûrement pas à travers le prisme déformant des Parigots. Kerviel est comme nous, travailleur, peut-être trop. Il a choisi le mauvais métier, un métier de tordu. Comme l'a dit, entre autres, Marc Fiorentino un expert financier ex-trader. Personne à la Société Générale ne pouvait contrôler les traders parce que les patrons n'y comprennent rien. Les politiques n'y comprennent rien non plus, dit-il ; alors ? pourquoi les juges y comprendrait quelque chose ? Et pourtant il vont juger donc mal sans doute.
Mais le plus étonnant, c'est sa réponse à la question (il venait de dire qu'il aurait fallu incriminer la Société Générale aussi) : « Faut-il revoir le système financier ? » Réponse : « On en parle depuis longtemps, Barack Obama, le G 20... mais ça ne se fera jamais, les États sont sous leur domination, ils ont besoin d'emprunter sans arrêt » (voir Le Télégramme la semaine passée « L'Europe sous la pression des marchés »).
Le problème le plus grave pour JK, ce sont les enjeux énormes. Déjà, les U.S sont à l'affût pour attaquer la Société Générale, si celle-ci était déclarée quelque peu coupable : 5 à 7 milliards d'euros sont en jeu.
Il est donc aisé de savoir où va pencher la balance. J.K sera le nouveau martyr de la finance, Bouton et les juges continueront ensemble leurs parties de golf.
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