L’affaire des trois militantes kurdes assassinées à Paris le 9 janvier 2013 sera-t-elle clas

Communiqué de presse publié le 20/12/13 0:17 dans Politique par André Métayer pour André Métayer
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«Je ne peux sans tarder vous dire mon éc½urement devant l'hypocrisie de tous ces chefs d'Etat qui ont encensé hier Nelson Mandela alors qu'en début de ce siècle il était encore considéré comme terroriste outre-Atlantique et qu'en France même, en 1988, la représentante de l'ANC Dulcie September, qui enquêtait sur la vente d'armes par la France au pouvoir blanc en Afrique du Sud, était, comme le sera Rojbîn en 2013, assassinée à Paris par des partisans du régime d'apartheid jamais arrêtés et avec, probablement, la complicité ou le laisser-faire des services secrets français. Que représentent les Droits de l'Homme face aux profits de la vente d'armes ou de voitures ? Dites cela à nos amis. J'ai aussitôt pensé à Öcalan et à Rojbîn en entendant tout cela hier. Amitiés. Marie-Armelle».

Le cri du c½ur de Marie-Armelle dit tout haut ce que pensent de nombreux démocrates qui ont vécu l'époque où Nelson Mandela purgeait une peine de travaux forcés à perpétuité et que l'ANC (African National Congress) était considéré comme une organisation terroriste. La violence politique exercée par l'ANC était-elle légitime et légale ? Il a fallu attendre 2008 pour que l'ancien président sud-africain et son parti soient retirés de la liste américaine du terrorisme. Impossible de ne pas faire le rapprochement entre Öcalan et Mandela, le PKK et l'ANC, Rojbîn et Dulcie. «L'histoire se répète» dit encore Marie-Armelle.

Qui était Dulcie September?

Une salle communale porte son nom à Trignac (Loire-Atlantique), à Sains-en-Gohelle (Pas-de-Calais), à Nangis (Seine-et-Marne), un collège à Arcueil, une école à Ivry, une autre à Grigny, un centre social à Loon-Plage (Nord), des rues, des places, des squares dans de nombreuses villes et communes : Paris, Nantes, Le Mans, Angers, La Courneuve, Evreux, Saint-Martin-d'Hères, Port-de-Bouc, Portes-lès-Valence, pour ne citer que celles-là.

Dulcie September, représentante en France de l'ANC, est assassinée le 29 mars 1988 entre 7 h et 9h du matin face à l'entrée de son bureau, au 28 rue des Petites Écuries dans le 10e arrondissement de Paris, , de six coups de feu d'un calibre 22 avec un silencieux tirés en pleine tête. Une ordonnance de non-lieu est rendue le 17 juillet 1992. Affaire classée. Le 9 janvier 2013, Fidan Dogan « Rojbîn » est assassinée à quelques rues de là au 147 rue La Fayette, dans son bureau de directrice du CIK (Centre d'Information du Kurdistan) de Paris. Trois balles dans la tête et une dans la bouche.

Dulcie September, née dans un quartier métis du Cap le 20 Août 1935, fille d'un directeur d'école, entre en résistance après le massacre de 69 Noirs par la police un certain 21 mars 1960 et s'engage dans la lutte politique et armée. Arrêtée, elle est condamnée à la prison, qu'elle quitte en 1973. Elle s'exile, parcourt le monde et s'installe peu après en France, à Arcueil. Elle devient la représentante de l'ANC pour la France, la Suisse et le Luxembourg. Son amie Jacqueline Dérens, fondatrice de la Rencontre nationale avec le Peuple d'Afrique du Sud (RENAPAS), dira d'elle : «c'était une très belle femme, une grande métisse avec des yeux étonnants comme remplis de paillettes d'or. Quand elle était furibarde, ça flashait ! C'était un bourreau de travail, une femme de terrain qui parcourait le pays».

Qui a tué Dulcie September?

Si la culpabilité des services secrets du régime de l'apartheid ne fait depuis longtemps aucun doute, le rôle des services secrets français n'est pas clairement établi. Ils sont cependant suspectés de complicité passive car ils auraient été mis au courant de la préparation de cette exécution. L'entourage de Charles Pasqua, alors ministre de l'Intérieur, est mis en cause d'autant plus que Dulcie September avait demandé une protection policière : elle avait déjà été agressée dans le métro et se sentait suivie au point de demander au maire d'Arcueil, qui l'avait accueillie, de changer de logement. De plus, un certain nombre d'attentats contre les responsables de l'ANC en Europe auraient dû attirer l'attention de la place Beauvau, mais tel n'a pas été le cas et la protection policière lui a été refusée. Il est vrai que le vrai motif du meurtre pourrait bien être que Dulcie September s'intéressait de trop près au commerce des armes entre Paris et Pretoria.

André Métayer

Manifestation à Paris le 11 janvier 2014

La Coordination Nationale Solidarité Kurdistan (CNSK) et la Fédération des Associations kurdes de France (FEYKA) rappellent que trois femmes, trois militantes kurdes, ont été assassinées à Paris au siège du Centre d'information du Kurdistan (CIK) le mercredi 9 janvier 2013.

Elles appellent à une manifestation nationale à Paris le samedi 11 janvier : rassemblement devant la Gare du Nord à partir de 12 heures et marche jusqu'à la place de la République.

«Il ne fait plus aucun doute que ce triple assassinat est un crime politique qui met en cause la Turquie. C'est la raison pour laquelle nous craignons que l'affaire ne soit étouffée comme d'autres, au nom de la raison d'Etat, comme ce fut le cas pour la militante anti-apartheid sud-africaine Dulcie September, tuée à Paris en 1988» (communiqué de la Coordination nationale Solidarité Kurdistan).


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