Au 59ème jour de la grève de la faim observée par les prisonniers politiques kurdes en Turquie, les députés du BDP (Parti pour la Paix et la Démocratie) avaient annoncé qu'ils entameraient eux-mêmes une grève de la faim.
Deux députés de ce parti, Emine Ayna et Özdal Üçer, avaient déjà commencé.
Les grévistes de la faim demandent de pouvoir se défendre devant les tribunaux dans leur langue maternelle ; ils demandent aussi que soient levées les restrictions concernant l'enseignement de la langue kurde et son usage dans la sphère publique. Ils exigent que cessent les mesures d'isolement qui frappent depuis plus de 15 mois Abdullah Öcalan, considéré comme leur leader et emprisonné sur l'île d'Imrali depuis 1999.
Dénonçant l'indifférence totale du gouvernement turc concernant la grève de la faim entamée le 12 septembre et observée aujourd'hui par des milliers de prisonniers kurdes, le BDP a donc sonné l'alarme en annonçant un nouveau plan d'action. «La grève de la faim relève du droit des Kurdes à la résistance», a déclaré le co-président du BDP Selahattin Demirtas qui a également annoncé que son parti avait décidé de suspendre sa participation aux travaux des commissions parlementaires, tout en continuant à assister aux sessions du parlement.
Des milliers membres actifs du BDP, dont 6 députés, 36 maires, plus de 230 membres des conseils municipaux et 56 membres du conseil du BDP sont incarcérés, indiquait de son côté Gültan Kışanak, également co-présidente du BDP. «Près de dix mille personnes, dont des journalistes, des syndicalistes, des avocats, des étudiants, des intellectuels et des défenseurs des droits humains sont en grève de la faim, parmi lesquels 384 sont dans un état critique : 64 sont en grève de la faim depuis le 12 septembre, 88 depuis le 22 septembre, 232 depuis le 5 octobre.
Pendant ces 60 jours ils ont crié. Ils criaient 'ça suffit !' Nous avons essayé de leur apporter notre voix, mais, toutes nos manifestations et toutes nos activités ont été interdites.»
A l'issue de la conférence de presse, sept députés ont rejoint le mouvement de grève et plusieurs maires, dont Osman Baydemir, maire métropolitain de Diyarbakir, ville avec la quelle la ville de Rennes entretient des liens d'amitié et de coopération.
André Métayer
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