Alors que les éditions Stourmomp annoncent un livre sur Karl Marx en breton pour les enfants Istor Bihan Karl Marx, il nous a paru approprié de rappeler ce que Marx et Engels pensaient des Bretons et des autres peuples sans États d'Europe. Des citations qui bien sûr, ne seront pas traduites dans ce nouveau petit livre rouge où un Karl Marx barbu ressemble au Père Noël.
Dans la Nouvelle Gazette Rhénane de janvier 1849, dont le rédacteur en Chef est Karl Marx, on peut lire un article signé Friedrich Engels qui affirme que les Bretons comme les Gaels, les Basques et les Slaves de l'empire austro-hongrois (les Tchèques, les Slovaques, les Slovènes et les Croates) sont des peuples «réactionnaires» appelés à disparaitre de l'Histoire. Faisant toutefois exception pour les Polonais, Marx et Engels affirment que tous ces petits peuples slaves sont destinés à être absorbés par la nation allemande, pavant ainsi la route du pangermanisme repris un siècle plus tard par les nazis.
Dans leur division infantile des peuples européens en «peuples révolutionnaires» et en «peuples réactionnaires» basée sur les alliances géo-politiques du moment, Marx et Engels nient le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Contrairement à Proudhon qui était fédéraliste, Marx et Engels étaient partisans du centralisme dit «démocratique» précurseur de la dictature du prolétariat. Les seules nations qu'ils reconnaissent sont celles dont la bourgeoisie a réussi à prendre le pouvoir, les autres étant toutes bonnes pour les poubelles de l'histoire. Ces nations avortées par le [[matérialisme historique]], sont pour eux des «déchets historiques», elles sont destinées à être soit «dénationalisées» (1) soit «exterminées».
C'est à propos de la conquête de l'Algérie par la France que le racisme de Marx s'affiche le plus ouvertement. Il considère que cette invasion est une «oeuvre civilisatrice». Il approuve l'expropriation des Arabes et la redistribution des terres aux colons déclarant «Les Arabes sont des nomades, fidèles aux traditions de leurs ancêtres, et restent en dehors de toute évolution et hostiles à la civilisation». Il s'en prend même aux Espagnols et aux Mexicains « Les Espagnols sont déjà dégénérés. Mais l’Espagnol dégénéré, le Mexicain, c’est l’idéal. Tous les vices des Espagnols, grandiloquence, fanfaronnade, donquichottisme s’y trouvent à la puissance 3, moins la solidité des Espagnols» (Karl Marx, lettre à Friedrich Engels, 2 décembre 1854).
Quant à l'antisémitisme de Karl Marx il est sans limite :«En réalité, les espoirs des oppresseurs seraient vains et la guerre pratiquement impossible s’il ne se trouvait quelque Jésuite pour endormir les consciences et quelque Juif pour faire les poches.» ou «L’essence du judaïsme et la racine de l’âme juive sont l’opportunité et l’intérêt personnel ; le Dieu d’Israël est Mammon, qui se manifeste dans la soif de l’argent. Le judaïsme est l’incarnation des attitudes anti-sociales.»
Il n'y a aucun pays en Europe qui ne possède quelque part les restes d'un ou plusieurs peuples, survivances d'une ancienne population refoulée, et soumise par la nation devenue plus tard l'élément moteur de l'évolution historique. Ces survivances d'une nation impitoyablement piétinée par la marche de l'histoire, comme le dit Hegel, ces déchets de peuples deviennent chaque fois les soutiens fanatiques de la contre-révolution, et ils le restent jusqu'à leur extermination et leur dénationalisation définitive; leur existence même n'est-elle pas déjà une protestation contre une grande révolution historique ? C'est ainsi qu'en Écosse les Gaels furent les soutiens des Stuarts de 1640 à 1745.C'est ainsi qu'en France les Bretons furent les soutiens des Bourbons de 1792 à 1800. C'est ainsi qu'en Espagne les Basques sont les soutiens de Don Carlos. C'est en Autriche le cas des Slaves du sud qui ne sont qu'un déchet de peuples, résultant d'une évolution millénaire extrêmement confuse.__F. Engels. La Nouvelle Gazette Rhénane n° 194, 13 janvier 1849 (2)
[...les Slaves en Allemagne sont ] des restes éparpillés de nombreuses nations dont la nationalité et vitalité politiques avaient été étouffées depuis longtemps et qui avaient été contraintes pendant près de 1000 ans de marcher dans les pas d'une nation plus puissante qui les avait conquise. Tout comme les Gallois en Angleterre, les Basques en Espagne, les Bas-Bretons en France [...] ces nationalités mourantes comme les Carinthiens, les Dalmates etc ..avaient tenté de profiter de la confusion générale de 1848 pour rétablir leur statu quo de l' an 800. L'histoire de 1000 ans aurait dû leur montrer qu'une pareille régression était impossible__Article de Karl Marx publié dans le New-York Tribune en 1851 puis dans Révolution et Contre-révolution en Allemagne en 1886
(1) Le mot est de Friedrich Engels
(2) (voir le site) pour la nouvelle gazette rhénane
■La gauche est en fait la gauche du capital, memestra pour la droite, droite du capial. Les deux œuvrent pour le capital ou tout doit être marchandisé. Le libertaire pour la gauche, le libérale pour la droite, le premier marchandise les individus, derniers exemples la pma-gpa où le second fourni l'infrastructure médicale pour les poules pondeuses.
Sur internet, il existe un blog Stourmomp. voici comment ce collectif se présente:
«Stourmomp est un collectif militant pour l’édition et la diffusion de matériel (en français ou en breton) de réflexion au service de la construction d’une république bretonne, libre, réunifiée, brittophone, socialiste et féministe dans une perspective internationaliste.»
brittophone humm, restons dans la logique de la langue et disons bretonnant / brezhoneger
socialiste après le dernier quinquennat, ils en veulent encore une cuiller? :-)
féministe «je ne suis pas contre les femmes, je suis tout contre» (Sacha Guitry?)
dans une perspective internationaliste quel salmigondis!
Tout y est. Pour ce qui concerne les derniers items, du post-68 pur jus...
Stourmañ mod-se? Hepdon e vo, a dra-sur! Lutter pour celà? Ce sera sans moi!
Si, en tant que Bretons, on peut à la limite accepter de se voir par les yeux de Hegel, comme «survivance d'une nation impitoyablement piétinée par la marche de l'Histoire», les «déchets de peuple» méprisants dont nous baptise Marx ont de quoi nous rester en travers de la gorge.
Le soutien systématique de ces peuples brisés, le dos au mur, au régime qui semble les détruire le moins, nous paraît de surcroit découler du simple domaine général de l'urgence et de la nécessité plus que de la vision lumineuse d'un grand philosophe. Des nations triomphantes comme les démocraties d'Amérique et de Grande Bretagne se sont bien alliées quelques temps plus tard à l'URSS stalinienne pour combattre le régime hitlérien !
Ceci réglé : nous sommes toujours là ! Eh oui !
Bientôt deux siècles après ces aimables propos marxiens, il y a toujours une Bretagne, certes amputée, certes minorisée, mais toujours consciente d'elle-même et capable d'énergie créatrice, alors que des empires autour d'elle se sont écroulés : les empires coloniaux européens dans l'après-guerre, puis l'empire soviétique il y a trente ans ...
Les «déchets de peuple» ne finissent décidément pas tous dans les poubelles de l'Histoire, mon cher Karl !
Cette dernière phrase résonne de manière particulièrement ignoble et cruelle en ce 100ème anniversaire de l’armistice de 1918.
Nos parents et ancêtres bretons ont tant souffert et payés pour cette guerre impérialiste qui ne les concernait pas.
Que Marx et Engels aient pu souhaiter leur tragique destinée et s'en réjouir me révulse.
Que des individus en apparat breton se réclament de cette idéologie me consterne.
Que l’on cherche, travesti en Père Noël, à endoctriner des enfants bretons avec cette idéologie me révolte.
Les communes de Rojava appliquent les principes libertaires essentiels de l'anarchisme, et bien qu'elles soient internationalistes, l'émancipation du peuple kurde y est un enjeu très important, comme l'émancipation des femmes!
Je vous conseille les vidéos de L'École du chat noir ( Voir le site et le documentaire ARTE «Ni dieu ni maître» en premier temps.
Il est le temps que le peuple, breton et tous les autres, s'en inspire, et nous travaillerons sans cesse pour cela.
Karantez ha dispac'h!