Le procès de l'ancien trader Jérôme Kerviel s'est ouvert le 8 juin au tribunal correctionnel de Paris. Accusé d'avoir fait perdre près de 5 milliards d'euros à la Société Générale, le Breton risque cinq ans de prison et d'énormes dommages et intérêts. Itinéraire d'un gars de Pont l'Abbé désormais connu comme le loup blanc.
C'est à Pont l'Abbé que commence d'ailleurs le livre témoignage de Jérôme Kerviel (L'engrenage : mémoires d'un trader, éd. Flammarion). Un Noël et une fin de l'année en famille, auprès de sa mère, avec son frère Olivier mais sans son père disparu un an et demi plus tôt à l'âge de 71 ans. « À ma formidable maman si forte et si aimante, à mon père dont la mémoire ne me quitte jamais », conclut Jérôme Kerviel dans les remerciements de son ouvrage.
Ce fils d'un enseignant et d'une patronne d'un salon de coiffure naît et grandit en Pays Bigouden. À l'issue de son Bac ES au lycée Laënnec, il étudie à Quimper puis à l'IUP de Nantes d'où il sort avec une maîtrise en finances. En 1999, il quitte la Bretagne pour suivre un 3e cycle à l'Université de Lyon. Ce diplôme en poche, il rejoint la Société Générale durant l'été 2000 et devient cinq ans plus tard trader junior. Début 2007, il intègre une nouvelle salle de marchés dans l'une des deux tours du siège de La Défense. Même rythme frénétique. Il prend ses premières grosses positions à la vente. D'abord les gains, les positions spéculatives énormes et le début de la fin.
Ce 24 décembre 2007, le trader a pris le train pour se rendre en Bretagne. Loin de la salle des marchés de la SoGé et du « plaisir de rapporter toujours plus à la banque ». «Bravo, tu as été une bonne gagneuse aujourd'hui », lui adressent à l'occasion ses chefs reconnaissance. Son existence est entièrement construite autour de son métier et de la Société Générale : « Comme tous les autres traders, j'étais devenu un être privé d'identité propre, un numéro parmi d'autres au milieu de la foule qui grouillait dans le quartier de La Défense comme dans les couloirs de la Société Générale ».
Dans « L'Engrenage », Jérome Kerviel livre sa part de vérité : « Je ne suis qu'un homme qui a commis des erreurs au sein d'une banque qui les a longtemps admises, parce qu'elle en tirait profit ».
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