A l'occasion de la sortie de son livre «Chanson bretonne», le prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave Le Clézio, invité dans l'émission 28minutes de la chaîne de télévision ARTE, parle de sa Bretagne, le «seul pays stable» de son parcours itinérant, du drame de la disparition de la langue bretonne, et de l'autonomie qu'il souhaiterait pour ce pays.
■Mais dans l'entretien télévisé (0mn24), il prononce bien «Ar c'hleuzioù», montrant par là qu'il a bien entendu le breton dans son enfance, comme il en témoigne (p25 et suivantes).
«Mais qu'en l'espace non pas d'une génération, mais d'une dizaine d'années .../... la musique de la langue bretonne ait cessé de résonner partout où naguère je l'avais entendue .../..., c'était pour moi incompréhensible»
Je confirme ce drame, qui s'est joué durant la décennie 50's. Pour moi, la langue bretonne est la plus belle du monde, celle qui chante aux oreilles comme aucune autre, celle qui met le coeur en joie. Même à travers des mots simples.. Et c'est toujours un plaisir et une chance d'entendre au détour d'une radio un(e) excellent(e) néo-bretonnant(e).
JMG Le Clézio connait-il ce diction breton, qui reflète une sagesse héritée de l'observation de la nature, lorsque l'on faisait et vivait la biodiversité sans le savoir?
«Ar pep pouezusañ eo ar c'hleuziañ, hep kleuziañ n'ho po netra»
«le plus important, ce sont les talus. Sans talus vous n'obtiendrez rien »
1) ll évoque l' ''autonomie'' mais rejette le terme ''indépendance'', alors qu'il exprime clairement le souhait d'une Bretagne vivant comme un pays, disposant de la gestion de son économie et même de sa fiscalité...
Or même sans être ''politicien'', ce qu'il demande c'est bel est bien l'INDEPENDANCE...
Alors où est ce problème très récurent aujourd'hui chez les Bretons, même militants politiques, d'avoir PEUR des mots... (car même un écrivain semble avoir peur des mots, d'un mot... il y a quelque soit d'étrange)
Le plus étonnant est qu'il argumente son rejet du mot ''indépendance'' par un discours très convenu tout en utilisant la définition de ce mot ''indépendance'' pour exprimer ses attentes...
Il faudra un jour solutionner cette problématique si typiquement bretonne d'aujourd'hui.
2) Il présente la Bretagne comme ''pauvre'' et pas seulement pauvre mais ''extrêmement pauvre''... mais avec une petite fierté pour le passage de cet âge ''rigoureux'' à la ''modernité''...
En participant à des débats, même avec des personnes très en pointe dans le mouvement breton, je retrouve pratiquement toujours cette même approche : ''Bretagne très pauvre qui ne serait devenue moderne que depuis peu'', et toujours avec cette petite fierté...
Et cette vision est rabattue encore et toujours... au point qu'intervenir pour remettre en question cette vision pathétique suscite immédiatement un blocage, parfois presque agressif...
Or cette présentation est incroyablement erronée, la Bretagne continentale a 15 siècle d' existence et sur 15 siècle elle doit avoir environ 14 où sa richesse est au minimum équivalent aux autres territoires d'Europe avec des périodes où elle devient même l'un des pays les plus riches de cette Europe... (Et oui, en 15 siècle il a été vu bien plus de Bretons en beaux habits que de Bretons en guenilles...)
Or l'évocation de cette ''pauvreté'' est un incontournable dans le discours, alors qu'elle ne concerne que la période mi-19ème mi-20ème... étrangement, une période dans laquelle tous nos grands parents sont nés, les mêmes qui on perdu la langue et une grande partie de la culture...
NON, la Bretagne n'a jamais été un pays pauvre mais riche voir immensément riche...
Quand on détient pratiquement 50% du commerce maritime entre le 13ème et le 16ème siècle, on n'est pas pauvre...
Quand Louix XIV évoque le mot ''Pérou'' pour qualifier la Bretagne, ce n'est pas pour dire qu'elle est pauvre... c'est pour dire que la Bretagne finançait le fonctionnement de l'état français lui pillant son économie... Et malgré cela à la fin du règne de ce roi violent, alors que la France mourait absolument de faim, ce n'était pas du tout le cas en Bretagne...
Même avant quand les Francs, puis les Vikings attaquent la Bretagne ce n'est pas pour une ingérence humanitaire...
Alors où est le problème des Bretons d'aujourd'hui avec la réalité d'une Bretagne globalement ''RICHE'' sur toute son histoire, même s'il est vrai qu'elle fut très pauvre lors de la naissance de nos grands-parents.
1) La PEUR du mot ''Indépendance'' pudiquement dénigré et remplacé par le mot ''autonomie'' (mot flou et fourre tout) alors que l'on exprime clairement la définition du mot initial,
2) La présentation quasi incontournable d'une Bretagne synonyme de ''pauvreté'' mais devenu ''moderne'' (fierté)... dans un déni assumé de l'histoire longue de ce pays... tout en exprimant la volonté de construire une Bretagne ''prospère" (c'est à dire : riche)...
Ces 2 problématiques doivent être résolues si on veut avancer...
Mais c'est très bien d'entendre une personnalité s'autoriser à s'exprimer déjà en ces termes...
D'où tenez-vous celà? Curieuse assertion.
C'est le P. Julien Maunoir (1606-1683), jésuite, qui a introduit l'usage de la notation écrite des mutations consonantiques en breton. Enfin presque toutes (quelques cas intermédiaires de demi-mutation à l'oral y échappent, j'en sais quelque chose de par mon patronyme)!
Le rôle du P. Maunoir à ce sujet est pourtant abondamment cité un peu partout.dans quantités de livres et articles. Plus simple encore: la transcription à l'écrit des mutations peut se vérifier
en feuilletant livres ou revues anciennes .
Vous me faites penser qu'il serait utile que les écoles, même modestes - ou à défaut les municipalités qui les hébergent - , disposent d'un ou deux ouvrages papier anciens pour:
. monter que le breton est une langue écrite depuis des siècles
. donner aux élèves le sentiment du temps et peut-être susciter la curiosité
A défaut, en cherchant bien, certains sites internet spécialisés peuvent pallier cette carence. Mais qui les fréquente vraiment?. Je crains que maîtres et professeurs n'en aient guère le temps, à supposer qu'ils en aient envie.
Là où je vous rejoins c'est dans le détail ou la pratique constatée.
Certains panneaux parfois, n'ont visiblement pas été relus , certains noms de maison ou de boutiques commerciales n'ont pas bénéficié du conseil d'un simple bretonnant ordinaire. Je trouve que cela heurte la sensibilité, dans la mesure ou la langue s'en trouve écorchée, abîmée.
Certes, si une sensibilisation à la langue, était très largement généralisée, cela ne prêterait guère à conséquence. Mais plusieurs décennies après la rupture linguistique historique, ce n'est plus le cas, vous le savez bien sûr...
Tout autre chose, il arrive que des mutations varient au gré des territoires (puisque la phonologie connaît elle aussi de légères variations) .
C'est le cas aussi de l'article al/an/ar. La toponymie (panneaux de lieux-dits, par exemple), indépendamment des anicroches mentionnées plus haut, révèle parfois des particularismes et nous renseigne alors sur le parler local. Je l'ai observé en Cornouaille maritime. Le Vannetais également présente des particularités.
Certaines mutations peuvent aussi être facultatives. Exemples après pe. Tu pe du (d'un côté ou de l'autre). Glas pe gwenn (bleu ou blanc). Dans le cas de pe (qui signifie ou), je me demande s'il s'agit simplement de phonologie, ou pas également de sémantique (ou inclusif / ou exclusif).
. Tu pe du : d'un côté ou de l'autre (ou exclusif), voire des deux côtés simultanément (ou inclusif).
. Glas pe gwenn: bleu ou blanc, au sens exclusif de soit bleu, soit blanc.
Quelqu'un aurait-il un avis ou une expérience à partager? Hag unan bennak a vefe dezhañ un ali pe un tamm skiant diwar-benn-se?
A galon
Oui, cette manière de réagir est quasi systématique dans nombre de réunions du mouvement breton (surtout si le public est susceptible d'accueillir des institutionnels ou des journalistes) et c'est encore plus vrai si les personnes sont d'un niveau de culture général élevé (ils limitent la mémoire bretonne à moins d'1 siècle... )
Je perçois cette démarche comme un acte rituel pour ''s'autoriser'' à parler de Bretagne dans une dimension politique... Et c'est justement ce que fait JM le Clézio parce qu'il s'exprime sur une TV hexagonale en évoquant l'indépendance (qu'il qualifie d'autonomie)...
On sait que s'exprimer sur ce sujet ouvre la possibilité des représailles, au minimum un blocage de la journaliste et si on est universitaire une possible mise au placard. Mais c'est justement notre autocensure systémique qui ouvre la possibilité à ces représailles, car on limite ce débat à l'exception.
Si tous nous assumions notre histoire et notre droit à nous exprimer sur notre démocratie (notre droit à recouvrer notre indépendance), la possibilité de représailles sera très largement amoindrie.
Souvenons-nous : dans les années 60 mettre sur sa voiture un simple autocollant BZH vous amenait en prison. Cela pouvait se faire pour quelques automobilistes, mais cela ne pouvait plus se faire quand ils furent des milliers... Résultat : aujourd'hui même les services administratifs disposent d'un ''.bzh'' et le drapeau national existe officiellement sur nos plaques d'immatriculation (sauf 44).
Si nous cessons de pratiquer l'autocensure, dans 20 ans même la TV française fera des reportages pour expliquer le point de vue breton aux français....
@pcosquer
Sur un point :
Je ne pense pas que nos grands-parents ont adopté la République en étant poussés par les élites...
On oublie trop rapidement la violence (en dimension et intensité) qui a été exercé sur nos grands-parents alors qu'ils n'étaient que de simples enfants à l'école...
Je n'ai entendu qu'une seule fois un universitaire expliquer sans autocensure ce qui a été fait à nos grands-parents (alors même qu'il y avait des élus dans la salle). Ce qui m'a surpris, c'est le nombre de personnes (dont bcp de militants) qui avouaient les yeux impressionnés qu'ils venaient d'apprendre quelque chose, certes ils savaient mais ils n'avaient jamais imaginé que ce fut aussi violent/traumatisant.
De plus au 19ème siècle, les partis anti-républicains (souvent royalistes) faisaient parti du paysage politique, c'était normal et banal (alors qu'aujourd'hui on nous explique qu'après 1789, tout le monde était Républicain). Aujourd'hui, il n'y a plus aucun parti anti-Républicain et se dire anti-Républicain c'est se faire immédiatement qualifier d’extrême droite (nazi / fasciste)...
Or on sait que le mouvement breton a viré à gauche, voir extrême gauche, depuis 40 ans. Les militants politiques bretons sont aujourd'hui les premiers a avoir un intérêt à ce que la mémoire ne se transmette pas... On n'a plus le droit d'être anti-Républicain... et c'est tout simplement désastreux...! (Attention : ici la République c'est une idéologie)
Il est interdit de se souvenir que les Bretons étaient favorables à la monarchie, non par amour pour le roi de France, mais bien parce qu'en vertu de l'édit de 1532, le roi était le ''garant des libertés de la Bretagne''*... or aujourd'hui, cette réalité, nombre de nos militants voudraient l'effacer des mémoires (ils travaillent dans le même sens que la République)...
* certes il y a eu l'épisode de Louis XIV mais globalement tous les rois de France ont respecté cet édit tant que les Bretons exigeaient le respect des engagement du roi. Et encore, à l'époque de Louis XIV la France mourrait de faim ce qui n'était pas vrai en Bretagne...
Aujourd'hui, les Bretons n'exigent plus aucun respect de leur droit... ils ont perdu la mémoire...!
D'où le mot ''indépendance'' est interdit (même après 11 siècle d'indépendance et 14 siècles d'institutions propres), et la pauvreté de la Bretagne est l'image historique officielle alors que cela n'a jamais existé (sauf pour nos grands-parents et nos arrières-grands-parents soit 2 générations sur 15 siècles).
Alors on s'excuse quand on ose parler...! Et il faut mettre fin à cela!
Ma grand-mère (simple ouvrière) a commencé en m'enseigner la langue et de plus elle m'expliquait où sur quels arbres Louis XIV avait fait prendre les gens (elle n'avait pas appris cela à l'école et lisait très peu... la fameuse tradition orale).
Sauf que lorsque j'ai eu 6 ans, tout fut fini : plus 1 mot en breton...
Ma Grand-Mère m'en donna l'explication (1 seule et unique fois, j'ignore comment j'ai garder cette phrase dans ma mémoire mais je l'ai gardé... : '' si je continue, tu auras des ennuis plus tard quand tu seras grand...''
J'ai mis du temps à comprendre. Pour cela il m'a fallu rassembler toutes ses petites phrases ici et là, rare très rare, mais qui évoquait ses 4 années (8 à 12 ans) passées à l'école mais aussi nombre d'éléments de sa vie d'adulte...
Aujourd'hui, les Bretons (qui souvent s'émeuvent pour des gens à l'autre coté de la terre) n'arrivent toujours pas à intégrer (même quand ils le savent) le niveau que violence psychologique qui a été fait envers des enfants qui étaient leurs propres grands-parents...
Ma grand-mère, comme toutes nos grands-mères et nos grands-pères, n'ont pas transmis... car ils avaient simplement peur pour nous... Ils voulaient nous protéger...!
Toute leur vie, ils ont du gérer ce traumatisme...
Car les actions psychologiques ont continués... notamment dans l'après-guerre...
Comme je le disais, aujourd'hui il n'existe plus aucun parti anti-Républicain...
Oser se dire ''anti-Républicain'', c'est prendre le risque de voir la majorité des militants bretons vous qualifier de ''fasciste'' (alors que Mussolini était une grand admirateur de la République, comme Lénine d'ailleurs...).
Nos grands-parents nés autour de la 1ère GM on été laminé psychologiquement durant toute leur vie. Avec en filigrane la promesse que leur descendance vivrait la même chose elle ne devenait pas Français/Républicain...
Je ne pense pas qu'il y ait des élites quand le fonctionnement d'un pays est imposé par la volonté d'un autre (la Bretagne n'a aucune possibilité à décider depuis 1789)... Si une personne veut devenir une ''élite'' (avoir un pouvoir de décision), elle doit être Républicain (encore plus vrai quand les partis anti-Républicains ont disparu du paysage au début du 20ème siècle)...
C'est pour cela que je pense que l'avenir politique des Bretons passent par le rejet de la République... (la République n'étant qu'une idéologie centralisatrice dominant les peuples au profit d'une minorité oligarchique).
@ Alain E.Vallée
"une France fédérale dans une UE fédérale est nécessaire car prometteuse, efficace et pacifique.''
Votre vision est une illusion issue de notre éducation (endoctrinement) à l'idée Républicaine et à l'idée de France...
Mais je pense que vous êtres très sincère en le pensant.
Le problème, c'est que la Bretagne ne peut être un élément de la France... Simplement parce que la Bretagne n'a strictement rien à voir avec la France... Il s'agit de 2 pays DIFFERENTS.
Que la France devienne fédérale, c'est à l'évidence une bonne idée...
Mais la France ne deviendra JAMAIS une fédération, tant qu'elle persistera à intégrer des nations qui ne sont pas françaises...
L'histoire de France commence au 13ème siècle (les historiens n'ont aucun doute là dessus et tant pis pour l'école de la République), alors que l'histoire de la Bretagne continentale commence au plus tard au 5ème siècle (aucun historien européen ne dira autre chose)...
Croire l'inverse, c'est réécrire l'histoire...
Réécrire l'histoire de Bretagne (qui n'a JAMAIS souhaité un fédéralisme avec la France) mais aussi réécrire l'histoire de France (qui est un pays construit pas la force militaire et JAMAIS par un projet commun : à l'inverse du mensonge qu'on entend régulièrement).
Donc pour y parvenir : il faudrait effacer l'histoire de ces 2 pays... chose impossible (même si bcp y travaillent...)
Si la chose était possible alors, il y aurait eu une Algérie dans une France fédérale...
Le fait que les Bretons soient blancs ne justifient pas plus le fédéralisme avec la France...
=>La seule et unique chose qui unie la France et la Bretagne, c'est l'histoire de l'Europe et de l'occident!
Donc, une Bretagne et une France unie dans un fédéralisme Européen... Pourquoi pas...!
Et OUI cette France pourrait être fédérale... D'ailleurs, je pense très sérieusement que ce fédéralisme est l'avenir de la France, mais la Bretagne n'en fait pas parti...
On ne fait pas du ''prometteur, de l' efficace, du pacifique''... en imaginant qu'un mariage forcé deviendra heureux!
C'est bien pour cela que les mariages forcés sont interdit!