Jean-Marie Le Clézio souhaiterait une Bretagne autonome

Reportage publié le 11/06/20 19:55 dans Littérature par Philippe Argouarch pour Philippe Argouarch
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sur ARTE
JMG Le Clézio sur ARTE 28 minutes (374 vues)

A l'occasion de la sortie de son livre «Chanson bretonne», le prix Nobel de littérature Jean-Marie Gustave Le Clézio, invité dans l'émission 28minutes de la chaîne de télévision ARTE, parle de sa Bretagne, le «seul pays stable» de son parcours itinérant, du drame de la disparition de la langue bretonne, et de l'autonomie qu'il souhaiterait pour ce pays.


Vos commentaires :
Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
Page 39 du livre «Chanson bretonne» (Gallimard, 2020), J.M.G. Le Clézio écrit effectivement: «Ar kleuziou», notre nom de famille. ce qui fera mal aux oreilles de n'importe quel familier de la langue.

Mais dans l'entretien télévisé (0mn24), il prononce bien «Ar c'hleuzioù», montrant par là qu'il a bien entendu le breton dans son enfance, comme il en témoigne (p25 et suivantes).

«Mais qu'en l'espace non pas d'une génération, mais d'une dizaine d'années .../... la musique de la langue bretonne ait cessé de résonner partout où naguère je l'avais entendue .../..., c'était pour moi incompréhensible»

Je confirme ce drame, qui s'est joué durant la décennie 50's. Pour moi, la langue bretonne est la plus belle du monde, celle qui chante aux oreilles comme aucune autre, celle qui met le coeur en joie. Même à travers des mots simples.. Et c'est toujours un plaisir et une chance d'entendre au détour d'une radio un(e) excellent(e) néo-bretonnant(e).

JMG Le Clézio connait-il ce diction breton, qui reflète une sagesse héritée de l'observation de la nature, lorsque l'on faisait et vivait la biodiversité sans le savoir?

«Ar pep pouezusañ eo ar c'hleuziañ, hep kleuziañ n'ho po netra»
«le plus important, ce sont les talus. Sans talus vous n'obtiendrez rien »


Jacques
Vendredi 15 novembre 2024
Intéressant:
Je note 2 points utiles à mon sens à notre réflexion.

1) ll évoque l' ''autonomie'' mais rejette le terme ''indépendance'', alors qu'il exprime clairement le souhait d'une Bretagne vivant comme un pays, disposant de la gestion de son économie et même de sa fiscalité...

Or même sans être ''politicien'', ce qu'il demande c'est bel est bien l'INDEPENDANCE...

Alors où est ce problème très récurent aujourd'hui chez les Bretons, même militants politiques, d'avoir PEUR des mots... (car même un écrivain semble avoir peur des mots, d'un mot... il y a quelque soit d'étrange)

Le plus étonnant est qu'il argumente son rejet du mot ''indépendance'' par un discours très convenu tout en utilisant la définition de ce mot ''indépendance'' pour exprimer ses attentes...

Il faudra un jour solutionner cette problématique si typiquement bretonne d'aujourd'hui.

2) Il présente la Bretagne comme ''pauvre'' et pas seulement pauvre mais ''extrêmement pauvre''... mais avec une petite fierté pour le passage de cet âge ''rigoureux'' à la ''modernité''...

En participant à des débats, même avec des personnes très en pointe dans le mouvement breton, je retrouve pratiquement toujours cette même approche : ''Bretagne très pauvre qui ne serait devenue moderne que depuis peu'', et toujours avec cette petite fierté...

Et cette vision est rabattue encore et toujours... au point qu'intervenir pour remettre en question cette vision pathétique suscite immédiatement un blocage, parfois presque agressif...

Or cette présentation est incroyablement erronée, la Bretagne continentale a 15 siècle d' existence et sur 15 siècle elle doit avoir environ 14 où sa richesse est au minimum équivalent aux autres territoires d'Europe avec des périodes où elle devient même l'un des pays les plus riches de cette Europe... (Et oui, en 15 siècle il a été vu bien plus de Bretons en beaux habits que de Bretons en guenilles...)

Or l'évocation de cette ''pauvreté'' est un incontournable dans le discours, alors qu'elle ne concerne que la période mi-19ème mi-20ème... étrangement, une période dans laquelle tous nos grands parents sont nés, les mêmes qui on perdu la langue et une grande partie de la culture...

NON, la Bretagne n'a jamais été un pays pauvre mais riche voir immensément riche...
Quand on détient pratiquement 50% du commerce maritime entre le 13ème et le 16ème siècle, on n'est pas pauvre...
Quand Louix XIV évoque le mot ''Pérou'' pour qualifier la Bretagne, ce n'est pas pour dire qu'elle est pauvre... c'est pour dire que la Bretagne finançait le fonctionnement de l'état français lui pillant son économie... Et malgré cela à la fin du règne de ce roi violent, alors que la France mourait absolument de faim, ce n'était pas du tout le cas en Bretagne...
Même avant quand les Francs, puis les Vikings attaquent la Bretagne ce n'est pas pour une ingérence humanitaire...

Alors où est le problème des Bretons d'aujourd'hui avec la réalité d'une Bretagne globalement ''RICHE'' sur toute son histoire, même s'il est vrai qu'elle fut très pauvre lors de la naissance de nos grands-parents.

1) La PEUR du mot ''Indépendance'' pudiquement dénigré et remplacé par le mot ''autonomie'' (mot flou et fourre tout) alors que l'on exprime clairement la définition du mot initial,
2) La présentation quasi incontournable d'une Bretagne synonyme de ''pauvreté'' mais devenu ''moderne'' (fierté)... dans un déni assumé de l'histoire longue de ce pays... tout en exprimant la volonté de construire une Bretagne ''prospère" (c'est à dire : riche)...

Ces 2 problématiques doivent être résolues si on veut avancer...

Mais c'est très bien d'entendre une personnalité s'autoriser à s'exprimer déjà en ces termes...


sparfell
Vendredi 15 novembre 2024
Décortiquons ensemble les quelques minutes que Arte a bien voulu consacrer à Le Clezio. Passons très vite sur le terme facétie qu'évoque la présentatrice quand elle parle du souhait de l'écrivain de voir «possible l'autonomie de la Bretagne.» Facétie, terme condescendant, voire méprisant, mais tout à fait en place dans la bouche d'une parisiano-centrée visiblement incapable de comprendre que la Bretagne puisse un jour être libre de peser un tant soit peu sur son avenir. Mais ce qui m'a le plus intrigué, c'est l'attitude et les propos de Le Clézio quand la même présentatrice évoque le terme d'indépendance. Un mot, mais surtout un concept qu'il s'empresse de rejeter au motif que «ce serait dépassé.» J'invite donc en toute humilité Le Clézio à jeter un oeil sur ce qui se passe en Catalogne, Ecosse, et tout récemment, au Pays de Galles (un sondage fait état que 25% des Gallois seraient favorables à l'indépendance de leur pays). Ce terme indépendance fait visiblement peur :la preuve, Le Clézio s'empresse d'ajouter qu'il n'est pas un politicien, ce que l'on peut traduire par «je n'ai pas la légitimité pour parler de celà» (conforté en cela par la parisiano-centrée qui l'invite fortement à rester... écrivain! ) C'est son droit, mais c'est surtout pratique, car le sous-entendu manifeste, c'est : il faut être engagé en politique pour se prononcer sur l'indépendance de la Bretagne! Surprenant, mais pas tant que ça, car il faut avouer que pour la très grande majorité des partis politiques bretons, toutes tendances confondues, ce mot indépendance fait aussi peur. Question : quand, enfin, verrais-je mon pays libre?

Nikolaz Miliner
Vendredi 15 novembre 2024
Naon-e-dad, il n'y a que depuis assez récemment que les mutations s'orthographient telles qu'elles sont prononcées, depuis l'entre-deux guerres et par très peu à cette époque me semble-t-il. Il se peut donc très bien que son nom était ainsi écrit dans les anciens documents. On lui pardonnera donc.

P. Le Guern
Vendredi 15 novembre 2024
« Je ne dirais pas l’indépendance, parce que je crois que ce n’est plus d’actualité. On a passé l’époque des indépendances » (Jean-Marie Gustave Le Clézio).
Je n'ai pas le temps de regarder, aussi M. Le Clézio, trouvez rapidement un vol pour Nouméa et un autre pour Cardiff (S'il vous reste du temps Edimburgh) faire part de votre sentiment :
- référendum Kanak en octobre 2020.
- Un quart des électeurs gallois sont désormais favorables à l’indépendance du Pays de Galles selon un dernier sondage. Soit la proportion la plus élevée jamais enregistrée.
- « Pour nous les Ecossais, l’indépendance est le seul moyen de rester dans l’Europe » ( eurodéputé Christian Allard ).
- En 2013, un sondage réalisé par le magazine «BRETONS» a révélè que 53% des jeunes Bretons de moins de 35 ans se déclaraient favorables à l’indépendance de la Bretagne. La couverture de ce magasine avait immédiatement été censurée et il avait été demandé aux buralistes et presse de retirer sans délai les exemplaires en vente.
- Pour finir par une touche «exotique», lors du Référendum sur l'indépendance de la Région autonome de Bougainville, le OUI à l'indépendance l'a emporté à 98,31%, le oui à l'autonomie 1,69% et pour rappel, l’Assemblée générale de l’ONU a adopté, en 2013, une résolution plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, affirmant «le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l’autodétermination et à l’indépendance», conformément à la Charte de l’ONU et l'article 73 sur les etc etc...

Ar Vran
Vendredi 15 novembre 2024
@jacques
«Ces 2 problématiques doivent être résolues si on veut avancer...»
C'est très simple à comprendre.
-Le mot indépendance est vécu en France métropolitaine comme une anomie, pire un gros mot dans un pays qui se targue d'être le pays de la civilisation, du progrès
-La mise en avant systématique d'une Bretagne pauvre permet par défaut d'accréditer que c'est grâce à la France que la Bretagne s'est enfin développée,certes cela s'est fait au dépend de sa langue mais comme on dit on ne fait pas d'omelette sans casser les oeufs.
Bref que sans la France, la Bretagne serait encore au Moyen-Âge.
Alors que bien sûr tout cela est faux, mais cela permet à de nombreux Bretons de croire qu'ils ont toujours un intérêt à être/rester Français.

Reun Allain
Vendredi 15 novembre 2024
@ Jacques. Comme vous j'ai tiqué sur cette présentation d'une «Bretagne pauvre». Comme quoi les clichés, ont la vie très dure dénotant une acculturation vis à vis de l'Histoire de la Bretagne chez des personnes de bonne culture générale. Apparemment il n'a pas lu l'ouvrage de sa consœur Irène Frain: «Quand les Bretons peuplaient les mers» Le problème est que cela renforce un cliché qui n'avait pas vraiment besoin de ça.

pcosquer
Vendredi 15 novembre 2024
@jacques Les bretons ont fini par voter républicain au début du 20ème siècle alors qu'ils se méfiaient de la république jusqu' à la fin du 19 ème ( un siècle après la révolution mal digérée, ce n'est pas grand chose pour une mémoire d'homme)... Je pense que ce vote est un vote de lassitude et de classe ... ce n'était pas l'intérêt des Bretons de voter républicain compte tenu des lois de la 3ème république qui étaient totalement en opposition à ce que pouvait êtres le peuple Breton ( le colonialisme par exemple: les députés Breton de droite semblent avoir voté contre en 1885, l'idée ne faisait pas encore recette en Bretagne ) ...ce sont effectivement nos arrières grand-parents qui sont tombé dans ce piège. Je pense qu'ils ont épousé le «progrès» et l'idéologie qui va avec parce que les élites de l'époque ( conservatrice) les ont probablement poussés à le faire... Il serait intéressant de connaître l'attitude de ces élites au début du 20ème...La gestion du pays n'était sûrement pas favorable aux gens simples de Bretagne ( cf les grèves de 1925 Douarnenez ) L'installation des idées communistes ne s'est pas faite sans que l'ambiance ne s'y prête...Aujourd'hui, les fils et filles héritier(e) de ce choix politique ont par nature beaucoup de mal à s'affranchir d'un jugement parental... Nous sommes à la troisième et quatrième génération à jouer le même jeu que nos arrières- grands-parents ( avec l'assimilation en plus) ... Cependant la troisième génération n'est aujourd'hui pas vraiment d'accord avec ses aînés sur le plan de la langue tout au moins...en même temps, non seulement cette génération reste muette mais ont l'a tout bonnement ignorée; je veux dire par là qu'il ne semble pas y avoir d'opinion officielle qui fouille vraiment le problème. Et le problème est pourtant conséquent : sur la langue mais par extension sur le choix politique... Le courage est de savoir exprimer son désaccord avec ses parents et grands-parents... C'est assez contre nature... Il y a aussi un blocage à ce niveau et ce constat hé bien me semble ne jamais avoir été travaillé.

Fañch ar Vilin
Vendredi 15 novembre 2024
@ Jacques
J’ai eu exactement la même réaction que vous sur ces deux points et j’ai trouvé cette émission tellement franco-parisienne, d'une telle condescendance que je ne regrette pas de ne plus regarder la télé depuis longtemps,.
J’y ajouterai un troisième point : Le Clézio aime la langue bretonne et regrette de la voir disparaître. Je ne remets pas en cause sa sincérité sur ce qu’il dit mais s’il aime tant la langue bretonne qu’a-t-il fait ou que fait-il pour elle ?

Colette Trublet
Vendredi 15 novembre 2024
La dynamique de nos vainqueurs s'est étalée sur 5 ou 6 siècles ? D'abord piller et appauvrir notre pays, ensuite dominer, humilier et abêtir (privation langues, histoire) puis favoriser les vaincus autochtones qui suivent le mouvement pour enfin pouvoir vivre, sinon exister. C'est à dire devenir citoyens de la République Française sur la terre même de nos ancêtres en se mettant du côté des vainqueurs, au moins en apparence, et seulement du point de vue politique, (ce qui, au quotidien était relégué à l'arrière-plan faute d'information, avant que radio et télé ne nous enfument assidûment). L'intelligence collective bretonne a cherché des issues (emsav). Et nous voilà en train de pouvoir exprimer notre droit à exister pour ce que nous sommes : des Bretons et des Bretonnes, amicaux avec voisins et parents des autres pays européens. La guerre étant impossible, et quoiqu'il en soit, elle n'est pas souhaitable, nous devons gagner sur le terrain de l'intelligence pour récupérer notre droit à exister. Notre intelligence collective est à l'œuvre : Diwan (enseignement de la maternelle à l'Université) Bretagne prospective (économie) Produit en Bretagne (marché). Le CELIB nous a montré la voie. Nous avons dit NON au nucléaire (Plogoff), NON à l'aéroport NDL (Notre Dame des Landes) Réseau routier breton : GRATUIT ! etc... Nous ne sommes pas si bêtes ... La preuve ! et nous sommes déterminés. Donnons-nous encore la main !

Naon-e-dad
Vendredi 15 novembre 2024
@Nikolaz Miliner

D'où tenez-vous celà? Curieuse assertion.

C'est le P. Julien Maunoir (1606-1683), jésuite, qui a introduit l'usage de la notation écrite des mutations consonantiques en breton. Enfin presque toutes (quelques cas intermédiaires de demi-mutation à l'oral y échappent, j'en sais quelque chose de par mon patronyme)!

Le rôle du P. Maunoir à ce sujet est pourtant abondamment cité un peu partout.dans quantités de livres et articles. Plus simple encore: la transcription à l'écrit des mutations peut se vérifier
en feuilletant livres ou revues anciennes .

Vous me faites penser qu'il serait utile que les écoles, même modestes - ou à défaut les municipalités qui les hébergent - , disposent d'un ou deux ouvrages papier anciens pour:
. monter que le breton est une langue écrite depuis des siècles
. donner aux élèves le sentiment du temps et peut-être susciter la curiosité

A défaut, en cherchant bien, certains sites internet spécialisés peuvent pallier cette carence. Mais qui les fréquente vraiment?. Je crains que maîtres et professeurs n'en aient guère le temps, à supposer qu'ils en aient envie.

Là où je vous rejoins c'est dans le détail ou la pratique constatée.

Certains panneaux parfois, n'ont visiblement pas été relus , certains noms de maison ou de boutiques commerciales n'ont pas bénéficié du conseil d'un simple bretonnant ordinaire. Je trouve que cela heurte la sensibilité, dans la mesure ou la langue s'en trouve écorchée, abîmée.

Certes, si une sensibilisation à la langue, était très largement généralisée, cela ne prêterait guère à conséquence. Mais plusieurs décennies après la rupture linguistique historique, ce n'est plus le cas, vous le savez bien sûr...

Tout autre chose, il arrive que des mutations varient au gré des territoires (puisque la phonologie connaît elle aussi de légères variations) .

C'est le cas aussi de l'article al/an/ar. La toponymie (panneaux de lieux-dits, par exemple), indépendamment des anicroches mentionnées plus haut, révèle parfois des particularismes et nous renseigne alors sur le parler local. Je l'ai observé en Cornouaille maritime. Le Vannetais également présente des particularités.

Certaines mutations peuvent aussi être facultatives. Exemples après pe. Tu pe du (d'un côté ou de l'autre). Glas pe gwenn (bleu ou blanc). Dans le cas de pe (qui signifie ou), je me demande s'il s'agit simplement de phonologie, ou pas également de sémantique (ou inclusif / ou exclusif).
. Tu pe du : d'un côté ou de l'autre (ou exclusif), voire des deux côtés simultanément (ou inclusif).
. Glas pe gwenn: bleu ou blanc, au sens exclusif de soit bleu, soit blanc.

Quelqu'un aurait-il un avis ou une expérience à partager? Hag unan bennak a vefe dezhañ un ali pe un tamm skiant diwar-benn-se?

A galon


Alain E. VALLÉE
Vendredi 15 novembre 2024
Autonome : « Qui a sa propre loi ».
D’où l’on déduit que les indépendantistes et les fédéralistes sont des autonomistes absolus ou relatifs, et les régionalistes, les décentralisateurs et autres ‘’déconcentrateurs’’ de plus ou moins zélés aménageurs du jacobinisme centralisateur.
L'autonomie relative, soit le fédéralisme, serait pour la Bretagne un extraordinaire avantage et une sorte de retour à son statut d'après son annexion (1532) qui fonctionna plus ou moins bien du fait de l'État, jusqu'en 1789. Depuis, la Bretagne a juridiquement disparu pour n'exister que selon des départements actuellement réunis sur le mode charcutage, quatre sur cinq, c'est-à-dire sans la Loire Atlantique. Elle a même perdu son nom pour n'être plus qu'un adjectif : «Région Bretagne» comme région pourrait être qualifiée de 'jaune', 'jubilatoire', 'jeune', ...!
Ainsi, la Bretagne a deux problèmes : être réunie et disposer d'une capacité légale selon le principe de la subsidiarité. Il devient vital de :
- Réformer le Sénat de telle manière qu'il devienne un Bundesrat ?
- Élire l'Assemblée nationale à la proportionnelle mais avec un score minimum tel que les «groupuscules» soient non représentés et les coalitions nécessaires pour maintenir la stabilité de la majorité soutenant le gouvernement. Ailleurs on sait ainsi représenter le peuple ;
- Instituer une Assemblée unique regroupant les cinq départements et la région de la Bretagne ;
- Créer les pays regroupant les communes.
- Tout ceci, pour être efficace, impliquerait la suppression de l'élection du président au suffrage universel direct. Elle renforce la centralisation de tout et du reste dans quelques bureaux à l'Élysée et elle provoque une détestable confusion entre État et gouvernement.
Le paradoxe français est tel que les Territoires d'outre-mer fonctionnent avec une assemblée unique dans laquelle une majorité soutient un gouvernement avec à sa tête un ministre - président en charge des responsabilités autonomes. Ce régime français pour l'Outre-mer ne pourrait-il pas être aussi appliqué en métropole ?
Dans la France centralisée et uniforme telle est depuis 1789, l'indépendance de quoi que ce soit ne fut, n'est et ne serait qu'une dangereuse illusion. Mais, dans le propre intérêt de la France qui fonctionne si mal à si cher en temps ordinaire et en temps de crise (cf : Covid), sa fédéralisation est simplement indispensable.
Comme tout se tient, une France fédérale dans une UE fédérale est nécessaire car prometteuse, efficace et pacifique. En effet, la France étant le seul État membre centralisé, il faut simplement considérer qu'il doit bien y avoir quelques raisons si les autres États de l'UE sont des fédérations (Allemagne) ou des systèmes d'autonomies (Espagne).
AV

Jacques
Vendredi 15 novembre 2024
Merci à vous tous pour ces retours,

Oui, cette manière de réagir est quasi systématique dans nombre de réunions du mouvement breton (surtout si le public est susceptible d'accueillir des institutionnels ou des journalistes) et c'est encore plus vrai si les personnes sont d'un niveau de culture général élevé (ils limitent la mémoire bretonne à moins d'1 siècle... )

Je perçois cette démarche comme un acte rituel pour ''s'autoriser'' à parler de Bretagne dans une dimension politique... Et c'est justement ce que fait JM le Clézio parce qu'il s'exprime sur une TV hexagonale en évoquant l'indépendance (qu'il qualifie d'autonomie)...

On sait que s'exprimer sur ce sujet ouvre la possibilité des représailles, au minimum un blocage de la journaliste et si on est universitaire une possible mise au placard. Mais c'est justement notre autocensure systémique qui ouvre la possibilité à ces représailles, car on limite ce débat à l'exception.

Si tous nous assumions notre histoire et notre droit à nous exprimer sur notre démocratie (notre droit à recouvrer notre indépendance), la possibilité de représailles sera très largement amoindrie.

Souvenons-nous : dans les années 60 mettre sur sa voiture un simple autocollant BZH vous amenait en prison. Cela pouvait se faire pour quelques automobilistes, mais cela ne pouvait plus se faire quand ils furent des milliers... Résultat : aujourd'hui même les services administratifs disposent d'un ''.bzh'' et le drapeau national existe officiellement sur nos plaques d'immatriculation (sauf 44).

Si nous cessons de pratiquer l'autocensure, dans 20 ans même la TV française fera des reportages pour expliquer le point de vue breton aux français....

@pcosquer
Sur un point :
Je ne pense pas que nos grands-parents ont adopté la République en étant poussés par les élites...

On oublie trop rapidement la violence (en dimension et intensité) qui a été exercé sur nos grands-parents alors qu'ils n'étaient que de simples enfants à l'école...

Je n'ai entendu qu'une seule fois un universitaire expliquer sans autocensure ce qui a été fait à nos grands-parents (alors même qu'il y avait des élus dans la salle). Ce qui m'a surpris, c'est le nombre de personnes (dont bcp de militants) qui avouaient les yeux impressionnés qu'ils venaient d'apprendre quelque chose, certes ils savaient mais ils n'avaient jamais imaginé que ce fut aussi violent/traumatisant.

De plus au 19ème siècle, les partis anti-républicains (souvent royalistes) faisaient parti du paysage politique, c'était normal et banal (alors qu'aujourd'hui on nous explique qu'après 1789, tout le monde était Républicain). Aujourd'hui, il n'y a plus aucun parti anti-Républicain et se dire anti-Républicain c'est se faire immédiatement qualifier d’extrême droite (nazi / fasciste)...

Or on sait que le mouvement breton a viré à gauche, voir extrême gauche, depuis 40 ans. Les militants politiques bretons sont aujourd'hui les premiers a avoir un intérêt à ce que la mémoire ne se transmette pas... On n'a plus le droit d'être anti-Républicain... et c'est tout simplement désastreux...! (Attention : ici la République c'est une idéologie)

Il est interdit de se souvenir que les Bretons étaient favorables à la monarchie, non par amour pour le roi de France, mais bien parce qu'en vertu de l'édit de 1532, le roi était le ''garant des libertés de la Bretagne''*... or aujourd'hui, cette réalité, nombre de nos militants voudraient l'effacer des mémoires (ils travaillent dans le même sens que la République)...

* certes il y a eu l'épisode de Louis XIV mais globalement tous les rois de France ont respecté cet édit tant que les Bretons exigeaient le respect des engagement du roi. Et encore, à l'époque de Louis XIV la France mourrait de faim ce qui n'était pas vrai en Bretagne...

Aujourd'hui, les Bretons n'exigent plus aucun respect de leur droit... ils ont perdu la mémoire...!

D'où le mot ''indépendance'' est interdit (même après 11 siècle d'indépendance et 14 siècles d'institutions propres), et la pauvreté de la Bretagne est l'image historique officielle alors que cela n'a jamais existé (sauf pour nos grands-parents et nos arrières-grands-parents soit 2 générations sur 15 siècles).

Alors on s'excuse quand on ose parler...! Et il faut mettre fin à cela!


pcosquer
Vendredi 15 novembre 2024
@Jacques...relisez mon texte, je parle du début du 20ème uniquement et j'évoque nos arrières grands parents nés avant 1900 ( disons 1880 ), pas nos grands-parents ( croyez moi je connais très bien la violence d'état menée sur nos grands-parents et qui a été menée jusqu'aux années 60 ce qui concerne ma génération et la votre aussi j'imagine... j' ajoute à cela, la violence du silence jusqu'aux année 80, aussi, qui à été tout aussi désastreuse pour la place du Breton victime d'un paternalisme ignorant probablement volontaire de la part de l'éducation nationale, sans compter l'abandon de la langue aussi par l'église, mais aussi le tabou breton... ) mais cette violence d'état ( planifiée depuis au moins 1830 dans la logique de la révolution) sur la langue est arrivée sous, sa nouvelle forme, celle de la 3ème république, peu ou prou en même temps que le basculement politique...ce que j'exprime est extrêmement logique si les idées « de progrès » n'avaient pas pénétrées la société bretonne, il y a de forte chance que la langue serait encore parlée aujourd'hui dans la mesure ou le règlement politique en Bretagne serait resté bien plus interne à la société Bretonne que guidé par les partis français ( une lutte des classes Bretonne si vous voulez ce qui a toujours eu lieu finalement en Bretagne la bourgeoisie ayant pris le relais de la noblesse... les petits restants les petits ) . La question qui se pose est pourquoi les Bretons ont voté républicain en sachant pertinemment qu'ils abandonnaient de fait leur identité? ( les gens n'étaient pas naïfs au point d'ignorer à une centaine d'année près les résultats de la révolution Française: perte des spécificités Bretonnes, la résistance farouche menée par les chouanneries, par ce que leurs droits s'évaporaient ou pour reprendre votre remarque : «mais bien parce qu'en vertu de l'édit de 1532, le roi était le ''garant des libertés de la Bretagne''» ).
Je persiste donc à croire que les élites du moment ont poussé les Bretons à voter pour une autre autorité...une autorité qui en apparence leurs offrait «mieux » ( une potentielle liberté par exemple ou une magnifique émancipation ) . Je ne vois pas d'autre explication que celle liée à un comportement négatif des autorités bretonnes de l'époque envers le peuple Breton... Les agitateurs politiques et autres journaux de propagande ont du faire le reste pour le basculement. Les deux camps politiques sont coupables à mon sens de la perte d'identité bretonne avec entre autre le résultat catastrophique sur la langue Bretonne. L'assimilation linguistique à été connue véritablement par la troisième génération qui a subit le processus d'ethnocide... Avant il fallait mater les esprits ( grands parents et parents )... Mais le résultat est tombé il y a 50 à, 60 ans.... Je persiste aussi à ne pas comprendre pourquoi cette génération n'est pas véritablement appelée à témoigner car elle est le lien historique et humain, ce qui lui confère une puissance de témoignage extraordinaire.

Anne Merrien
Vendredi 15 novembre 2024
L'entretien avec J-M. G. Le Clézio a été suivi d'un débat qui cherchait à comprendre pourquoi nous sommes si mal gouvernés, dans un climat de défiance généralisée. J'ignore si les intervenants avaient eu connaissance des propos précédents de J-M. G. Le Clézio, mais aucun n'a jugé bon de rebondir sur le concept d'autonomie régionale...

Brocélbreizh
Vendredi 15 novembre 2024
Merci à ABP pour cet article.
Les autonomies politiques ne sont pas des concepts flous à la différence du terme «indépendance» dans l' Europe au XXIème siècle. Encore faut-il s'y intéresser !
Pour ceux qui s'exclameraient : «Et la Catalogne alors ?» Et bien comparez-la au pays Basque.
Toutefois, l'indépendance de notre pays pourrait resurgir comme une conséquence de l'apathie chronique des gouvernements Parisiens et de leur volonté farouche de ne pas appliquer pour eux même ce qu'ils voudraient faire appliquer aux autres...

Jacques
Vendredi 15 novembre 2024
@ pcosquer
Je comprends.
Mais je pense que les choses ont été plus simple...
Je prends mon expérience personnelle...

Ma grand-mère (simple ouvrière) a commencé en m'enseigner la langue et de plus elle m'expliquait où sur quels arbres Louis XIV avait fait prendre les gens (elle n'avait pas appris cela à l'école et lisait très peu... la fameuse tradition orale).

Sauf que lorsque j'ai eu 6 ans, tout fut fini : plus 1 mot en breton...
Ma Grand-Mère m'en donna l'explication (1 seule et unique fois, j'ignore comment j'ai garder cette phrase dans ma mémoire mais je l'ai gardé... : '' si je continue, tu auras des ennuis plus tard quand tu seras grand...''

J'ai mis du temps à comprendre. Pour cela il m'a fallu rassembler toutes ses petites phrases ici et là, rare très rare, mais qui évoquait ses 4 années (8 à 12 ans) passées à l'école mais aussi nombre d'éléments de sa vie d'adulte...

Aujourd'hui, les Bretons (qui souvent s'émeuvent pour des gens à l'autre coté de la terre) n'arrivent toujours pas à intégrer (même quand ils le savent) le niveau que violence psychologique qui a été fait envers des enfants qui étaient leurs propres grands-parents...

Ma grand-mère, comme toutes nos grands-mères et nos grands-pères, n'ont pas transmis... car ils avaient simplement peur pour nous... Ils voulaient nous protéger...!

Toute leur vie, ils ont du gérer ce traumatisme...
Car les actions psychologiques ont continués... notamment dans l'après-guerre...

Comme je le disais, aujourd'hui il n'existe plus aucun parti anti-Républicain...
Oser se dire ''anti-Républicain'', c'est prendre le risque de voir la majorité des militants bretons vous qualifier de ''fasciste'' (alors que Mussolini était une grand admirateur de la République, comme Lénine d'ailleurs...).

Nos grands-parents nés autour de la 1ère GM on été laminé psychologiquement durant toute leur vie. Avec en filigrane la promesse que leur descendance vivrait la même chose elle ne devenait pas Français/Républicain...

Je ne pense pas qu'il y ait des élites quand le fonctionnement d'un pays est imposé par la volonté d'un autre (la Bretagne n'a aucune possibilité à décider depuis 1789)... Si une personne veut devenir une ''élite'' (avoir un pouvoir de décision), elle doit être Républicain (encore plus vrai quand les partis anti-Républicains ont disparu du paysage au début du 20ème siècle)...

C'est pour cela que je pense que l'avenir politique des Bretons passent par le rejet de la République... (la République n'étant qu'une idéologie centralisatrice dominant les peuples au profit d'une minorité oligarchique).

@ Alain E.Vallée

"une France fédérale dans une UE fédérale est nécessaire car prometteuse, efficace et pacifique.''

Votre vision est une illusion issue de notre éducation (endoctrinement) à l'idée Républicaine et à l'idée de France...

Mais je pense que vous êtres très sincère en le pensant.

Le problème, c'est que la Bretagne ne peut être un élément de la France... Simplement parce que la Bretagne n'a strictement rien à voir avec la France... Il s'agit de 2 pays DIFFERENTS.

Que la France devienne fédérale, c'est à l'évidence une bonne idée...
Mais la France ne deviendra JAMAIS une fédération, tant qu'elle persistera à intégrer des nations qui ne sont pas françaises...

L'histoire de France commence au 13ème siècle (les historiens n'ont aucun doute là dessus et tant pis pour l'école de la République), alors que l'histoire de la Bretagne continentale commence au plus tard au 5ème siècle (aucun historien européen ne dira autre chose)...

Croire l'inverse, c'est réécrire l'histoire...
Réécrire l'histoire de Bretagne (qui n'a JAMAIS souhaité un fédéralisme avec la France) mais aussi réécrire l'histoire de France (qui est un pays construit pas la force militaire et JAMAIS par un projet commun : à l'inverse du mensonge qu'on entend régulièrement).

Donc pour y parvenir : il faudrait effacer l'histoire de ces 2 pays... chose impossible (même si bcp y travaillent...)

Si la chose était possible alors, il y aurait eu une Algérie dans une France fédérale...
Le fait que les Bretons soient blancs ne justifient pas plus le fédéralisme avec la France...

=>La seule et unique chose qui unie la France et la Bretagne, c'est l'histoire de l'Europe et de l'occident!

Donc, une Bretagne et une France unie dans un fédéralisme Européen... Pourquoi pas...!

Et OUI cette France pourrait être fédérale... D'ailleurs, je pense très sérieusement que ce fédéralisme est l'avenir de la France, mais la Bretagne n'en fait pas parti...

On ne fait pas du ''prometteur, de l' efficace, du pacifique''... en imaginant qu'un mariage forcé deviendra heureux!
C'est bien pour cela que les mariages forcés sont interdit!


Alain E. VALLÉE
Vendredi 15 novembre 2024
@ Jacques ... courageux anonyme !
«Notre éducation» fut un «endoctrinement à l'idée Républicaine et à l'idée de France...». Le fait est que cet «endoctrinement» jacobin ne fut donc pas fédéraliste !
Mais, depuis, imaginez, s'il vous plaît, qu'il me fut possible de penser par moi-même. Et ainsi de sincèrement considérer que l'idée de «France fédérale dans une UE fédérale» serait d'autant plus pertinente qu'avec un peu d'intelligence et de bonne volonté, elle pourrait s'opérer de manière «prometteuse, efficace et pacifique». J'insiste sur le mot pacifique.
AV

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