Jean-Marc Ayrault au Sillon de Bretagne : des Bonnets rouges captifs des CRS

Chronique publié le 1/02/14 23:14 dans Politique par Maryvonne Cadiou pour Maryvonne Cadiou

Pour la visite du Premier ministre, ancien habitant de l'immeuble du Sillon de Bretagne à Saint-Herblain, récemment réhabilité (voir le site) de Presse Océan, le dispositif policier a été abondant (1).

Une zone de vie des citoyens a été gelée pendant plusieurs heures. Récit d'une captivité.


D'abord le tram de la ligne 3 s'est bloqué en terminus à partir de 16 h à l'arrêt Orvault-Morlière (voir le plan ph. 19) précédant l'arrêt Sillon de Bretagne. Terminus provisoire en principe jusqu'à 18 heures.

Dans le tram, une habitante du Sillon, pas contente d'avoir à marcher jusque là, raconte, mi-amusée, mi-critique « Ça fait des mois que nous pataugeons dans la gadoue aux abords. Depuis hier la Ville est en train de camoufler ça... Et je ne sais même pas si je vais pouvoir entrer chez moi... ».

Donc c'est à pied pour le reste du trajet, en traversant la galerie marchande du supermarché Auchan en bas du Sillon, bourrée de policiers dont certains en civil. Courtois. Ils demandent à ABP, qui veut faire un reportage sur la visite :

« Vous avez une invitation ? » ABP « Ben non... ». Donc impossible d'entrer plus loin. Ce sera donc avec les Bonnets rouges de Nantes que je me retrouverai. Espérant en trouver à l'arrêt de tram Sillon de Bretagne vers lequel le passage est libre en bas de la galerie et où rendez-vous avait été donné sur facebook et par courriel aux Bonnets rouges de Nantes pour un rassemblement à partir de 16 h.

Là aucun drapeau, personne, mais rencontre de deux personnes des Bonnets rouges et de Bretagne Réunie, cherchant aussi les autres.

Bientôt nous avons été repérés et abordés par un policier des RG en civil. Le seul signe distinctif que l'une d'entre nous avait était un cabas gwenn ha du qu'elle utilise tous les jours...

Le monsieur, courtois, questionné, dit être policier et dit avoir identifié cette personne par son pin's Aéroport Non ! Et pas par son cabas, bien plus visible !

Il cherchait manifestement des militants aux environs de cet arrêt de tram. Il était chargé de les regrouper et les emmène de l'autre côté de l'immeuble, avec les autres.

Ils y sont donc captifs, priés de rester sur le trottoir désigné. Une haie impressionnante de CRS les encadre. Il est un peu plus de 16 heures. Le temps est gris mais plutôt sec.

Parqués au coin de l'avenue des Thébaudières et de l'avenue de La Marcellière les Bonnets rouges de Nantes, les vrais, se sont rapidement rendu compte qu'ils étaient avec les faux, les Bonnets rouges nantais (remarquer la subtilité de la distinction...) dont les propos sont contraires à la Charte des Bonnets rouges (2).

Pour rappel, un extrait de la charte

Nos valeurs

- Dans notre péninsule armoricaine, nous sommes dépendants les uns des autres. La Bretagne se construira collectivement, au-delà des divisions entre professions ou sensibilités politiques.

- Nous portons les valeurs de progrès, de solidarité, de confiance et d'humanisme. Nous ne nous reconnaissons ni dans la haine ni dans le rejet de l'autre.

- Ceux qui ont cette volonté, ceux qui adoptent ces objectifs et ces revendications sont dignes de porter avec nous le bonnet rouge. Ensemble, en partant de la base, nous prendrons des initiatives constructives pour relocaliser les emplois et les décisions.

Les Rouges bonnets usurpateurs

Ayant un peu subi leurs harangues haineuses au mégaphone (« Jean-Marc Ayrault est un minable... ») et mieux regardé les drapeaux de ces usurpateurs de Rouges bonnets, dont un Hollande.démission, les Bonnets rouges de Nantes, les vrais, non extrémistes, s'en sont rapidement démarqués, après leur avoir dit « Mais à quoi ça sert votre haine. Personne ne vous enregistre, toute la presse est là-bas, alors à quoi bon continuer ? ». Rien n'y fit.

Ils sont donc descendus 50 m plus bas, au coin de l'avenue de Neuilly.

Là il fallut passer le temps, car interdiction de partir, même pour la jeune dame qui devait chercher sa fille de 6 ans à l'école au sud Loire avant 18 h 30, même pour la militante très âgée qui avait froid, même pour le militant venu en vélo. La pluie froide commençait à forcir...

Passer le temps

Des demandes ont été faites par radio au directeur départemental de la sécurité, mais là aussi, rien n'y fit. Donc le dialogue s'installe avec les CRS qui les entourent. Sur les sujets chauds, comme le mariage pour tous, Notre-Dame-des-Landes (« oui j'y suis allé au début, j'ai admiré cette campagne tranquille avec ses petits ruisseaux... »), la langue bretonne.

Les militants ont même chanté un peu de Bro Gozh pour se réconforter. Une militante raconte « Chaque fois que je mettrai ce bonnet, je me souviendrai de cet épisode. J'ai acheté le dernier bonnet rouge - pas ordinaire, avouez-le, en angora ! - hier dans un bazar chinois près du tram. Même si Troadec à Kemper m'a fait la bise quand j'avais mon bonnet de Papa Noël ».

Ils décident de partir

Paul Loret, précédent président de Bretagne Réunie mais venu à titre personnel en soutien aux Bonnets rouges de Nantes, est franchement exaspéré après plus de deux heures de captivité. Il déclare en substance aux CRS « Je suis un homme libre, cette captivité forcée n'est en rien démocratique, nous allons partir, arrêtez-nous si vous voulez, mettez-nous en garde à vue, mais nous partons, ça suffit ». Ils sont partis par l'avenue de Neuilly et n'ont pas été arrêtés.

La captivité sur le trottoir a été levée à 18 h 50 pour le reste du groupe.

Notes

(1) Dispositif policier. Après avoir eu la réponse « Ça ne vous regarde pas » à la question « Combien êtes-vous sur Nantes ? » posée à un chef CRS, responsable du dispositif, les chiffres vinrent plus tard, pendant la captivité au coin de l'avenue de Neuilly : « Trois compagnies de CRS sont venues sur Nantes pour la visite du Premier ministre avec 30 camions par compagnie. Une compagnie comprend 130-140 hommes, mais en déplacement, nous sommes environ 80 ».

On peut donc estimer que vous êtes 240 CRS ? « Oui c'est à peu près ça. Les autres sont ailleurs autour de l'immeuble ».

Puis « Nous venons de Touraine. Hier nous étions à Saint-Brieuc pour une manifestation PMI (protection de l'enfance) et peu avant nous étions au Pays basque, et juste avant à Strasbourg ». Puis « Non, nous ne dormons pas dans nos camions mais à l'hôtel ! ».

(2) Les Bonnets rouges nantais de cette manifestation avaient pour meneur un homme qui n'est pas leur porte parole. Ils ont un site web rempli de balivernes que nous nous refusons à donner ici. On constate qu'ils n'ont effectivement rien à voir avec les Bonnets rouges.

Maryvonne Cadiou

Mise à jour du 5 février : cette visite du Premier ministre a été dénoncée par Laurence Garnier, candidate UMP aux municipales de Nantes sur Presse Océan ce mercredi 5 février mais pour de toutes autres raisons : (voir le site)


Vos commentaires :
Caroline Le Douarin
Vendredi 22 novembre 2024
La note 1 est stupéfiante. Même si on n'a pas les chiffres, on peut se rendre compte que ces déplacements de personnalités - ici pour quelle bonne raison ? Plutôt un prétexte futile et pas vital - coûtent énormément aux contribuables.

Ronan Badouel
Vendredi 22 novembre 2024
...et on déploie des moyens pour protéger les capitaux et l'Etat, ou ses représentants, pas le contribuable. Surtout s'il est Breton. A l'occasion des 20 ans de l'incendie de notre Parlement, que pensez-vous de quelques milliers de Bonedoù Ru pour se rappeler au bon souvenir de Marianne?

Koupa Reun
Vendredi 22 novembre 2024
il y a moyen de mettre un terme à cette mise en captivité des bonnets rouges lors des déplacements officiels, avec les moyens modernes il serait temps de mettre au point une stratégie de contournement

Anti-spam : Combien font 7 multiplié par 6 ?