A l'invitation d'Hélène Tanguy, maire du Guilvinec, le président du Conseil constitutionnel Jean-Louis Debré est venu inaugurer le 22 juin, au Guilvinec – 2e port français de pêche – les remarquables travaux de restauration de la chapelle Saint-Trémeur, classée à l'inventaire supplémentaire des Bâtiments historiques, ainsi que ses vitraux contemporains de Jérôme Tisserand. Ami de longue date d'Hélène Tanguy, Jean-Louis Debré s'est dit très ému et heureux de venir en Bretagne célébrer l'entretien, la préservation du patrimoine, la mémoire et le travail séculaire des bretons, soutenant dans son discours « qu'une nation, un peuple doit absolument savoir d'où il vient pour toujours mieux aller de l'avant ». Pierre Denic, membre de l'Institut Culturel de Bretagne, représentait le président de la Commission d'art sacré du Finistère. Il accompagnait la femme de Jérôme Tisserand, opéré en urgence deux jours avant la cérémonie et dont le chirurgien lui avait interdit le déplacement à Saint-Trémeur.
C'est autour de ce lieu saint datant de la fin du XVe siècle que s'organisait toute la vie religieuse du Guilvinec. La chapelle de Saint Trémeur fut promue au rang de chapelle paroissiale lors de l'érection du Guilvinec en commune autonome, et ce jusqu'à l'achèvement des travaux de l'église Sainte Anne le 11 septembre 1887. Revenue par la suite au rang de simple chapelle, Saint Trémeur sera inscrite sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques par arrêté ministériel du 4 mars 1935. La commune s'est attachée à mettre en valeur ce patrimoine bâti, en aménageant notamment ses abords. Ces investissements communaux ont été suivis d'une initiative d'habitants de la commune, qui ont créé une association de sauvegarde de la chapelle. Pendant des siècles, les habitants du hameau du Guilvinec, dépendant de Plomeur, se recueillaient dans leur chapelle Saint-Trémeur. Après la scission du Guilvinec et son érection en commune en 1880, des travaux furent entrepris pour construire une nouvelle église paroissiale. La chapelle a commencé un temps d'oubli et connu des signes de dégradation.
Cet édifice du XVe siècle était pourtant d'un intérêt patrimonial certain. Depuis 1995, les différentes équipes municipales successives ont réfléchi aux moyens de sa restauration. C'est avec le concours de l'architecte des Bâtiments de France, M. Pierre Alexandre, de M. Henry Masson, Conservateur régional des Monuments historiques, du cabinet d'architectes agréé Candio-Lesage et de la Commission diocésaine d'art sacré que les actions se sont déclenchées. Ainsi la toiture, les murs et le sol de la chapelle ont été entièrement rénovés par des artisans confirmés, dans le respect des matériaux d'origine. Une nouvelle cloche marquant le jumelage du Guilvinec avec la ville savoyarde de Sévrier a été fondée pour remplacer l'ancienne, fêlée. La volonté culturelle de la municipalité étant de se tourner vers la création de vitraux d'art, un carton d'artiste a été demandé à M. Jérôme Tisserand, peintre de renommée internationale, pour la réfection du maître vitrail, en accord avec une symbolique religieuse. Par la suite, M. Tisserand a également dessiné le vitrail de la baie sud. M. Charles Robert, maître verrier, a apporté son savoir-faire pour la confection physique de ces vitraux.
J. Tisserand : « Pour le vitrail du chevet j'ai choisi la légende de saint Trémeur en privilégiant une expression en partie abstraite avec quelques formes évocatrices des personnages que sont Guerok, comte de Vannes, Gildas, Abbé de Rhuys des bords de mer, Triphine, la fille de Comorre qui gouvernait en ce temps-là la Cornouaille, et Trémeur, le fils de Triphine. La baie est divisée en trois parties .De gauche à droite on découvre Gildas et en arrière-plan Guérock. Au milieu au premier plan Triphine et en arrière-plan Comorre. A droite Trémeur avec sa tête sous le bras. J'ai utilisé des couleurs très douces avec quelques accents forts qui évoquent le drame de cette histoire Les trois parties sont reliées horizontalement par une rivière courant d'eau souterrain qui passe sous la nef de la chapelle. Le rouge dans la langue divine symbolise la passion du Christ et la passion de la vérité mais dans la langue profane il s'agit bien du sang. Le jaune est la lumière de Dieu révélée aux hommes. Les couleurs bleues, grises, et terre évoquent la fidélité, l'équilibre et la quête de l'harmonie ainsi que le retour du corps dans la terre pour une renaissance. C'est d'ailleurs un des enseignements fort de cette légende, Comorre coupe les têtes en vain, la violence ne pourra gagner, la beauté et la création sont l'Œuvre de Dieu. »
J. Tisserand : « Pour la baie du transept sud, j'ai travaillé de façon abstraite st surtout symbolique sur la notion de la puissance tellurique et des flux qui traversent le sous-sol de la chapelle. Les couleurs utilisées sont : le rouge, symbole de passion et d'amour ; le bleu, couleur des métaux. Les bleus sont ceux de l'eau sous la chapelle, l'eau de la pureté, de la renaissance, mais aussi du fleuve, comme le Nil que l'on traverse d'est en ouest pour le dernier voyage dans une barque toute simple, comme les formes qui traversent les ouvertures de cette baie. Le bleu est aussi symbole de fidélité à ses engagements. Les formes des barques sont aussi traversées par les flux des radiations des métaux. Le vert indique le renouvellement, l'ange du jugement a les ailes vertes qui annoncent son message de régénération. Le gris est l'emblème de la mort terrestre et de l'immortalité spirituelle. Sur les peintures religieuses du Moyen-Âge, le gris représente la résurrection des morts. Les trois parties de la baie sont occupées par trois personnages, de gauche à droite : Saint-Gildas, Triphine et Trémeur. Ils ont la forme d'un bouclier, protection contre le mal, mais ils ont aussi la forme d'une barque, symbole du voyage et du passage.
Le redoutable seigneur Commore régnait sur le château de la forêt de Carnoët (près de Quimperlé). Ce gentil mari avait parait-il occis ses six épouses. Une prophétie prétendait que Commore devait mourir de la main de son fils, aussi ce doux futur papa assassinait-il purement et simplement ses femmes dès qu'elles étaient enceintes.... Un beau jour, il décida de convoler une septième fois (7 est un chiffre porte-bonheur) avec la jolie et douce Triphine, fille de Varoch comte de Vannes, qui bien que réticent n'osa s'opposer au suzerain et accepta cette union d'ailleurs bénie par Saint-Gildas.
Les premiers temps de ces épousailles se déroulèrent du mieux du monde, mais un jour Commore surpris Triphine brodant de la layette. Aussitôt la jeune femme effrayée mais prudente prit la fuite, et mit au monde son fils Trémeur. Le Barbe-bleue de Carnoët réussissant à la rattraper lui trancha tranquillement la tête. Saint-Gildas recueillit le petit Trémeur et dans la foulée ressuscita la mère. On raconte que le saint perdant sa bonne humeur fit pleuvoir des centaines de pierres sur la forteresse de Commore qui s'effondra sur son monstrueux propriétaire le blessant gravement. Elevé au monastère de Saint-Gildas-de-Rhuys, Trémeur se retrouva un jour face à son géniteur, qui toujours aussi aimant s'empressa de le décapiter. Par la suite, les chevaliers alliés du comte de Vannes, l'infortuné grand-père, auraient tués le tyran.
Commore vécut au manoir de Kergoz avec femme et enfant. La pauvre Triphine maltraitée et brutalisée par son lamentable époux comprit que tel serait son sort tant que Commore n'aurait pas trouvé son maître. Trémeur décida de défier son père au jeu de ballon appelé la «soule». A la fin de la partie le terrible seigneur s'effondra anéanti de fatigue. Commore décidemment très mauvais perdant trancha la tête du rejeton. Mais nous sommes au cœur de la légende, Trémeur ramassa sa tête et la mit sous son bras, alors le diable rappela à lui l'âme du père infanticide. On raconte que Trémeur a continué fort longtemps à jouer à la «soule» laissant sa tête au manoir pour une plus grande liberté de mouvements.
Une très belle statue de Saint-Trémeur portant sa tête à été édifiée dans une niche du grand portail de l'église de Carhaix-Plouguer. Quant à Sainte-Triphine, neuf tableaux lui sont dédiés dans la chapelle de Pontivy.
Voilà l'histoire de Barbe-Bleue, telle qu'on la raconte toujours dans les foyers du Finistère. Bien sûr, Commore n'était pas la bonté personnifiée mais n'oublions pas qu'il était obsédé par une indicible peur.
Interrogée sur un choix artistique contemporain et abstrait, Hélène Tanguy répond que « La chapelle Saint-Trémeur est un édifice dont chacun mesure l'intérêt patrimonial. Sa conception fut une œuvre architecturale de grande valeur que nous admirons encore cinq siècles après. C'était la création d'architectes, d'artistes, d'artisans. Il nous a paru évident que cette œuvre appelait une autre création artistique pour remplacer les vitraux depuis longtemps disparus. L'expression artistique contemporaine est le symbole de la vie d'aujourd'hui, … bien différente de celle du XVe siècle. Nous avons sollicité plusieurs artistes afin d'offrir à cet édifice des vitraux d'un artiste reconnu. Une commission municipale, associée à la Commission d'art sacré du diocèse, et conseillée par la DRAC et l'Architecte des Bâtiments de France, a consulté plusieurs artistes. Le choix s'est porté sur Jérôme Tisserand qui, venu sur place, a manifesté un véritable enthousiasme pour la chapelle au cœur de son écrin ».
Et sur le message religieux : « Oui. Les cartons proposés ont fait l'objet d'échanges avec l'artiste afin que le message de spiritualité attendu soit clairement perceptible pour tous ».
FCTVA : 62.233 €
Fondation du Patrimoine : 16.000 €
Souscription : 24.899,90 €
DRAC : 45.650 €
Conseil Général (passage en commission CG juillet 2011) : 67.860 €
Autofinancement : 178.492,16 €
XVIe siècle
Le territoire du Guilvinec est réparti sur trois paroisses ; construction, vraisemblablement en une seule campagne, de la chapelle ; Enfeu de la famille de Kergoz, dons probables de mobilier ;
XVIIIe siècle
Baptême d'une cloche (1705) ; deuxième cloche vers 1740 Utilisation régulière ; pardons, enterrements. Saisie révolutionnaire : an 4 de la République (1796), désaffection ;
XIXe siècle
– 1816 signalement du très mauvais état de la chapelle par le recteur Morvan de Plomeur ;
réparations urgentes à la toiture et aux vitrages (AD29) ;
bouchement des fenêtres (sud) ?
– 1817 travaux de restauration ;
– 1822 livraison d'une nouvelle cloche ;
– 1883 chapelle paroissiale ; l'étanchéité est indiquée défectueuse ;
– 1886 cloche actuelle Jeanne-Françoise, fonderie Havard (50) ;
– 1888 réfection de la charpente et couverture, entr. Le Pape, Penmarc'h ;
– 1889 réfection des vitraux. L. Ameline, Pont l'Abbé.
XXe siècle
– 1929 restauration de la chapelle sur souscription : maçonnerie, couverture, peinture, grillages de protection sur les vitraux ;
– 1935 inscription à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques ;
– 1962 réfection versant sud en couverture.
■C'était pour qui cette phrase ? Pas pour nous bretons vu que nous sommes ni un peuple, ni une nation, dans l'héxagone un et indivissible... Il a beaucoup d'humour cet homme là ou il aime la provocation ? Au même moment, les sénateurs parisiens enterrent les langues dites régionales, reconnu par la constidution du dit héxagone comme faisant parti du patrimoine de ce dernier (à quel titre d'ailleurs ? J'aimerai autant qu'elles n'y soient pas !). Et le gars de l'ICB il a rien dit lui ? Paour kaezh bretoned n'omp ket sevetet gant tud ar sort-se a teu da gontañ bidennoù deomp...