Entre autobiographie scénarisée, adieux à la scène et partie de rigolade en famille, le dernier spectacle de Jean Kergrist retrace un parcours de vie peu banal.
Il faut croire que les autobiographies ont la cote sur les scènes bretonnes : après le « Gus » de Jean Yves Le Vallégant, après « le chant des soupirs » d'Annie Ebrel, le « Pouce » de Nathalie Tarlet, clown de Moncontour engagée dans un cirque punk en Allemagne.... voici le « 78'9 » de Kergrist.
Sans décor que quatre gros sacs de courses pleins de coupures de presse, il annonce la couleur. Comme il ne lui reste que deux ans à vivre (selon les statistiques), il décide de faire un bilan. Il va nous raconter sa vie, ses spectacles, ses livres. Il ne s'accorde pas beaucoup de répit, ni de crédit : certains livres ont été des bides, celui des bagnards lui a permis de retaper deux toitures, et puis... Il y a ces moments de grâce où il se met à parler en italien évoquant l'invitation de Dario Fo à jouer l'opération du pape à un festival anarchiste avec une faucille et un marteau et distribuait aux spectateurs des « il couillonne d'il papa »...
Et puis, il explique pourquoi le jeune Jean Hamon parti étudier à Lyon le métier de prêtre n'a jamais exercé. À cause d'un certain mai 68 où une jeune fille dans un amphithéâtre lui a demandé de la porter pour voir le porte parole de la manif... On mange des cerises avec eux dans la chambre du séminariste, interdite à la gente féminine. On part ensuite sur les routes, pour la députation où Kergrist récoltera 12 % des voix, sur les voies de l'insoumission permanente et de la désobéissance civile que ce soit pour le nucléaire, les élevages en batterie, les rivières de Bretagne...
Dans ces temps devenus fous, il en faudra des Kergrist pour le remplacer, il faudra qu'il en forme des révoltés, des rieurs, des grands inventeurs d'objets inutiles et de projets stupides. Des fous du roi, des Arlequins, on n'en a jamais tant eu besoin...
Pour en savoir plus sur Kergrist : (voir le site)
■