Jean-Jacques Rault, un cinéaste paysan à la parole juste

Conference debat publié le 26/01/11 13:44 dans Economie par Fanny Chauffin pour Fanny Chauffin
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Agriculteur pendant 15 ans dans le Centre Bretagne, Jean-Jacques Rault a eu pour son premier film «Ramasseurs de Volailles» le prix du documentaire à Douarnenez en 2005.

Pas de concession dans ce film, juste un voyage de 22h00 au matin, 300 kilomètres en tout, avec une équipe de ramasseurs qui vont faire dans la même nuit plusieurs poulaillers, qui vont ramasser des dizaines de milliers de poulets, dindes, pintades ... pour un salaire mensuel de 935 euros, les heures de travail n'étant que celles passées à ramasser.

Emotion dans la salle. Trois ramasseurs témoignent et acquiescent : oui, la poussière, le bruit, oui, l'asthme, les problèmes musculo-squelettiques.

Jean-Jacques explique, calmement, la vie de ces hommes et de ces femmes pour lesquels travailler compte plus que tout le reste, une question d'honneur. Se révolter ? Contre qui ? Le patron n'est ni l'éleveur de volailles, ni le transporteur, c'est l'abattoir qui accueillera les volailles. Ils ne savent jamais où ils vont travailler, l'inspection du travail a bien du mal à les inspecter. Ce film, montré lors d'une AG de la MSA a permis de faire prendre conscience aux responsables de l'urgence d'améliorer leurs conditions.

Mais les cadences augmentent, le camion entrant dans le poulailler économise un transport de caisse, mais alors qu'on ramassait un poulailler en une nuit, c'est plusieurs qui sont vidés par la même équipe aujourd'hui.

Autre film de Jean-Jacques Rault, autre ambiance, avec «Vague à l'âme paysanne». Trois agriculteurs, tous trois néo-ruraux (un ancien maître nageur, un fils d'ouvrier ...) font le pari de vivre au pays en élevant des vaches laitières, des vaches à viande, et des poulets label.

On les suit dans leurs doutes, dans leur fierté aussi d'avoir de beaux animaux. Ils sont perplexes sur les aides de la PAC, ils voudraient être payés au juste prix plutôt que d'être subventionnés. Le débat repart après ce deuxième film : comment être sûr de l'origine de la nourriture ? Les oeufs ? La viande ?

Quand 99,5% des porcs sont d'origine industrielle, nourris aux OGM venant du Brésil (soja), quand on ne peut faire la différence entre un cochon bio et un cochon industriel au goût, quelle marge d'action pour le consommateur ?

Et quand le bio devient lui aussi une industrie, les frontières sont floues.

La conclusion revient au réalisateur, accompagné du restaurateur de la Cigale égarée qui ne sert que des légumes et fruits de saison dans son restaurant de Quimperlé : «c'est une mobilisation citoyenne qui fera la différence. Il faut privilégier les circuits courts, la convivialité avec les petits producteurs, et augmenter les effectifs de paysans par une maîtrise foncière qui donne des terres à tous les jeunes qui en font la demande».


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