Jean-jacques Ar Goarnig s'est éteint. Son nom restera attaché à son combat dans les années soixante, pour que l'état civil français accepte la possibilité légale de donner un prénom breton ou celte à son enfant. Le prénom que les parents désiraient lui donner.
Et ce choix d'un prénom hors de la nomenclature officielle imposée, concernait l'ensemble de l'hexagone.
Car à l'époque point de Gaël possible - invariable pour les filles ou les garçons - de Youenn, de Trifin, de Cheun, de Maina, de Rozenn ! Excit de ces prénoms qui fleurent bon le terroir et la différence des cultures territoriales. Il fallait passer sous les fourches caudines de l'uniformisation des prénoms français pour figurer sur l'état civil ! Sinon, point d'existence légale ! Afin de contourner ce diktat, des générations successives de Bretons ont vécu avec un prénom officieux pour le quotidien, leur prénom officiel ne servant que pour « les papiers ».
Ce fut le combat de Jean-jacques Ar Goarnig. Privé d'allocations familiales pour plusieurs de ses enfants, pour cause de prénoms non conformes aux critères de nomination décrété par l'État français, il maintint sa détermination malgré une «justice» partiale.
Mais ce ne fut pas en vain : maintenant cette liberté qui nous semble si naturelle, existe !
Aujourd'hui cette histoire nous semble surréaliste ! Hélas, elle est vraie.
Cette détermination illustre, si besoin était encore, combien il faut se battre contre l'administration française pour obtenir la moindre parcelle de liberté et de respect pour la différence des peuples et des cultures de ce pays.
Un pays qui s'arroge pourtant le titre «du pays des droits de l'Homme.»
Et le combat continue qu'il faut mener sans vergogne : car ces jours-ci la loi, dite de «décentralisation» menace de re-centraliser et d'empiler de plus, une couche «métropole» sur le millefeuille administratif français pléthorique et dispendieux.
Il faut se battre.
On parle d'impôts nouveaux pour enrayer le déficit vertigineux qui se creuse chaque jour davantage. Mais refus par les élites d'entendre réformer en profondeur les structures de l'État. Ce qui permettraient d'énormes économies et une relance économique écologique porteuse d'emplois : il faut se battre !
La classe politique corrompue et sans parole - à gauche comme à droite - est aux abois mais aux commandes ! Plus que jamais, il faut se battre.
Ce sera notre hommage à Jean-Jacques Ar Goarnig. À sa famille, nous disons notre affection.
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