Jean-jacques Ar Goarnig : la liberté de choisir le prénom de son enfant

Communiqué de presse publié le 9/05/13 16:15 dans Justice et injustices par Angèle Jacq pour Angèle Jacq
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Jean-Jacques Le Goarnig avec Glenmor

Jean-jacques Ar Goarnig s'est éteint. Son nom restera attaché à son combat dans les années soixante, pour que l'état civil français accepte la possibilité légale de donner un prénom breton ou celte à son enfant. Le prénom que les parents désiraient lui donner.

Et ce choix d'un prénom hors de la nomenclature officielle imposée, concernait l'ensemble de l'hexagone.

Car à l'époque point de Gaël possible - invariable pour les filles ou les garçons - de Youenn, de Trifin, de Cheun, de Maina, de Rozenn ! Excit de ces prénoms qui fleurent bon le terroir et la différence des cultures territoriales. Il fallait passer sous les fourches caudines de l'uniformisation des prénoms français pour figurer sur l'état civil ! Sinon, point d'existence légale ! Afin de contourner ce diktat, des générations successives de Bretons ont vécu avec un prénom officieux pour le quotidien, leur prénom officiel ne servant que pour « les papiers ».

Ce fut le combat de Jean-jacques Ar Goarnig. Privé d'allocations familiales pour plusieurs de ses enfants, pour cause de prénoms non conformes aux critères de nomination décrété par l'État français, il maintint sa détermination malgré une «justice» partiale.

Mais ce ne fut pas en vain : maintenant cette liberté qui nous semble si naturelle, existe !

Aujourd'hui cette histoire nous semble surréaliste ! Hélas, elle est vraie.

Cette détermination illustre, si besoin était encore, combien il faut se battre contre l'administration française pour obtenir la moindre parcelle de liberté et de respect pour la différence des peuples et des cultures de ce pays.

Un pays qui s'arroge pourtant le titre «du pays des droits de l'Homme.»

Et le combat continue qu'il faut mener sans vergogne : car ces jours-ci la loi, dite de «décentralisation» menace de re-centraliser et d'empiler de plus, une couche «métropole» sur le millefeuille administratif français pléthorique et dispendieux.

Il faut se battre.

On parle d'impôts nouveaux pour enrayer le déficit vertigineux qui se creuse chaque jour davantage. Mais refus par les élites d'entendre réformer en profondeur les structures de l'État. Ce qui permettraient d'énormes économies et une relance économique écologique porteuse d'emplois : il faut se battre !

La classe politique corrompue et sans parole - à gauche comme à droite - est aux abois mais aux commandes ! Plus que jamais, il faut se battre.

Ce sera notre hommage à Jean-Jacques Ar Goarnig. À sa famille, nous disons notre affection.


Vos commentaires :
Kristen
Lundi 23 décembre 2024
Pour l'Histoire de Bretagne...

Lundi 22 décembre 1975. J'apprends avec plaisir que le président du tribunal d'instance de Quimper a débouté l'avocat du Trésor public qui demandait la mise en vente du domaine de Kertalg, propriété des Le Goarnic dans le pays de Pont-Aven. Les Le Goarnic sont ces parents têtus qui, en dépit des refus tout aussi obstinés de l'Administration, ont donné à six de leurs enfants des prénoms celtes, à vrai dire assez compliqués : Gwendal, Katell, SkIerijen, Adraboran, etc. Faute d'état civil, les petits Le Goarnic (qui sont devenus grands et forts, l'aîné est champion de lutte gaélique) ont été exclus des primes à la naissance, allocations de maternité et autres prestations familiales. L'un d'eux, qui travaille à Paris, cotise en qualité de salarié à la Sécurité sociale, mais ne perçoit pas d'assurance maladie. Sensible à cette absurdité, la caisse d'Allocations familiales du Sud-Finistère a fini par verser les prestations aux quatre derniers enfants. Mais, estimant que l'Etat reste leur débiteur, les parents Le Goarnic n'en refusent pas moins de payer leurs impôts. Donnant donnant. Le procès s'éternise : bientôt vingt ans. Tout est prétexte à litige, l'élargissement d'un pont, le passage d'une ligne électrique, une fête populaire. De temps en temps, Mme Le Goarnic couche en prison. Mais les indemnités allouées aux Le Goarnic pour l'expropriation de leurs terrains sont toujours consignées, et ils ne trouvent pas d'huissier disposé à exécuter les saisies-arrêts ordonnées à leur bénéfice. Cette petite guerre connaît des armistices. Une loi a même été votée afin de permettre un choix plus large de prénoms, mais sans effet rétroactif. Du coup, les enfants Le Goarnic continuent de ne pas exister. En serais-je tenté, je ne rangerais pas cette histoire parmi les faits divers. Au-delà des Le Goarnic, c'est une certaine approche des libertés personnelles qui m'importe. Adraboran vaut Bergamote — charmant, au demeurant — et j'en sais qui échangeraient bien Gwendal contre Népomucène. Que penser, en tout cas, de ce pouvoir central qui livre sa guerre de Troie pour l'étymologie d'un prénom ? (...)
F. Mitterrand 12.1975 in "MA PART DE VERITE

Le Honzec René
Lundi 23 décembre 2024
En rebondissant sur la fin de «Ma part de vérité»:que penser de cet état actuellement socialiste, qui refuse la ratification de la Charte des Langues Minoritaires?

JIPE 44
Lundi 23 décembre 2024
Voilà bien un texte à faire lire à notre président de la République en honneur de son engagement n° 56!

Le Bacon Raymond
Lundi 23 décembre 2024
Il y a eu un véritable lavage de cerveaux chez les Bretons. Pour le baptême de ma fille, Nolwen, j'entends encore mon père, M. Pierre Le Bacon,pourtant grand conteur breton, ricaner: il disait que ça signifiait une sorte de ruche ... Et pourtant aujourd'hui, il y en a des «Nolwen» et certaines sont très célèbres... Jean Jacques le Goarnig a fait oeuvre utile! Nous lui resterons longtemps reconnaissants. Raymond Le Bacon.

Hoël Cariou
Lundi 23 décembre 2024
Grâce à lui, mon papa se prénomme Fanch, et les membres de ma fratrie nés dans les années 1980, Edern, Louarn et Tudannel

michaël Justaume
Lundi 23 décembre 2024
curieusement des prénoms hors nomenclature était acceptés mon grand oncle se prénommait Platon (il est né dans les années 1900) et mon oncle né en 1923 Socrate !
et dans le pays Vannetais !

Job LE GAC
Lundi 23 décembre 2024
@Kristen D'accord sur le texte, excepté que «l'ainé» n'a été champion que de ce qu'il avait créé, contre la Fédération légale, la FALSAB, laquelle rassemblait la crème de la lutte bretonne !

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