L'article de la presse locale n'y va pas par quatre chemins : « Qu'il soit sur les toits ou sur les voitures, le goéland est devenu indésirable à la cité la Ville-Goudelin. Les cris et les excréments des goélands exaspèrent les habitants de la cité.» Nous avons mené l'enquête sur le site et autour du site en faisant un micro-trottoir.
A deux cents mètres de la Ville-Goudelin. Au hasard des rencontres, nous avons eu le témoignage d'une seule habitante se plaignant réellement des désagréments dus aux goélands et qui, au fil du micro-trottoir, se plaint aussi des crottes de chien où elle a déjà dans le passé, s'inspirant d'affichages vus à Paris, effectué une campagne à l'encontre des locataires faisant faire leur chien au bas de l'immeuble et qui, aussi, en raison des déjections des tilleuls plantés sur le parking, pense qu'il est bon de leur tailler quelques branches en les élaguant. Les trois autres personnes rencontrées trouvent les affirmations relayées dans la presse locale exagérées et deux d'entre elles sont scandalisées par cette pétition.
Le vrai problème est ailleurs. Une habitante explique, tout en nous montrant l'état gluant des voitures garées sous les tilleuls, que le réel problème dans leur quartier est ailleurs. C'est le chômage qui est le réel souci. Elle est en fait en colère envers cette campagne qui vient de se déclarer et qui dénonce les goélands . «A ce moment, il faudrait tuer tout ce qu'on n'aime pas» termine-t-elle. Un peu plus loin une autre habitante y va plus directement et elle s'insurge contre la personne qui a fait la plainte car selon elle, cette personne n'aime pas les animaux en général et qu'elle «s'en prendrait également aux chats qui sont nourris par certains habitants» en indiquant, de façon erronée le logement de la personne responsable de la pétition.
Ce jour là, une seule voiture par parking, au maximum deux véhicules, ont été touchés. Et plus de 6 voitures sur dix sont recouvertes de la déjection gluante des tilleuls. Les nids des goélands sont vides depuis plusieurs jours. La saison vient d'avancer et les bébés goélands ont pris leur envol. Derrière des cheminées sur le toit on voit bien des restes de nids avec les détritus qui vont bien avec. Mais maintenant, les tilleuls s'attaquent aux voitures. Après les tilleuls, ce sont les chiens ou les chats qui risquent de recevoir des doléances. Finalement, derrière la question des goélands se trouverait autre chose. Une association de protection des oiseaux pointe du doigt d'autres soucis qui se transfèrent sur les goélands : «Nous observons une recrudescence des »plaintes« concernant des gênes ou des nuisances pour des animaux qui ont toujours été présents. Les gens se plaignent des hirondelles qui salissent les murs, des étourneaux qui mangent les cerises, des choucas qui bouchent les cheminées, sans parler des coqs qui chantent trop tôt. Et les réunions se multiplient pour trouver des solutions alors que bien souvent ces gênes sont très ponctuelles et surtout infimes en comparaison à d'autres nuisances. Je pense aussi que c'est un vrai changement de société avec des gens de plus en plus procéduriers et avec de plus en plus de problèmes de voisinage. Les oiseaux peuvent alors être de bons boucs émissaires.»
Les Oiseaux. Cette fois dans la Ville-Goudelin, placée à côté de la maison de retraite Le Connétable, qui a la particularité d'avoir des toits plats, les témoignages sont comme dans les répliques d'un film : «Les goélands attaquent des enfants quand ils mangent des tartines; la voiture d'une voisine a eu la peinture de sa voiture becquetée et les pneus attaqués.» Dans les entrées des immeubles des lettres d'information sont épinglées avec des coupures d'articles : «les goélands sont présents constamment avec les nids sur les toits; les petits dès le début de juillet sont de plus en plus nombreux d'année en année dans les cours et dans les jardins; les petits goélands rentrent parfois dans les bâtiments et »chient« partout; des nuées de goélands tournent et crient au-dessus de la cité plusieurs fois par jour avec des cris parfois assourdissants et insupportables; les façades des immeubles, la cour, les entrées des bâtiments et les voitures sont maculées; des groupes de goélands ont été constatés en divers autres lieux de la région, sur les bâtiments du Connétable, dans la cité Lécuyer, sur certains immeubles de la rue de Brest et sur certains lotissements de Taden ainsi que sur les zones commerciales.»
Selon la pétition, 98 % des personnes contactées ont signé. Une note indique qu'une personne «a été surprise hier soir encore à jeter du pain aux oiseaux.»
Les habitants de la cité ne croient pas en une action de la commune : «nous avons eu des articles. Certains sont allés voir la mairie pour trouver des solutions et ces derniers ont répondu qu'ils ne pouvaient rien faire.»
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