Remercions ici Christian Rogel pour son article « Bretagne, Réunification, Bonnets Rouges et indépendance d'esprit » ( (voir le site) ainsi que Philippe Argouarc'h pour l'article soulignant combien certains hommes politiques français se croient toujours «sous la première République» ( (voir le site) Dans son article, le fondateur de l'ABP souligne combien Nicolas Sarkozy commence à prendre franchement des accents de Robespierre, pour ne pas dire de Napoléon (qui a su « sauver la révolution de 1789 »). Comparaison déjà établie par nombre d'observateurs, qu'ils soient américains, irlandais (le groupe de rock U2 en 2009) ou français (Lionel Jospin, en cette année 2014, avec son ouvrage intitulé «Le Mal napoléonien»).
«D'indépendance d'esprit» en Bretagne, il ne s'agit, depuis cinq ans, que de cela. Question économique, politique, culturelle, mais aussi philosophique (comme nous tâchons de le faire apparaître depuis 2009). En ce sens, Christian Rogel a parfaitement raison dans son article de souligner combien l'analyse intellectuelle des événements prépare les esprits à « ce qui pourrait arriver » et qui, en l'occurrence, «arrive». Citons-le ici : «Quoiqu'on dise, les Bonnets rouges continuent d'être la force cachée qui a modifié le paysage en inversant le point de vue ».
C'est précisément de cela dont il s'agit, à savoir «d'inversion de point de vue». C'est là l'apport à proprement dit de ce mouvement de fond des Bonnets Rouges. Mouvement indiscernable depuis Paris, car d'essence symbolique (et dont les effets sont, par conséquent, invisibles à court terme, ou dans l'immédiat). Dans cette «inversion de point de vue», nous retrouvons ce que Jean Pierre Le Mat a appelé dès 2006 «le point de vue breton» (dans son «Histoire de Bretagne d'un point de vue breton»), à savoir une perspective permettant une vue d'ensemble et qui, dans le cas breton, met en évidence ce que d'autres points de vue (comme le point de vue français) refusent de faire apparaître.
Comme le rappelle Christian Rogel, le mouvement des Bonnets rouges a obligé, pour la première fois, les médias parisiens à répercuter ce point de vue breton, confirmant en cela «leur poids historique, supérieur, en un sens, à celui de leurs glorieux devanciers de 1675». La philosophie n'est pas inutile ici, et elle rencontre l'histoire. En effet, comme nous l'avons expliqué à l'UPPB à Vannes lors de l'automne 2013, la France au 19ème siècle, a repoussé la Bretagne pour se définir «sans elle», mais elle a aussi poussé de la sorte la Bretagne dans ses propres retranchements (l'incitant ainsi à se définir «par elle-même»). Nonobstant évidemment « l'emprunt de taille » qu'est l'½uvre de Descartes (et qui symbolise le fait «que la France n'aurait jamais pu se faire sans la Bretagne»). La Bretagne ne fait pas partie de la définition que la France donne d'elle-même. C'est même pire que cela, car la France attribue à la Bretagne une géographie («l'Ouest») et une histoire («le Moyen-Age» pour reprendre le terme de Nicolas Sarkozy) qui ne sont pas les siennes. Elle est donc bien contrainte de se définir elle-même, par elle-même, et ce faisant, de témoigner d'une certaine «indépendance d'esprit» (que l'on retrouve de part en part dans l'½uvre de René Descartes).
Ainsi que le formule Philippe Argouarc'h dans son article : «Nicolas Sarkozy a clairement expliqué que s'il y avait conflit, la République passera toujours avant la démocratie, avant la liberté des individus comme des communautés». Et on sait que le conflit s'est déjà installé (qu'il s'agisse de l'absence de la ville de Rennes sur la carte des métropoles françaises qui compteront demain, ou du projet de Notre-Dame-des-landes dont Manuel Valls vient de rappeler «qu'il se fera», et dans le sang s'il le faut). Un projet qui, soit dit en passant, est complètement dépassé (il date des années 1950) à une époque où l'on tâche tant bien que mal «de réduire la quantité de kérosène dans l'atmosphère».
La République Française n'a que la guerre civile à proposer à ses citoyens d'aujourd'hui. Philippe Argouarc'h le formule clairement dans son article : «Nous sommes donc de nouveau revenus aux sources, et à un Robespierre prêt à tous les crimes pour sauver l'État républicain». Le projet politique de la République française appartient en effet «au 19ème siècle». On ne saurait mieux dire.
Pour l'UPPB,
Simon Alain
www.simonalain.com
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