Il y a un autre choix pour la Bretagne

Chronique publié le 17/09/11 21:12 dans Politique par Yves Pelle pour Yves Pelle
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Alors qu'en France, comme à chaque élection présidentielle, l'heure est au grand ressourcement politique, regardons objectivement pourquoi cette brusque frénésie relayée comme pain béni par les médias est trompeuse et conduira comme à chaque fois à beaucoup de désillusion en Bretagne.

La campagne qui s'annonce va à nouveau exacerber artificiellement les différences infimes entre deux camps qui partagent des visions identiques de l'organisation administrative française,dont la verticalité fait maintenant figure d'exception notable en Europe. Au nom d'un universalisme arrogant et d'une lecture déformée de l'histoire, mais aussi d'une défense corporatiste de la part d'élus protégés par leurs cumuls, toute différence entre les territoires y est niée, toute aspiration à l'émancipation immédiatement mise en procès pour hérésie.

Et pourtant! Qui peut nier que, par l'enchevêtrement incompréhensible des compétences données aux multiples strates administratives, par la rigidité de ses procédures, par sa pesante uniformité égalisatrice , par son culte à nul autre pareil des élites parisiennes, l'Etat français n'a ni l'agilité ni la souplesse d'adaptation au monde nouveau qui se dessine? Seul un profond changement de gouvernance permettra la mise en oeuvre des réformes qui ne peuvent plus être retardées du fait de la calamiteuse impéritie financière dont a fait preuve cet Etat.

Pour la Bretagne, cette question est d'importance. Comme nos amis gallois, écossais, catalans, basques nous aspirons à la dévolution et à la libre administration de notre territoire. Pourquoi? D'abord parce qu'il y a l'histoire qu'il faut sans cesse rappeler tant elle a été occultée : Le peuple breton forme une nation qui fut indépendante jusqu'au 16ème, et continua ensuite jusqu'au 18ème siècle à négocier son statut avec le pouvoir français. Parce qu'il y a aussi bien sûr notre identité constituée d'une langue, d'une culture et d'une manière qui nous est propre de faire société. Enfin il y a aujourd'hui le rapport qui s'établit entre un territoire et un monde multipolaire profondément imbriqué qui nous rend citoyens d'un grand village sans frontière. La mondialisation appelle par contrecoup un resserrement du lien au territoire.

Pourquoi en parler maintenant? La France est entrée dans un lent déclin que ses élites parisiennes soutenues par leurs affidés régionaux refusent de voir. Ils s'accrochent à un pouvoir qui leur échappe.Les caisses sont désespérément vides et vont le rester pour longtemps. L'économie se décide à Francfort,Londres ou Shanghaï, le droit, l'aménagement du territoire à Bruxelles et Strasbourg, la politique du monde à New York. Pour réductrice que puisse paraître cette formule elle exprime pourtant la dure vérité. Trop longtemps les bretons ont fait allégeance à Paris. Ce temps est révolu, il nous faut prendre nos responsabilités : En clair, nous devons dans un même combat demander la dévolution pour la Bretagne et soutenir ardemment la construction d'une Europe fédérale seule garante d'un modèle de développement social libéral auquel nous sommes attachés.

Qu'est ce que la dévolution nous permettra de faire? D'abord simplifier l'administration du territoire, donner un pouvoir clair à un parlement breton élu et surtout responsable. Choisir délibérément un mode de développement durable, soucieux de préserver notre patrimoine et notre biodiversité, faire respirer notre économie et l'appuyer sur ses piliers naturels que sont la terre et la mer, faire nos propres choix énergétiques, irriguer l'ensemble du territoire breton à l'est comme à l'ouest, aménager notre réseau de villes moyennes en équilibrant le développement métropolitain de Nantes et Rennes, construire une société aux bases plus justes fondée sur l'équité et le libre accès au savoir. Pour cela il faut une gouvernance redevenue modeste et prenant appui sur les valeurs de solidarité de la société bretonne.

Nous sommes gens de raison et savons que ce processus sera semé d'embûches mais nous devons avec force en demander la mise en chantier immédiate. Nous voulons d'abord obtenir le pouvoir réglementaire; puis, par négociation avec le parlement français, un partage du pouvoir législatif en Bretagne. Nous y sommes prêts. La Bretagne a formé assez de cadres et dispose d'assez de ressources pour assumer elle-même ses choix et ses priorités.

Aujourd'hui cette alternative, profondément inspirée par les valeurs démocratiques dont la France se veut le parangon, nous est interdite en raison du dogme de l'uniformité. Pourtant il y a urgence. Si comme une immense majorité de bretons, nous voulons éviter le vote protestataire qui se profile, il nous faire preuve de persuasion en affirmant que pour la Bretagne, il y a un autre choix que celui des extêmes incarné aujourd'hui par Mélenchon et Le Pen.

A l'heure où les partis hexagonaux dits de gouvernement ont perdu tout crédit , nous voulons promouvoir la voie de la raison, celle d'un pouvoir rééquilibré et transféré là où il sera sous l'oeil des citoyens. Nous n'avons d'autre ambition que de permettre à nos enfants de mieux vivre en Bretagne demain.


Vos commentaires :
Yves
Jeudi 26 décembre 2024
Parler du déclin de la france quand on est le représentant d'une formation entrée en apoptose, c'est pour le moins audacieux.

Michel prigent
Jeudi 26 décembre 2024
Je ne sais pas si le Parti breton est en état de «mort cellulaire» programmée, en tout cas cela n'enlève rien quant à la justesse de son diagnostic pessimiste sur le déclin de la France consécutif à son système de gouvernance incapable de réformes et de réactivité.
Que les français et bretons comme Yves semble-t'il, ne fait que conforter l'inexorabilité du processus;

Arbennin
Jeudi 26 décembre 2024
Yves tu peux developper ton raisonnement sur le PB. En tout cas c'est avéré la France se casse la gueule.

KERZU
Jeudi 26 décembre 2024
Comme disent les grands chefs de cuisine tout ce qui est le plus simple est aussi le plus difficile.

Yann Le Bleiz
Jeudi 26 décembre 2024
@ Yves

Parce que l'apoptose de la Bretagne par solidarité avec l'état français est plus audacieux, selon vous?


Gwendal
Jeudi 26 décembre 2024
@Yves
Qu'entendez-vous par «formation entrée en apoptose».
Merci de développer.

Sinon, pour la France, elle est en déclin, et c'est vrai (faible croissance, déficit de plus en plus conséquent etc ... )


Michel prigent
Jeudi 26 décembre 2024
Quelques chiffres des «performances» financières de la France à l'intention de Yves qui se console du déclin de la France en diagnostiquant «l'apoptose» du parti breton.
-déficit budget 2009: 141 Md€ (8,2% du PIB)
-déficit budget 2010: 148,8 Md€ («Soit 1 Md de moins que prévu», c'est de l'humour ?).
-Déficit de la balance commerciale extérieure sur un an : 75 Md€ (Allemagne: + 200 Md€)

Ah, mais peut-être pouvont nous rembourser nos dettes en vendant (à la Chine par exemple), comme la grèce nos entreprises nationales;
Tiens EDF par exemple: actionnaire principal: l'Etat à 86%, Valeur boursière actuelle: 36 Md€, dette...47,8 Md€...M... euh zut.
Gdf-Suez alors: Etat actionnaire à 36 %, dette: 47,2 Md€.
France Télécom: Etat 26%, dette: 36,1 Md€.
Renault: Etat: 15%, dette: 31 Md€.
On pourrait poursuivre pour d'autres entreprises ou banque anciennement publiques, comme Total: Etat: 23%, dette: 31 Md€.
Bref, l'ensemble des entreprises du CAC 40, (dont la moitié du capital est étranger) publiques et privatisées comprises, c'est 410 Md€ de dettes !
Tiens, j'allais oublier SNCF-RFF: 28 Md€ de dettes.

Le «Prix de Vente» de la France étant évalué à 12 000 Md€, on peut considérer que les préteurs étrangers sont propriétaires de 15% du pays...Une sujétion: et si on vendait la Bretagne aux américains ! Peut-être en deviendions-nous le 51è état avec forcément le statut d'autonomie et de considération de rigueur dans ce pays fédéral.

Mais rassurons-nous, notre aspirant aux élections présidentielles F.Hollande, président du Conseil Général le plus endetté de France, la Corrèze (1 206 €/hab., Le Point du 29 oct.2009), épaulé par Bernardette Chirac, conseillière depuis ...1979!, va nous tirer de ce mauvais pas !
Et là, il ne s'agit pas d'apoptose, mais carrément de mort clinique.


Pascal
Jeudi 26 décembre 2024
Comique tout cela. Le PB est une formation en régression comme le dit Yves. Après avoir jouer les plus bretons que les bretons, ils se sont alliés au Modem (alors qu'ils annonçaient partout pas d'alliance avec les français), puis se sont convertis jusqu'à la nausée à l'écologie (il fallait courir après les verts et l'UDB) avant de se dire pas indépendantiste à certaines occasions... Bref de l'incohérence complète.

Sur le communiqué, la France sombre, on entend cela depuis que le nationalisme breton existe et toujours rien à l'horizon. Concernant la dette, c'est l'ensemble de l'Europe (même l'Allemagne aussi sur divers indicateurs) et l'Etat providence qui sombrent. Les chiffres cités sont vrais et j'espère que les français vont enfin devenir responsables et enfin faire pression sur les différents partis pour que cela change. Il est au moins heureux que les primaires socialistes montre un certain réalisme chez quelques prétendants... Malheureusement on ne peut pas en dire autant des verts qui peuvent faire pression sur le PS.


Kevin
Jeudi 26 décembre 2024
Afin d'éviter toute confusion entre des articles et des communiqués il serait bien que ces communiqués n'aient comme image que le logo de l'organisation les soumettant.

Marcel Texier
Jeudi 26 décembre 2024
Yves - le commentateur de l'article, pas l'auteur bien sûr ! - a tout à fait raison d'employer le terme «apoptose» à propos du Parti Breton, mais contrairement à ce qu'il croit, semble-t-il, c'est un phénomène dont il y a tout lieu de se réjouir.
En effet, l'apoptose est ce qui permet à un organisme de se débarrasser des cellules défectueuses ou mortes et de laisser la place à des cellules nouvelles et saines. Si l'apoptose ne se produit pas, ou ne se produit plus, c'est le cancer !

C'est exactement l'inverse de ce qui se passe pour le Parti Breton, ce qui est tout à fait encourageant.


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