D'altitude moyenne de 1,50 m au dessus de la mer, l'île de Sein subit, parmi d'autres, une montée des eaux (30 cm depuis 1700 et pourrait augmenter de 25 à 80 cm d'ici l'an 2100 !), provenant de la hausse du niveau des océans, probablement dûe à la fonte des glaces. L'île donnait, depuis quelques années, une surcôte des marées, devenue imprévisible. Lors de tempêtes, les vagues autour d'elle peuvent atteindre jusqu'à 14 m de hauteur ! Même si l'île n'est pas menacée d'inondation, depuis 2008, des murs de protection sont régulièrement construits, pour renforcer les digues. En 2014, le Bretagne a subi un record de tempêtes à répétition.
1er février 2014. Une date historique, que la population de l'île de Sein n'est pas prête d'oublier, pourtant habituée aux tempêtes, celle-ci restera la plus impressionnante jamais vue à ce jour. Marie-Thérèse, employée depuis 39 ans à la gare maritime (compagnie Penn Ar Bed) de l'île, nous raconte, 1 an après, son impuissance face au déchaînement de la mer.
Nous avons déjà eu de l'eau dans la gare, mais ce jour-là, nous ne nous attendions pas à ce déchaînement de la mer, le matin, elle avait gonflé, puis l'on remarquait de grosses vagues. Pourtant, il faisait beau cet après-midi-là, mais avec un gros coefficient et une houle venant du Nord, Nord-ouest.
Au début, j'étais seule, j'ai commencé à éponger vers 16h, puis j'ai enlevé tous les ordinateurs et tout ce qui était informatique. Alors, j'ai appelé mes collègues, car le compteur avait pris feu et fait sauter l'électricité. Ensuite, nous étions 3, tous employés de la gare, avec les personnes du Conseil général. On s'est obstiné à vouloir mettre à l'abri tout ce que l'on pouvait, à surélever le maximum de choses sur des étagères et stocker dans un garage à proximité. Puis, c'est allé très vite, l'eau a commencé à entrer sous les façades, on avait pourtant placé des big-bag remplis de ciment devant l'ouverture, mais la porte a éclaté avec la pression de l'eau et la mer s'est engouffrée partout, il devait être 18h. Au bout d'un moment, on s'est rendu compte que ça ne servait à rien de rester sur place, donc on a quitté la gare vers 19h, quand on ne voyait plus clair. Évidemment, on a rien pu fermer.
Oui, car il n'y a que le lendemain où on a fait un peu de ménage, on a bloqué la porte avec tout ce que l'on pouvait trouver, comme des morceaux de bois.
On est quand même resté sans informatique jusqu'au mois de juillet, comme les bâtiments font partie du Conseil général, il fallait attendre l'arrêter de catastrophe naturelle, on travaillait donc en mode manuel.
Bon, on regarde beaucoup plus maintenant les grandes marées en fonction de la météo. On s'habitue aux tempêtes, c'est peut-être un tort, mais s'il fallait redouter, je ne sais pas si on resterait là. Avec le recul, on ferait le nécessaire pour mettre hors d'eau le matériel et sauver ce que l'on peut.
Je remarque, depuis quelques années, que la mer monte plus facilement qu'avant, d'un coefficient 80, j'ai l'impression que c'est un 90. Vous savez, j'ai 60 ans, habitante de l'île depuis toujours. C'est quand même la 1ere fois que je vois une tempête aussi forte, et les anciens d'ici aussi. Je crois que les 140 habitants l'île de Sein ne l'oublieront jamais.
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