Histoires parallèles du Pays de Galles et de la Bretagne par l'historien Jean-Jacques Monnier et Ol

Chronique publié le 1/03/20 17:42 dans Histoire de Bretagne par Marie-Noelle Rinquin pour Marie-Noelle Rinquin
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Jean Jacques Monnier et Olivier Caillebot

Le 1er mars, c'est la Saint Divy, Saint Patron du Pays de Galles, qui est à l'origine du nom de plusieurs communes bretonnes telles Loguivy, Saint Divy ou Pontivy et d'autres encore. Saint Divy est devenu ensuite Saint David pour les anglophones. Pour faire écho aux festivités organisées chez nos cousins gallois, le comité de jumelage de Plonevez Porzay avec Newcastle- Emelyn au Pays de Galles a invité ce samedi 29 février l'historien breton Jean-Jacques Monnier renommé pour son histoire de la Bretagne et spécialiste de l'histoire du Pays de Galles ainsi qu'Olivier Caillebot, réalisateur du DVD Connaissance de la Bretagne et de la série la Bretagne en histoire pour une conférence de deux heures présentant avec une multitude de photos, graphes et extraits de films, une riche histoire comparée de la Bretagne et du Pays de Galles de 1914 à nos jours.

Cette évènement a attiré un grand nombre de personnes intéressées par l'histoire de ces deux pays celtiques, qui tissent et entretiennent des liens culturels et économiques depuis toujours. Dimanche 1er mars à Briec était organisé un repas suivi d'une initiation aux danses galloises.

Bref survol de l'histoire comparée de ces deux pays aux langues celtiques de la même famille

Comme la Bretagne, le Pays de Galles a perdu un très grand nombre de jeunes hommes durant la 1ère guerre mondiale. C'est dans les tranchées de cette guerre que se sont développés les mouvements nationalistes bretons et gallois, mais parallèlement aussi chez de nombreux Bretons, le sentiment de devoir abandonner le breton, de ne plus transmettre leur langue maternelle à leurs enfants et petits enfants. Alors que les pasteurs gallois continueront à transmettre leur langue dans les cours de religion. L'église catholique en Bretagne sous la pression de l'Etat, cessera de transmettre le breton parlé et écrit. Les morts de cette guerre laisseront une profonde souffrance dans le cœur des Bretons comme des Gallois. Dans les deux pays les nombreux monuments à la mémoire des soldats morts durant la guerre 1914-1918 en sont les témoins.

Le pays de Galles est depuis longtemps un pays de mines de charbon et d'industrie métallurgique qui a participé très tôt à la révolution industrielle. Il en profitera jusque la fin de la 1ère guerre mondiale. En Bretagne qui, à cette époque, était surtout un pays de paysans et de marins, la révolution industrielle n'arrive que tardivement. Des Gallois viendront après la 1ère guerre mondiale exploiter des mines de Bretagne comme l'exploitation minière de Poullaouën, Locmaria-Berrien et Huelgoat, feront travailler des entreprises telles que les Forges de Trignac à Saint Nazaire.

L'après-guerre apportera la faim et la misère au Pays de Galles car les mines de charbon seront moins exploitées et les salaires, élevés durant la guerre, diminueront considérablement. En Bretagne, où les hommes boivent beaucoup de vin et où l'Etat accorde des licences de débits de boissons à tout va, l'alcoolisme et les suicides feront plus de ravages qu'au Pays de Galles.

Un pasteur gallois et son fils, James James et Evan James, pour lutter contre l'alcoolisme au Pays de Galles, créeront un chant qui deviendra plus tard le célèbre hymne national gallois Hen Wad Fy Nhada et plus tard l'hymne national breton le Bro Gozh Ma Zadoù en Bretagne.

Depuis l' époque de l'entre-deux guerres, les Gallois votent traditionnellement pour les travaillistes ou les libéraux, alors que les Bretons qui votaient traditionnellement à droite votent seulement depuis 1981 pour les socialistes.

Durant la deuxième Guerre mondiale, les montagnes du Pays de Galles seront le terrain d'entraînement de l'armée britannique et le blocus de la Grande Bretagne fait que personne n’y mange à sa faim. Le rationnement sera la norme encore plusieurs années après la fin de la guerre. Les Allemands ont bombardé massivement les villes galloises de Cardiff et Swansea tout comme Londres. En Bretagne ce sont les villes de Brest, Lorient et Nantes qui ont été détruites par les bombardements de la libération par les Américains. Dans les deux cas il a fallu reconstruire.

L'économie bretonne prendra son essor dans les années 60 et 70 entre autres sous l'action du CELIB et un début de décentralisation. La musique et la culture bretonnes deviendront très populaires dans les années 70 avec le succès notamment d'Alan Stivell, Dan ar Bras et tant d'autres. 1977 verra la création de la première école d'enseignement en breton : Diwan.

Les années 70 seront noires au Pays de Galles. Margaret Thatcher importera du charbon d'Australie ou de Pologne, ne cédera pas aux syndicats et fera fermer les mines galloises. Cependant Margaret Thatcher permettra aux Gallois d'avoir un enseignement bilingue gallois anglais et autorisera la création d'une chaîne de télévision purement galloise Aujourd'hui 25% des enfants sont scolarisés en Gallois qui est la 2ème langue officielle au Pays de Galles. En Bretagne ce ne sont que 3% des enfants qui sont scolarisés en breton, ce qui ne permettra pas au breton de survivre longtemps, d'autant plus que la moyenne d'age des 200 000 bretonnants actuels est de 60 ans.

Depuis 1997, le pays de Galles ayant voté par referendum pour la dévolution, a son propre Parlement qui prend des décisions autonomes en matière de santé, d'éducation, d'agriculture, d'environnement, de transport et de certaines taxes. En Bretagne nous en sommes encore bien loin.

Alors que le Pays de Galles a pu profiter des aides européennes, leur permettant de développer une économie moderne (fabrication d'éoliennes, industrie du bois), les Gallois (surtout des régions Ouest, ceux aux faibles revenus) ont voté en majorité pour le Brexit. Au-delà de ce revers, les Bretons et les Gallois voudraient continuer leurs échanges culturels et économiques.


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