Guérande : l’or blanc des Bretons, 2000 ans d’histoire Un film, une conférence

Dépêche publié le 27/11/18 20:53 dans Histoire de Bretagne par Hubert Chémereau pour Hubert Chémereau
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Visuel de la soirée

Le film a pour auteur d’une part Jean-Jacques Monnier (historien) et Olivier Caillebot (producteur), d’autre part Loic Chapron, réalisateur, qui ont déjà produit ensemble un film sur le site du Yaudet, en Bretagne Nord.

Cette réalisation, coordonnée par l’association LTW, a été possible grâce à l’appui de l’association Bretagne-culture-diversité/sevenadurioù, qui agit pour promouvoir la culture bretonne sur le territoire de la Bretagne historique.

La projection du film de 33 minutes sera suivie par une 94e conférence dialoguée et multimédia, comme les auteurs les pratiquent régulièrement depuis 6 ans. Nous avons posé quelques questions aux conférenciers :

Pourquoi avoir choisi l’histoire du sel breton ?

D’abord parce qu’elle est mal connue, malgré son importance. Depuis l’antiquité, le sel a joué partout un rôle capital dans la conservation des aliments, dans leur transport, dans le commerce intérieur et international, donc dans l’économie. Ce sel était d’abord produit en chauffant l’eau de mer avec du bois pour la faire évaporer. Sur la côte atlantique, on a mis au point un système de marais salants où c’est le soleil et le vent qui jouent le rôle d’évaporateur. Ce système existe toujours après 1500 à 2000 ans d’utilisation. Il s’est maintenu autour de Guérande et de Mesquer. Depuis cette époque, toute l’Europe a consommé du sel de Guérande et des environs.

Pourquoi avez- vous choisi ce sujet ?

Nous ambitionnons de faire connaître aux Bretons, et aux autres, divers aspects de l’histoire de Bretagne en partant de lieux précis, sous l’appellation générale « l’histoire à notre porte ». Nous avons déjà travaillé sur le cairn de Barnenez, sur l’art des Seiz Breur dans le Trégor, sur la grande époque de l’art breton étudiée autour du Faouët, et sur Le Yaudet, site côtier du Trégor occupé depuis au moins 6000 ans. Ces documentaires grand public sont ensuite mis à la disposition du public sur des sites internet gratuits.

Comment avez-vous procédé ?

Comme d’habitude, il faut se plonger dans la production écrite, rencontrer des spécialistes dans le secteur géographique concerné et de la question évoquée, venir en repérage, écrire un synopsis, le faire vérifier par les spécialistes. C’est donc un travail d’équipe en réseau et un travail de vulgarisation, pour que ce soit accessible, plaisant, et que cela donne envie aux spectateurs de venir eux-mêmes sur les lieux. Nous avons vu, concrètement, comment la fréquentation du site mégalithique de Barnénez a pu être « boostée » par les présentations qu’on a pu en faire. Il est vrai que, comme les marais salants, c’est un des sites les plus extraordinaires d’Europe.

Quelles sont les principales étapes que vous évoquerez ?

C’est toute l’histoire de l’exploitation et du commerce du sel que le film retrace. Après une découverte d’une technique bimillénaire mais toujours performante, le spécialiste Gildas Buron évoque l’histoire de la grandeur, puis du déclin de la production du sel dit « de Guérande ». Ce dernier a apporté une grande prospérité non seulement à la région mais aussi à la Bretagne. Son déclin a commencé aux XVIIIe siècle avec la perte des marchés internationaux. On découvre ensuite comment la production de sel a failli disparaître complètement au XXe siècle, avant de renaître et de voir sa distribution améliorée. Jean-François Lehuédé, un ancien paludier du bourg de Batz, évoque ces combats vus par un paludier alors que Per Loquet évoque la perception des habitants de la presqu’île. Gwenael Rio, un paludier en activité, conclut sur les techniques de production et les caractéristiques des principaux produits obtenus. La survie des marais salants est un bel exemple de succès d’un combat juste pour un produit de qualité, totalement naturel.

Pourquoi une conférence après le film ?

Parce que le film ne peut tout dire en 33 minutes et que l’on apportera quelques compléments dans la conférence multimédia qui suivra. L’ensemble film et conférence ne dépassera pas 2 heures.

Comment financez-vous ce travail étiré sur trois années ?

Une partie de l’équipe a la chance de pouvoir travailler bénévolement. Nous bénéficions aussi de l’aide et de l’hospitalité d’un réseau d’amis soucieux de faire connaître le pays de Guérande et sa production de sel. Mais on n’y serait pas arrivé sans le partenariat de l’association d’intérêt général qu’est Bretagne-Culture-Diversité, basée à Lorient mais qui travaille sur les 5 départements bretons. Grâce à elle, on peut réaliser des documentaires accessibles au plus grand nombre dans un format relativement long, sans objectif de rentabilité économique.

Il nous faut remercier les bénévoles de l’association VigiBretagne-Evezh Breizh qui a permis que cet événement se tienne à Guérande et soit gratuit.

Vous allez continuer ?

Oui, après la Loire-Atlantique, on va commencer un film sur un pays peu connu du Nord Est de la Bretagne, le Coglès.

Mais nous jugeons essentiel de revenir devant le public de la presqu’île présenter ce documentaire qui les concerne et où résident tous les témoins interviewés.

Jeudi 6 décembre, 20h30

Guérande, Ciné Presqu’île, avenue Anne de Bretagne

Entrée gratuite