Le 26 décembre dernier, tout un village était en deuil. Il venait de perdre celui qui avait permis à La Gacilly de se développer. Ici, tout le monde l'appelait Monsieur Rocher. Une forme de respect pour le chef d'entreprise qui a créé emploi et richesses sur le pays, pour l'élu qui a joué la carte de la nature et des artisans d'art.
Vivre et travailler au pays. En harmonie avec l'environnement. C'était la philosophie d'Yves Rocher. Celle qui l'a guidé toute sa vie. Et qu'il a su transmettre aux siens. Yves Rocher avait une passion : la Bretagne. Et ne supportait pas de voir les jeunes devoir quitter La Gacilly pour aller trouver du travail à Paris. Il y a créé son entreprise qui, 50 ans, plus tard, est devenue un empire de la vente par correspondance de produits de beauté par les plantes. 15. 000 salariés dans le monde, dont 7.000 en France, 3. 000 en Bretagne. Et 1.680 à La Gacilly !
La galaxie
En créant de l'emploi, il créait de la richesse. Ce qui permettra au maire qu'il fut, de 1962 à 2008, d'investir dans des infrastructures culturelles, sportives, sociales, de santé... Le bourg se vidait, il décide de le revivifier en y installant des artisans d'art. « La notoriété de La Gacilly dépasse largement celle ordinairement connue par une commune de 2. 250 habitants. Elle est nationale, voire internationale », dit Jacques Rocher. Lequel reconnaît que le nom est parfois écorné. "ll arrive que certains l'appellent La Galicie. Ou La Galaxie. » Jacques Rocher a succédé à son père dans le fauteuil de maire en 2008. « Je faisais déjà partie du Conseil municipal. Être candidat m'a semblé naturel. »
La Gacilly jouit d'une image de village fleuri. « Nous avons obtenu la quatrième fleur : seules 200 communes l'ont en France. » C'est l'une des fiertés du village où l'on vient aussi pour découvrir le berceau de la marque Yves Rocher. Dans les rues, il n'est pas rare de rencontrer des visiteurs étonnés : la marque Yves Rocher est très peu visible à La Gacilly. Mais cela va changer.
Un botanique café
Le Végétarium, créé pour mettre en scène la nature, a fermé ses portes depuis plus d'un an. « Même si son objet restait d'actualité, le discours diffusé pendant onze années était un peu dépassé », explique Auguste Coudray, qui en assurait la direction. « Aujourd'hui, les enjeux environnementaux sont tels pour la planète qu'il faut passer à des messages d'urgence. Comme nous le faisons d'ailleurs avec le Festival international Photo Peuples & Nature.
Le Végétarium va devenir un lieu représentatif de la marque Yves Rocher où l'on pourra découvrir son histoire, ses valeurs, ses métiers, ses produits, son identité. Nous y transfèrerons le magasin de la Croix des Archers qui sera transformé en Atelier de la cosmétique végétale, selon le nouveau concept de la marque. Un botanique café, genre de brasserie déclinant qualité, simplicité et produits bios, y sera proposé. Nous y développerons également une activité séminaire. » L'ouverture est programmée pour le mois de mai. « À terme, sur les deux autres niveaux, nous aurons une exposition (récoltant, fabricant, distributeur) et une mise en scène de la Fondation Yves Rocher/Institut de France. »
Les projets fleurissent à La Gacilly. Pour Jacques Rocher, « les métiers d'art constituent une carte de visite depuis plus de 30 ans pour la commune. Mais il était important de recréer une dynamique forte. Nous voulons continuer à installer des professionnels. Certains ont besoin de grands ateliers : nous avons rénové l'ancien abattoir pour répondre à cette demande. » Le lieu, baptisé La Fabrique, accueille déjà un dinandier (travail du cuivre), un ferronnier, un verrier. Une dizaine de professionnels peuvent y travailler. « Le 7 avril, nous avons inauguré le Pôle régional des Métiers d'art 'La Passerelle', tourné vers la création contemporaine, qui abritera également l'Office de tourisme. »
Dans un tout autre domaine, signalons l'ouverture, en 2011, de la Maison de Santé. « Y seront regroupés des professionnels : l'idée est de mutualiser les coûts et de proposer, dans un même lieu, une offre complète pour les patients. On parle de zones désertées par la santé : si l'on veut y remédier, il faut s'en donner les moyens. »
Trouver la note juste
La Gacilly est engagée dans le développement durable. « Mon père en a fait ici depuis les années 50 et nous perpétuons son action. Nous ne sommes que des passeurs, ma seule ambition politique se limite à La Gacilly, un bel écrin qui n'a pas connu de remembrement. Continuons à le faire vivre. » Et Jacques Rocher de citer l'exemple de la Fête des Fleurs, en juin. « Elle mobilise 250 personnes pour son organisation. Nous existons par ce que l'on est mais surtout par rapport aux autres. » Une vision que partage Auguste Coudray pour qui « être vivant, c'est agir et trouver la note juste. Beethoven disait 'Chante ton clocher et tu feras chanter le monde' : si on chante juste, la mélodie sera alors reprise. Un territoire se gagne. »
article paru dans le magazine armor sous la plume de Yann Guénégou
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