On sent très vite, si on ne le savait pas déjà, que Michel Chauvin est un passionné de Glenmor, de son oeuvre, de son esprit d'insoumission. « Avant l'insoumission il y a l'indignation » dit-il.
Ce n'était pas une conférence dans les règles : titre, chapitre I, chapitre II etc. et conclusion. C'était comme si le conférencier recevait les 50 auditeurs dans son salon pour leur parler de [[Glenmor]], mais aussi de Grall, Xavier - indissociables selon Michel Chauvin, nous lisant des passages de l'un, de l'autre, ou encore de l'un à propos de l'autre, de l'autre à propos de l'un, si bien qu'on ne savait plus trop parfois qui avait écrit sur qui. Mais peu importait. La Fête de nuit de [[Xavier Grall]], où Glen est Glenmor et Arzel l'auteur, Les Emblaves et la moisson de Glenmor ou encore la biographie de Xavier Grall par Mikaela Kerdraon (1), tous ces livres et d'autres étaient devant lui avec le Kan ha diskan, correspondances Grall-Glenmor de cette dernière (2), tous hyper frangés de jaune comme s'il y avait des post-it à chaque page ! Il avait tant à nous dire que deux heures ne suffirent pas...
Glenmor et Grall se sont rencontrés en 1966 à Locquirec où Glenmor chantait dans son cabaret.
Après un premier contact pas très chaud de la part de Glenmor : ce petit journaliste parisien qui venait l'interviewer pour Bretagne magazine... ? Pour cette revue folklorique ? Ce fut non. Puis Xavier lui fit dire que c'était lui « Olivier » des Billets d'Olivier dans La Vie catholique. Ils ne se quittèrent pour ainsi dire plus. « Il y eut entre Grall et moi le miracle de la rencontre poétique absolue » (dans (1)). Glenmor avait 35 ans, composait des chansons et les chantait, Grall en avait 36 et vivait de « billets » dans La Vie catholique, Le Monde et Bretagne magazine.
Michel Chauvin dans cet exposé multiforme raconte que l'idée de la statue de Glenmor à Rennes lui est venue très vite après sa mort. À la sortie du cimetière de Maël-Carhaix (plus de 4.500 personnes et une centaine de drapeaux bretons) il a commencé à recueillir de l'argent dans un Gwenn ha Du. Cela faisait un tiers du budget. Puis le maire de Rennes compléta jusqu'à la moitié. La statue revint à plus de 120.000 F avec les services de la ville et le transport à partir de la petite carrière où [[Jean Fréour]] l'avait sculptée. Elle fut érigée le 27 juin 1998 au parc du Thabor.
Michel Chauvin espère par cette conférence faire connaître, lire ou relire, écouter ou réécouter Glenmor. Ainsi que par le spectacle créé sur une idée collective – et réalisé par Dihunerien. Il espère que Glenmor reviendra sur le devant de la scène, que les jeunes Bretons le découvriront. Justement, à la bibliothèque où l'exposition sur Glenmor se tient dans l'escalier qui descend dans la salle Bretagne (salle des livres et magazines du fonds breton) ainsi qu'en bas dans des vitrines, où certains jeunes en passant disent au personnel « Glenmor ? Oui je connais ! Mes parents ont tous ses disques, des vinyles et aussi des CD... ».
Sur le spectacle qui sera donné à Vannes (voir notre article) : « Tout est authentique. Il n'y a pas une phrase, pas un mot dit sur scène qui n'a pas été écrit par Glenmor ou Grall ». Il continue « J'aimerais tellement que les deux femmes puissent être là... » (Françoise Grall et Katell).
Maryvonne Cadiou
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(1) Xavier Grall. Une sacrée gueule de Breton. L'homme et l'oeuvre, éd. An Here, 2001, 686 pages. En hommage à Per Denez, au militant que j'admire, à l'écrivain de talent, à l'ami qui m'a suggéré l'idée de ce livre, m'a prodigué encouragements et précieux conseils et à qui je voudrais exprimer mon affectueuse gratitude, écrit Mikaela Kerdraon en exergue p. 6.
Deux riches cahiers de photos pour la plupart très peu connues, dont deux avec Glenmor. Mais on les retrouve tous les deux dans ce livre : p. 263 à 272 Glenmor barde relate leurs relations, Xavier Grall ayant fait paraître son Glenmor en 1972 chez Seghers (collection « Poètes d'aujourd'hui »). Puis une cinquantaine de pages sur la Fête de nuit.
(2) Kan ha diskan, correspondances Grall-Glenmor établies par Mikaela Kerdraon, publié en 2007. Ce ne sont pas seulement leurs lettres après qu'ils se furent rencontrés en 1966 à Locquirec. Mikaela Kerdraon réunit aussi dans ce livre des extraits de leurs textes mis judicieusement en parallèle.
(3) Une « marche commune pour une Bretagne vivante et debout » écrit, en 4e de couverture, Hervé Le Borgne, président de l'association des amis de Glenmor an Distro qui veilla à faire rééditer les disques de Glenmor.