Avec près de 35 000 exemplaires de son livre «Le roman de la Bretagne» vendus, Gilles Martin-Chauffier revient en Bretagne pour une conférence à Bains-sur-oust sur le thème : «La Bretagne a un passé, a t'elle un futur? »
Il faut dénationaliser l'Histoire de France
« L'histoire de France est un très beau maquillage [...] Les régions françaises sont enfermées dans la camisole de la France [...] Philippe Auguste ou Pépin le Bref n'ont jamais régné sur la Bretagne [...] La vision de la France de Michelet est fausse» nous rappelle Chauffier. Les faits sont indiscutables et indiscutés. La conclusion est logique : «l'Éducation nationale se sert dans l'histoire comme dans un libre service». Elle a choisi ses «bons Bretons» c'est a dire ceux qui ont servi le royaume comme Mauclerc, Clisson, Richemont ou Du Guesclin et même Anne de Bretagne, et plus tard ceux qui ont servi l'empire puis la République.
Les autres, les rebelles ont été démonisés puis oubliés. Dans cette histoire de France, personne ne parle de Nominoé, du duc de Mercoeur ou de Le Chapelier. Alors Gilles Martin Chauffier raconte. Il essaye de combler les trous. Il nous urge de ne pas perdre notre mémoire, condition nécessaire pour avoir un futur.
Sorties des oubliettes, des vérités qui dérangent
La Bretagne de Jean V en 1450 était si riche que son budget égalait celui de Venise, était le triple de celui de la Bavière. Sa flotte comprend 2000 navires.
Mais au lieu de créer des universités et de développer les ports et de créer de grandes compagnies maritimes, les ducs de Bretagne ont investi dans des enclos paroissiaux et payé des oboles à Rome ! De très mauvais choix économiques selon Martin-Chauffier. De plus les forteresses que les ducs faisaient construire aux marches de Bretagne n'étaient qu'une ligne «Maginot» engendrant un faux sentiment de sécurité. De toutes façcons, la conquête de la Bretagne a commencé bien avant 1488, quand les élites bretonnes ont commencé allées étudier à l'Université de Paris, dés 1200, et à la Sorbonne dès 1280. «On allait se faire former par les gens qui voulaient nous conquérir» assène Martin-Chauffier.
La tare bretonne
Les Bretons ont toujours été divisés. Cela culminera avec les Blois et les Montforts et la guerre civile. La noblesse bretonne à en grande partie trahi la Bretagne mais pire, toute imbue d'elle-même, elle ne s'est pas présentée aux états généraux en 1789 ! Ces 50 votes auraient, dans un sens, pu bloquer certaines décisions irrémédiables comme l'abolition des libertés et des droits particuliers de la Bretagne.
Dommages collatéraux
La Bretagne a été ruinée par la guerre franco-anglaise, une guerre de 150 ans, bien plus meurtrière que la guerre de cent ans, et qui va de 1672 à 1815. Commerce outre-manche interdit par décrets, blocus continentaux, pillages et incendies des ports bretons par la marine anglaise, épidémies ramenées par les équipages de la flotte, mortalité élevée des marins au long cours et de la course, corps expéditionnaires décimés, guerres des colonies, etc etc... la liste est longue. La Bretagne en sortira exangue, à genoux même, saignée a blanc. Le devoir de mémoire reste à faire.
Philippe Argouarch
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