Gilles Lamiré : de Cancale à Pointe-à-Pitre

Arrivé sixième de la flotte des grands multicoques dans la catégorie Ultime devant Servane Escoffier, Gilles Lamiré (Défi Cancale) boucle en 16 jours, toujours sur son propre trimaran, sa deuxième Route du Rhum-La Banque Postale. Porté de bout en bout par les Cancalais et le cuisinier de la mer Olivier Roellinger, il revient sur sa formidable aventure.

A quarante ans, Gilles Lamiré est loin d'être un novice de la voile. Skipper professionnel depuis 10 ans, il compte de nombreux convoyages et une multitude de croisières à son actif notamment dans les Caraïbes. « J'ai habité dix ans en Martinique. A l'époque je vivais sur mon bateau, un First. C'est comme cela que j'ai tout appris ».

Né à Lamballe mais Cancalais d'origine, Gilles est un amoureux de la mer qui a accumulé les expériences les plus diverses et fait partager sa passion sur de vieux gréements et plus récemment sur son grand trimaran rebaptisé Défi Cancale (ex-Elf 3 et Gitana 9). « J'ai été très sensible à ces sorties en mer organisées avec le public. Elles m'ont permis de faire partager ma passion de la navigation aux gens du coin ou de passage ».

En 2006, c'était déjà sur ce même bateau dont il est le propriétaire qu'il avait défendu les couleurs de la Martinique, dans la catégorie des multicoques 60 pieds ORMA (Madinina). « Il y a quatre ans, je n'avais pas eu beaucoup de chance. J'ai cassé au bout de 48 heures et je me suis retrouvé à 200 milles du Portugal avec une bôme par terre. Arrivé aux Açores, j'ai mis trente heures à réparer. Après, la météo n'était plus la même et je ne pouvais plus prétendre aux alizés ni à l'autoroute du Rhum tracée par Lionel Lemonchois » explique t-il. Seul bateau de l'édition 2010 à mesurer exactement 60 pieds soit 18m28, face à des mastodontes de plus de 30 mètres comme Groupama 3, Idec ou Sodebo, le Defi Cancale a bénéficié de plusieurs aménagements comme la pose d'un mât-aile plus léger.

Objectif Jacques Vabre

Soutenu par la ville de Cancale, les ostréiculteurs et de nombreux partenaires locaux, le skipper a eu la chance d'être parrainé par le prestigieux chef de cuisine Olivier Roellinger qui s'est chargé de lui concocter des rations de survie façon trois étoiles. « Il était très important pour moi d'être soutenu par la ville de Cancale qui a toujours été au centre d'une très forte tradition maritime. Avec Olivier Roellinger, nous voulions également souligner que la cité, grâce à ses huîtres et la variété de ses produits de la mer, s'imposait également comme un site remarquable du goût ».

Fort de cette nouvelle expérience plutôt satisfaisante, 5 jours de moins au classement que lors de l'édition précédente, Gilles Lamiré songe déjà à reprendre la mer. Fin 2011, il compte bien participer à la prochaine Transat Jacques Vabre en compagnie de son équipier principal, Benjamin Hardouin, qui est aussi le patron de la bisquine de Cancale – la réplique du gréement traditionnel qui servait au dragage des huîtres dans la baie du Mont-Saint-Michel. Puis ce sera, si tout va bien, la Québec-Saint-Malo et en 2014 la 10e Route du Rhum-La Banque Postale.

Durant toute la course, le Défi Cancale aura été à la lutte avec le Saint-Malo 2015 (ex-Club Explorer) de la jeune et talentueuse Servane Escoffier. Ces bateaux qui totalisent à eux deux plus de 46 années de navigation et qui ont remporté les plus belles courses au large – Record de la traversée de l'Atlantique en solitaire, Tour de l'Europe, Lorient Saint-Barth - ont montré à tous les amoureux de la voile qu'ils en avaient encore sous les flotteurs !

Site du skipper : (voir le site)