Le festival de Cornouaille a commencé très folky hier soir avec la chanteuse et violoniste des Corr, qui se produisait à l'espace Gradlon, à l'évêché, avec le trio Ewen, Delahaye et Favennec et au théâtre de Cornouaille avec Gabriel et Marie Yacoub du mythique groupe Malicorne.
Quarante ans après le disque Pierre de Grenoble sorti en 1972, signé de Gabriel et Marie Yacoub, qui donna naissance l'année suivante au groupe Malicorne, le duo revient sur scène et retrouve la magie d'un répertoire de troubadours électrifiés. Les textes sont anciens et tout imprégnés d'échos d'une vieille France où les rois parlaient de « mes peuples » au pluriel et où les parlers étaient aussi nombreux et savoureux que les terroirs.
Comme Dan ar Braz avait été le guitariste du premier album et qu'il habite juste à côté, il fit irruption sous les applaudissements pour jouer avec le groupe, le poignant Pierre de Grenoble. Une gwerz incroyablement émouvante sur le thème de Tristan et Iseult transposée dans le cadre du soldat inconnu, conscrit d'une guerre inconnue, pour une cause inconnue et dont la belle meurt de chagrin juste avant son retour. Le texte remonterait aux guerres du premier empire mais peut être plus ancien encore car il est universel et vous l'aurez compris, Pierre de Grenoble est tout aussi bien François de Nantes ou Corentin de Quimper. «Qu'en pensez vous gens de Paris ? »
Un très beau concert qui lance bien le Cornouaille-Quimper avec toute la convivialité, la qualité, l'originalité et la créativité ancrées qu'on lui connait.
Philippe Argouarch
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