Les Alsaciens Réunis réagissent avec consternation et un sentiment de colère aux propos du chef de l’Etat, François Hollande, déclarant en marge de sa rencontre avec la Chancelière allemande Angela Merkel à Metz, le 7 avril dernier, que « L’Alsace n’existe plus ! ».
Sur le ton manifestement du mépris et du pseudo humour qui semble le caractériser mais qui ne fait plus rire grand monde, le Président de la République répondait à une question relative au Parlement alsacien des jeunes (PAJ) au sein de la grande région.
L’heure est grave. Après l’affirmation méprisante et péremptoire du Premier ministre, Manuel Valls, en 2014, selon laquelle « il n’y a pas de peuple alsacien », voilà que chef de l’Etat meurtrit une nouvelle fois l’Alsace et les Alsacien(ne)s avec une telle déclaration, après avoir voulu rayer l'Alsace de la carte d’un coup de crayon sur un coin de bureau élyséen. Si pour lui l’Alsace n’existe plus, les Alsaciens Réunis lui rappellent avec force que 46 des 47 Etat-membres du Conseil de l’Europe ont constaté la violation par la France, par le gouvernement français, de la Charte européenne de l’autonomie locale.
Les Alsacien(ne)s auraient dû être consultés préalablement à la fusion des régions.
Les Alsaciens Réunis en appellent à la mobilisation générale de tous les Alsacien(ne)s, qui se sentent aujourd’hui blessés par ces propos révoltants, indignes de la fonction présidentielle. Nous sommes aujourd’hui forts du soutien de la communauté internationale et nous n’avons rien à craindre d’un tel gouvernement. Aussi, un grand rassemblement unitaire « Rot un Wiss » aura-t-il lieu le samedi 30 avril à 14 heures à Strasbourg, place de Bordeaux.
Ce sera l’occasion de laver ces affronts et d’exiger un référendum ainsi que le respect de notre identité et de nos spécificités, notamment notre droit local et notre dialecte.
Il n’y a aucune fatalité. L’Alsace existe à travers le peuple alsacien qui doit le faire savoir haut et fort à ceux qui nous gouvernent avec tant de mépris. Une participation la plus large possible sera un message fort adressé aux locataires, temporaires, du Palais de l’Elysée et de l’Hôtel de Matignon. Qu’ils se le tiennent pour dit !
Vive l’Alsace unie, vive le peuple alsacien !
Les Alsaciens Réunis
■Or c'est pourtant la seconde conception à laquelle nous sommes soumis depuis peu.
Par les temps qui courent, on se demande si c'est bien ce dont on a besoin en ce moment !
Le tripatouillage territorial de 2014 ayant fait l'économie d'une consultation démocratique, il aboutit à une nouvelle négation des provinces anciennes, pourtant peu ou prou restaurées politiquement depuis un demi siècle. A quelques exceptions près, il s'agit d'une ré-édition inattendue et brutale de leur suppression de 1789 qui fut suivie d'un siècle et demi d'inexistence officielle. Seule nuance : on procéda alors par émiettement en départements alors qu'aujourd'hui on agit par amalgames.
Il ne s'agit pas bien sûr de tomber à son tour dans le piège dénoncé en proposant de plonger dans le formol et pour l'éternité des territoires ou des périmètres anciens qui n'ont plus d'existence dans l'esprit des gens, car toute société évolue, mais bien de respecter les communautés vivantes, là où elles ont une réalité, ancienne ou nouvelle. Et avec elles, les usages démocratiques.
Mais «évoluer», surtout dans un Etat de Droit, ne signifie pas non plus «faire du passé table rase» ni «politique de la terre brûlée», suivie du «Circulez, y'a rien à voir !» dont le caractère participatif ne saute pas non plus véritablement aux yeux !
Ceci posé, voici un extrait de Tocqueville (L'ancien régime et la Révolution) évoquant l'abolition originelle de 1789, à laquelle le gouvernement actuel a trouvé utile et pertinent de revenir :
«On s'étonne de la facilité surprenante avec laquelle l'assemblée constituante a pu détruire d'un seul coup toutes les anciennes provinces de la France, dont plusieurs étaient plus anciennes que la monarchie et diviser méthodiquement le royaume en 87 parties distinctes , »comme s'il s'était agi du sol vierge du nouveau monde«.
En 2014, plusieurs d'entre nous avions de la même façon souligné l'analogie avec le découpage de l'Afrique »sur une carte" par les colonisateurs européens et bien sûr sans le moindre souci des peuples concernés...
L'Alsace, comme la Bretagne et d'autres sont des réalités vivantes qui doivent résister aux dogmes passagers de ceux qui, n'ayant pas bien métabolisé les valeurs démocratiques, considèrent encore que c'est aux peuples de se conformer à l'Etat et non l'inverse.