A l'appel de l'ACIPA et de 55 organisations, plus de 1 500 personnes se sont rassemblées calmement devant le Palais de justice de Nantes ce mercredi après-midi. Les CRS et gendarmes mobiles étaient aussi au rendez-vous, et l'on sentait qu'aucune velléité de débordement n'aurait été possible. Aussi ce rassemblement s'est-il déroulé dans une ambiance plutôt détendue, entre discours, chants à danser, petites blagues.
Le procès en référé, à l'appel de l'AGO-Vinci (aéropports du grand-ouest : (voir le site) ) visant à autoriser les expulsions de la vingtaine de familles dont quatre agriculteurs, avait été reporté du mois de décembre à ce mercredi 13 janvier. Aussi, les opposants, à l'initiative de l'ACIPA (voir le site) , multiplient-ils les actions afin de faire parler d'eux. La première, très remarquée, avait été l'occupation autorisée du pont de Cheviré (20 000 participants), à Nantes samedi passé. Celle-ci devait en principe s'arrêter dans l'après-midi, mais quelques centaines de manifestants et plusieurs dizaines de tracteurs étaient décidés à rester sur le pont ! Ils en ont été délogés sans ménagement par les forces de l'ordre vers minuit.
Dès le lendemain lundi, et encore le mardi, différentes actions afin d'occuper le terrain médiatique étaient menées : opérations escargots sur le périphérique et sur différentes routes convergeant vers Nantes. Des interpellations ont été effectuées, une vingtaine d'agriculteurs est assignée en justice. Ce mercredi matin à Brest ont eu lieu des barrages filtrants.
Enfin, samedi prochain 16 janvier, une grande manifestation est prévue à Rennes, et d'autres rassemblements sont également programmés.
D'entrée de jeu, le juge Gramaize annonce que le délibéré sera rendu le 25 janvier, qu'il souhaitait se donner du temps devant la complexité du dossier. Soulagement dans la foule à l'annonce de cette décision. Elle ne sera pas prise dans l'urgence !
Ce jour était celui du procès des expulsions, demandées par Vinci. Une astreinte entre 200 et 1000 euros par jour est demandée. En face, l'un des avocats des expropriés met en doute tout d'abord la constitutionnalité des expulsions, mettant en avant, comme argument de sa QPC (question prioritaire de constitutionnalité) trois choses : elle ne respecte pas le droit au logement, le droit au travail, et ne respecte pas non plus l'égalité de traitement entre les citoyens, relativement aux règles d'expulsion : trêve hivernale... Le juge devra dire si cette QPC est fondée à être «sérieuse».
Ensuite intervient le débat sur le fond du dossier. Expulser ou pas. Délibéré le 25 janvier.
Les écologistes de EELV se sont joints au rassemblement, et des membres du Parti de gauche. Emmanuelle Cosse et Sophie Bringuy (EELV) et Danielle Simonnet (PdG) font savoir, par une présence brève mais visible, qu'elles soutiennent le mouvement. Interrogé, Franck Nicollon, conseiller régional EELV, nous dit que le soutien éventuel des écologistes aux socialistes et à François Hollande «ne peut dépendre que d'un projet global, le seul arrêt de Notre-Dame-des-Landes ne suffirait pas». Bon, ce serait quand même un signal fort, et nous pourrons en reparler. Différents gwenn-ha-du sont visibles dans la foule, et Nicollon s'amuse à nous dire que les premiers mots qu'il dira à Bruno Retailleau (nouveau président LR de la région administrative PDL) seront en breton.
Claudine Boisleau, autre conseillère régionale écologiste, insiste sur le fait que Ségolène Royal avait réussi à abandonner le projet de l'autoroute A831, mais note toutefois que la décision est tellement politique qu'elle reviendra in fine à François Hollande, qui «écoute bien Ségolène».
Dans la foule des anonymes, public aux multiples visages, des jeunes, des moins jeunes, des fonctionnaires et des salariés du privé. Le tout dans une ambiance badaud au bord de Loire. L'atmosphère est à la bonne humeur, les participants partagent des bols de légumes et le pain. Toutes les personnes interrogées mettent en avant la terre et le respect de ses paysans. En revanche, dans nos discussions, nous n'avons entendu personne citer le mot «démocratie», «citoyens», «décision unilatérale de dirigeants».... Parmi les slogans, notons celui accroché sur un des tracteurs présents «Le pape est avec nous». Les autres sont peu aimables envers Bruno Retailleau, dont la 1ère action une fois élu, rappelons-le, fut d'aller voir Manuel Valls pour lui demander l'expulsion des Zadistes et le début des travaux. Enfin des chants improvisés devant encore quelque 400 personnes, à l'heure de notre départ vers 14h30, dont les paroles peu sympas envers les dirigeants, et un florilège d'an-dros (sûrement la plus accessible à tous des danses bretonnes), sur des chansons des Tri Yann «groupe nantais, donc breton» dixit le sonneur de biniou bras, et nous partageons cette dernière remarque.
D'autres photos sont à suivre.
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