L'histoire est classique : on achète le terrain, on construit sa maison. Les notaires du village sont formels : «dans quelques années, la carrière cesse son activité, pas de souci».
Mais la carrière demande une extension et l'obtient : elle fonctionnera jusqu'en... 2041. La maison est invendable, les propriétaires n'ont plus que leurs yeux pour pleurer.
Le scénario se joue à l'identique à Plumelin, Guilligomarc'h ... Avec des variantes, comme à Le Saint où l'on va transformer du granite de haute qualité en granulats, permettant de multiplier par 25 la production obtenue jusque là.
Car chaque Breton représente 8 tonnes de granulats par personne et par an. Et c'est qu'il va en falloir, mon bon monsieur, du granulat, l'extraction la plus importante sur le sol français aujourd'hui. La législation française est assez ouverte aux projets de développement des carrières (le sous-sol appartient à l'État pour une mine et aux propriétaires pour une carrière). L'alchimie entre différents partenaires permet au bout de procédures administratives assez longues, de transformer les cailloux en oseille.
Les citoyens essaient de s'organiser, créent des collectifs, font renaître des associations de riverains qui s 'étaient endormis quand le projet semblait être abandonné... Ils cherchent des infos sur les carriers, se rendent comptent que les granulats, ça peut aussi se recycler : «Certains pays recyclent presque tout leur béton, comme la Suisse. En Europe, le taux de recyclage varie du minium (comme au Portugal) jusqu’à 95% en Suisse, passant par la France, assez bonne élève avec 63% mais dépassée par les 80% de l’Allemagne». Ils préparent le combat de David contre Goliath ...
A Arzano, l'Ellé qui est sauvée désormais des nuisances de GDE va-t-elle être épargnée des deux carriers qui achètent du terrain (Eurovia et Pigeon) ? 60 hectares convoités, une des plus grosses carrières de Bretagne, pour une taxe de forage de milliers d'euros touchés par les propriétaires, le marché est juteux.
Mais quid de la qualité de l'eau, grand enjeu d'avenir, les programmes «Bretagne eau pure», «reconquête de la qualité de l'eau» ? Algues vertes, pollutions diverses, élevages, cyanobactéries, poussières,... et ensablement des rivières, rendant difficile la reproduction des truites et salmonidés.
Il va falloir que tes citoyens soient vigilants et rentre rapidement en action, ô, Ellé, première rivière à saumons (ou ce qu'il en reste) de Bretagne ...
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