Il hésite à les suivre quand ils jouent avec les mots écrits par le public venu nombreux ce samedi de juillet pour découvrir dans la cour du manoir son oeuvre, et plus loin, au-dessus du lavoir, une immense structure en bois où une violoniste accueille les visiteurs.
Il faudra bien qu'il prenne la parole, ce Belge allemand qui maîtrise très bien la langue de Voltaire. Pour lui, notre passage sur la terre est bien éphémère et ce qu'il met en place dans ses installations est aussi très éphémère : les grandes lattes de bois qui sortent de la fenêtre du grenier à pans de bois et vont s'engouffrer dans le puits, signalent une eau qui n'est plus puisque le puits est stérile et au dessus du lavoir, les lattes couleur magenta ont été déformées par la récente tempête, la grande branche du chêne ayant fait bouger toute la structure.
«J'avais envie de créer un espace, d'isoler le visiteur, de le mettre en face de lui-m^me, en face de l'eau qui coule, du temps qui passe. Il faut interrompre la course folle de notre société moderne».
Il habille aussi les chapelles, les forêts, il fait redécouvrir au passant de Kernault un patrimoine qu'il a oublié. Il «donne à voir» comme disait Paul Eluard. A Pluméliau il a aussi installé des lignes de bois, à Notre Dame de St Nicolas des eaux. Cet été, les amateurs d'art contemporain sont gâtés : Rainer Gross dans trois sites, Patrick Dogerty au château de Trévarez, ...
Il sourit aux enfants qui s'obstinent à vouloir donner un nom à l'oeuvre : un bateau, une église, une cabane ? Pour Rainer Gross, c'est un travail artistique, une recherche de formes et de couleurs qui doivent inciter à la méditation, à l'arrêt du temps qui nous menace, à écouter les oiseaux, le train qui passe, l'eau qui coule ...
(voir le site) du Manoir de Kernault
(voir le site) de Rainer Gross
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