Née en 1946, Adèle Bessy alias Geneviève Mabillot, autodidacte, produit des oeuvres sur toile : un travail infiniment précis, presque précieux, réaliste, un peu naïf. L’artiste met en scène des intérieurs banals, des paysages pittoresques dans lesquels elle cadre des personnages totalement statiques, les yeux vides ; des êtres côte à côte, mais seuls avec leur angoisse, incapables de communiquer entre eux.
A la mort de sa mère, l'artiste, inconsciemment, avait pris le nom de jeune fille de celle-ci. Mais un jour, les sages personnages de Geneviève Mabillot ont cédé la place à la totale démesure d'Adèle Bessy.
De véritables grappes «humaines» se bousculent désormais sur la toile, confrontent leurs monstruosités, deviennent centaures, griffons... L’oeuvre prend des connotations culturelles, se rapproche de Breughel, Bosch ou Arcimboldo. Tout se passe comme si, soudainement, les fantasmes les plus fous étaient permis, comme si chaque personnage mettait son âme sur son visage, étalait au grand jour ses plaies et ses meurtrissures intérieures.
La précision du pinceau de l'artiste, la finesse du détail, l’art de rendre un velours, une dentelle, sont intacts, mais les couleurs ont totalement changé : des dominantes bleues, elle sont passées à des bruns vert-glauque, des ocres violacés souvent morbides. Néanmoins, la vie retrouvée, la vivacité, la jubilation perverse de ses créatures, rendent paradoxalement les tableaux d’Adèle Bessy moins porteurs d'angoisse que ceux de Geneviève Mabillot.
Jeanine Rivais
Du 15 avril au 17 juin 2017
Chapelle des Ursulines
Lannion (22)
Entrée Libre
Horaires :
Du mardi au samedi, de 14 h à 18 h
Les jeudis matin et samedis matin de 10 h à 12 h 30
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