Au moment où viennent de s'achever les septièmes assises de l'économie maritime et du littoral à Dunkerque, la Bretagne ne peut que constater le retard qu'elle a accumulé en raison des carences de l’État français depuis des décennies en matière de politique maritime…
Quel que soit le thème que l'on choisisse, nous subissons la politique d'un État avant tout continental qui n'a jamais eu de politique maritime ambitieuse.
Prenons l'exemple du Danemark, pays à la population équivalente à celle des cinq départements bretons… Ce pays a su faire émerger le premier groupe industriel dans le domaine de l'énergie éolienne qui emploie plus de 20.000 personnes, le groupe Vestas qui est présent dans le monde entier. C'est aussi au Danemark qu'a vu le jour et qu'est établi le groupe Maersk, le premier groupe mondial de transport maritime de conteneurs, également présent dans l'aérien et la construction navale qui emploie 60.000 personnes dans le monde.
Au lieu de cela en Bretagne, nous aurons des éoliennes en mer dont le lieu d'implantation comme l'opérateur/constructeur seront décidés à Paris, et dont il y a tout lieu de penser que le pactole financier ira à Edf, Gdf Suez ou Areva, puisque la concurrence sera réduite à 3 groupes à la forte consanguinité avec l’État et l'administration française où il y a longtemps que l'on ignore les conflits d'intérêt ! Les Bretons auront l'entretien et la maintenance, tâches à faible valeur ajoutée, alors que l'industrie, les sièges sociaux, les centres de décision se trouvent tous hors de Bretagne, le plus souvent à Paris. Combien de temps supporterons-nous encore ce système où toute la valeur ajoutée nous échappe !
Que pouvons-nous avancer pour la Bretagne ? Des ports de faible dimension au trafic qui plafonne, une pêche qui, faute d'investissements suffisants, réduit la voilure année après année, une construction navale en équilibre très précaire, une aquaculture insignifiante, un cabotage maritime inexistant. Où est l'ambition ? L'économie maritime bretonne est anémiée. Il manque une vision indispensable à la mise en cohérence de compétences qui pourtant ne manquent pas ! Il est temps de voir les choses en grand en Bretagne, nous disposons d'une ressource inépuisable avec la mer. Saurons-nous en saisir toutes les opportunités ?
Yves Pelle
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