La création de la région administrative “Pays de la Loire” s’est accompagnée d’une campagne de débretonnisation du département de Loire-Atlantique orchestrée par les responsables successifs de cette nouvelle région, qu’ils soient de gauche ou de droite. Un racisme anti-breton (1) s’est donc tout naturellement développé et propagé dans les villes et les campagnes du pays nantais et des pays de Retz et d’Ancenis, conduisant à l’effacement progressif de tout ce qui de près ou de loin pouvait faire penser à la Bretagne historique.
Or, il subsiste encore heureusement quelques traces, signes, inscriptions, symboles qui attestent du “sentiment d’appartenance à un terroir” en l’occurrence au terroir, au territoire breton. Parmi ceux-ci, les noms donnés aux maisons par les habitants sont révélateurs de ce sentiment.
Ils ont bien entendu d’autres fonctions comme celles de “parer la maison, de l’identifier, de jouer avec les mots” (2). Mais la fonction dominante est celle qui consiste à dire “Qui l'on est” et plus fondamentalement “Que l'on est” (2).
Le nom de maison, c’est une forme de communication, un discours sur soi : il dévoile l’identité personnelle. Les signes d’appartenance ne sont exhibés que parce qu’il y a désir d’affirmer ou d’entrer dans une identité. Il sert à classer l’appartenance à un territoire et à la Bretagne, en particulier. Et il résulte d’une démarche volontariste : le nom de maison est choisi par l’intéressé(e) alors que le nom de famille est hérité.
A La Bernerie en Retz, l’usage de noms de maison en langue bretonne (3) ou en langue française faisant référence à la Bretagne est révélateur de la bretonnité des habitants de la région.
La Bernerie en Retz où nous avons enquêté et Saint-Brévin-les-Pins, terrain d’une étude très documentée de Anne Chaté (2) sont deux illustrations de cette présence bretonne.
À Saint Jean-de-Monts, n’en déplaise aux Vendéens Auxiette et Retailleau et au Mainiot Fillon, comme à Saint-Rémy les Chevreuses, on trouvera des noms en langue française qui fleurent bon les terroirs vendéen et francilien. Mais peu ou pas de noms en langue bretonne.
(1) ABP (voir le site)
(2) (voir le site) de Cairn
(3) L’utilisation assez fréquente du caractère Ꝃ, abréviation de KER (voir photo 2) (appelé couramment k barré, lettre latine supplémentaire utilisée en Bretagne) illustre une certaine érudition linguistique des habitants.
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