Plusieurs communes de Bretagne ont souscrit à des emprunts « toxiques » distribués par Dexia ces dernières années. Petit tour des conséquences…
Libération publie la carte des communes (voir le site) impactées par les emprunts structurés, dont l'indice était conditionné par des algorithmes mathématiques très compliqués, voire abscons. Ces indices se sont envolés et les collectivités qui ont souscrit se sont retrouvées devant d'importants surcoûts qui menacent leur trésorerie voire qui peuvent faire planer le risque de faillite (Seine-Saint-Denis).
Ces emprunts sont aujourd'hui dits « toxiques » et pourriront la vie des collectivités territoriales pendant de longues années encore, sauf s'ils sont renégociés. Les données de la carte ne sont ni sûres (la situation date de début 2010, certains prêts ont été renégociés depuis), ni exhaustives puisque d'autres banques distribuaient ces emprunts structurés. Les points verts représentent les communes qui n'ont pas connu de surcoûts, mais au contraire ont gagné par rapport aux conditions de leurs prêts. Les points jaunes sont pour les communes qui ont enregistré de 0 à 10 % de surcoût, les points oranges pour celles qui ont de 10 à 20 % de surcoût, les points rouges visent les communes les plus touchées, à plus de 20 % de surcoûts.
Au niveau départemental, tous les départements de Bretagne historique sont concernés, mais à différents degrés. Avec six emprunts, l'Ille-et-Vilaine a un surcoût de 9 % alors qu'avec deux emprunts seulement, la Loire-Atlantique fait face à un surcoût de presque 14 %, comme les Côtes-d'Armor avec cinq emprunts.
Au niveau régional, rapporte Le Télégramme (voir le site) la Bretagne est une des six régions françaises qui n'a pas contracté d'emprunt toxique. Les Pays de Loire, habitués à l'argent facile tiré de la Loire-Atlantique érigée en prolifique vache à lait, n'arrivent pas, une fois encore à se convertir à la vertu financière : la région a un emprunt toxique qui lui cause un surcoût de 6 %.
Quand on regarde la carte en Bretagne, l'on remarque de suite que les grandes villes, assez exposées pourtant au vu des projets qu'elles entreprennent, ne sont pas trop touchées. Dans le Finistère, Brestest épargné, Quimper touché par 12,5 % de surcoût sur ses emprunts. Saint-Brieuc et Vannes sont épargnées, Rennes enregistre un surcoût de 2,5 % et Nantes de 6,5 %. Cette relativement faible exposition peut s'expliquer par le fait que les villes disposent de fonds propres assez solides pour leurs travaux et que les grands projets sont en général pris en charge par les agglomérations. En revanche, au sein même des agglomérations, les communes secondaires sont souvent exposées et se retrouvent parmi les communes les plus impactées par les « emprunts toxiques ».
Il n'y a aucune commune du Finistère parmi les communes à plus de 20 % de surcoûts liés à leurs emprunts. Dans les monts d'Arrée, Rostrenen (22) a 37,4 % de surcoûts sur ses emprunts. Non loin de Lannion, Perros-Guirec est touchée avec plus de 30 % de surcoûts. On trouve sur la côte de la Manche Cancale avec près de 35 % et Saint-Cast-le-Guildo avec plus de 40 % de surcoûts, difficiles à assumer pour une commune d'à peine 3.000 habitants.
Dans l'agglomération de Rennes, L'Hermitage et Bruz sont toutes deux touchées à plus de 20 %, et non loin Vitré à près de 5 %. Dans l'agglomération de Nantes, en plus de Saint-Herblain, Orvault, Rezé et Les Sorinières, touchées à plus de 10 %, on trouve Haute-Goulaine qui fait face à près de 25 % de surcoûts. Donges, avec presque 27 % de surcoûts, est la commune la plus touchée du pays Nantais. Les municipalités du centre de la Loire-Atlantique, qui s'étaient lancées ces dernières années dans la construction d'équipements rendus nécessaires par l'accroissement de la population (médiathèque de Blain, salle polyvalente à Bouvron, Campbon, Savenay, travaux de voirie et de viabilisation…) sont touchées par l'envolée des indices, de 5 à 15 %. On remarquera l'absence de Saint-Gildas des Bois, commune pourtant non dépourvue d'équipements récents.
Le département qui compte le plus de communes gravement touchées est le Morbihan. D'ouest en est, on trouve Lanesteravec 27 % de surcoûts, Quiberon avec 70 %, lanterne rouge de Bretagne, un seul de ses deux emprunts toxiques lui causant un surcoût de près de 90 %, Grand Champ avec 56 % ; guère mieux, Ploeren avec près de 30 % après un emprunt pour la construction d'un espace culturel, Elven et Ploermel avec 20 %, Hennebont avec 18 %, et Guer avec 27 %. A côté de cela, les surcoûts sur les emprunts à Pontivy (9 %) ou Lorient (2,5 %) paraissent complètement anecdotiques. Pourquoi une telle surreprésentation du Morbihan ? Si Ploëmel paye cash sans doute l'ambition de la précédente équipe municipale, les raisons pour d'autres communes sont plus énigmatiques. L'édition papier d'Ouest France de demain vendredi se penchera sur cette question.
D'ici là, certaines communes comme Saint-Cast ont décidé de porter plainte contre Dexia (voir le site) d'autres négocient ou rachètent leurs crédits quand leurs ressources le leur permettent, afin d'éviter l'asphyxie par tous les moyens. Toutes dénoncent « l'information tronquée » qui leur a été présentée et l'extrême complexité de ces produits financiers auxquels les collectivités ne sont pas formées, ce qui les a placées dans une situation de dépendance vis-à-vis de Dexia et des autres détaillants de ces produits.
Louis Bouveron
Pour le reste, vous avez raison de souligner le problème des emprunts toxiques, même si nous sommes loins d'être les plus touchés en Bretagne.
Certains élus locaux ont eu leur période bling-bling. ça faisait bien de «faire le financier» qui joue sur les marché internationaux des capitaux. On a vu ce que ça a donné...
Méfiez-vous aussi des chiffres donnés par Libération, qui fait dans le scandale histoire de faire du bruit. Leurs chiffres datent de 2009 et ne prennent pas en compte ce qui a été renégocié ou remboursé depuis. Il suffit d'ailleurs de consulter les commentaires de l'article de Libé.com pour avoir quelques exemple d'erreurs de leur article.