Vif échanges mardi soir à la salle Alan Meur de Questembert où trois associations (l'Association des Usagers de l'Eau du Morbihan (UEM), l'association «Elémentaire» et Eau et Rivières de Bretagne) présentaient leurs propositions dans le cadre d'une réunion-débat consacrée à la gestion, la distribution et l'assainissement de l'eau en Morbihan.
Présents dans la salle, le Maire de Limerzel Gilbert Perrion, par ailleurs membre du SIAEP, le Syndicat Intercommunal d'Alimentation en Eau Potable et d'Assainissement de Questembert, Francis Roy, le candidat UDB/Europe Ecologie aux prochaines élections cantonales et divers responsables d'associations de protection de l'environnement ont pu confronter leurs arguments devant une trentaine de personnes. La polémique n'a pas mis longtemps à démarrer notamment quand a été prononcé le nom de Veolia, nouvellement désigné comme «fermier» (entendez «prestataire de service») dans la gestion de l'eau à la suite de la Saur. Francis Roy a regretté que la question de la mise en place d'une régie privée n'aie pas été débattu sur la place publique à l'occasion de la désignation des fermages pour la distribution d'eau. Le candidat UDB/Europe Ecologie n'a pas manqué de rappeler à l'occasion que Séné, commune du littoral, est repassée en régie en juillet dernier. L'empilement des réseaux, leur mauvais entretien (il existerait toujours des tronçons en Eternit -contenant de l'amiante- sur le secteur de Questembert), leur vétusté et leur opacité ont également été mis en exergue, indiquant, par le fait, un manque crucial d'investissement de la Saur durant toutes ces années.
L'exposé préliminaire de Daniel Robert, président de l'UEM, a permis de mettre en exergue les différentes interrogations que posaient la gestion de l'eau potable au niveau départemental à l'aube d'une réorganisation des collèges territoriaux composant le Syndicat Départemental de l'Eau. Après analyse il apparaît en effet que les secteurs les plus peuplés sont ceux à qui seront attribués le moins de délégués, privilégiant ainsi les secteurs à faible population (2% de la population mais 9% des sièges) mais dotés d'une forte concentration d'usines agro-alimentaires, gros consommateurs d'eau et clients privilégiés (car payant le M3 d'eau à un prix préférentiel).
Enfin, la question de la rémunération des élus a été posée, l'un des intervenants rappelant avec malice que le futur nouveau SDE comptera un président et .. 21 vice-présidents, donc une facture en frais d'émoluements que l'on imagine. La république française sait être généreuse avec ses serviteurs...
Les prix anormalement différents de l'eau potable d'un bout à l'autre du département, la responsabilité de l'agro-alimentaire dans la qualité de l'eau et le poids des résidences secondaires dans la zone littorale aura été également au coeur des débats notamment quand Daniel Robert, originaire de Surzur, s'interrogea sur le sur-dimensionnement des stations d'épuration en presqu'île de Rhuys du fait de l'afflût de touristes en haute-saison. Le coût de ce sur-dimensionnement étant bien entendu supporté en priorité par les bretons.
Notons que le prix du courage de la soirée aurait pu être décerné au maire de Limerzel qui était présent en tant que représentant du SIAEP de Questembert ce qui lui a valu d'être soumis à un flot de critiques. Bien évidemment, le rôle des élus a été vivement mis en cause, la salle étant composée majoritairement de sympathisants écologistes particulièrement au fait de la situation et pointilleux sur les chiffres et orientations énoncés. Notons, cependant, que malgré la passion, les débats sont toujours restés courtois.
La soirée a été conclue sur un constat simple: le déséquilibre entre armor et argoat s'accentuant, le problème de l'eau et notamment de son épuration n'en est qu'à ses débuts en Morbihan comme ailleurs en Bretagne.
Fabien Lécuyer
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