Droit de réponse : (voir notre article) qui est à l'origine de ce droit de réponse.
Concernant les circonstances du recueil de mes prétendus propos : Je n'ai pas été interpellé sur cette question de la Loire-Atlantique lors du colloque.
Ce M. Bouveron, dont j'apprends le nom par votre publication, est venu à la fin de mon intervention, dans un moment inadéquat, dans le brouhaha général et alors que d'autres personnes voulaient me parler, me demander en aparté et ex abrupto si je considérais que le Val de Loire allait jusqu'à Nantes. Sans m'avoir présenté une carte de presse, ni bien précisé son intention, ni qu'il s'agissait d'une interview susceptible d'être publiée, il en a inféré de fausses conclusions sur mes dires et mon opinion personnelle.
Cette question n'ayant qu'un lien très lointain avec mon intervention, je ne l'ai pas prise très au sérieux et je lui ai rappelé l'appartenance de Nantes à la vallée de la Loire comme une évidence géographique, historique et patrimoniale notamment par l'importance du Château et de la ville de Nantes, d'où ma référence à l’Édit. Puis, interrompus, nous devions reprendre la conversation que j'attendais comme plus approfondie car il est de mon habitude d'aller au fond des questions posées par des étudiants, ce qu'a dit être ce monsieur.
Or il s'avère qu'ensuite M. Bouveron ne m'a pas sollicité à nouveau et je comprends pourquoi : ma réponse incomplète et provocatrice à une question mal fondée, par une personne inconnue de moi, suffisant à lui permettre de me prêter tous les propos polémiques qui lui conviennent. Je considère qu'un tel article fondé sur une relation si brève et si mal située constitue un procédé malhonnête visant à extorquer des propos dont la publication fausse et orientée me porte un préjudice personnel par son caractère intellectuellement incorrect et insultant. S'agissant du contenu maintenant : Sur la qualité des termes employés :
Les propos suivants appartiennent totalement à Monsieur Bouveron : - « les tentatives de la région Pays de Loire de « débretonniser » le patrimoine de Loire-Atlantique par tous les moyens - ces opérations relevant effectivement de communication effrénée pour forcer les gens à accepter l'identité de cette région-bidon ». Je n'ai jamais fait un tel procès d'intention à la région des Pays de Loire et je vous interdis de me prêter de tels propos. Sur le fond :
Quant à l’Édit de Nantes de 1598, il s'agit bien d'un acte royal pacifiant les rapports entre catholiques et protestants pour mettre fin aux guerres de religion et en particulier aux conflits de la Ligue dont Mercoeur, gouverneur de Bretagne installé à Nantes, était un des chefs. Les prétentions «bretonnes» de Mercoeur, issu de la famille de Lorraine et cousin des Guise, relevaient d'ailleurs plus d'un opportunisme destiné à recruter dans son combat fanatique contre les protestants que d'une réelle ambition de restaurer l'indépendance du duché. Sa plate soumission à Henri IV à Angers le prouve amplement. Le fait que l’Édit ait été signé à Nantes confirme donc que la Bretagne a pleinement participé aux guerres de religion de la fin du XVIème siècle (et non à un conflit d'indépendance) mais confirme également l'inscription de cette ville dans la géographie de la vallée de la Loire, qui était alors le cœur du pouvoir royal et l'épicentre des luttes de pouvoir entre catholiques et protestants. Je ne vois pas ce qu'il y a de sottise dans cette vérité historique et je n'admets pas d'être insulté de cette façon. Je ne vois pas non plus en quoi l'appartenance d'un territoire à un ensemble géographique et patrimonial empêcherait qu'il appartienne à un ensemble historique, politique, culturel dont la définition est différente. En l'occurrence nul ne remet en cause l'appartenance du comté (puis évêché) de Nantes, devenu en 1790 département de la Loire-inférieure, à la Bretagne royale (puis ducale puis provinciale). S'il fallait risquer l'analogie, la vallée du Danube traverse de très nombreux ensembles historiques, politiques et culturels : il n'en reste pas moins que ce fleuve a été et est toujours un grand système d'échanges, jusqu'à son embouchure, y compris en matière d'art, d'architecture, de technique, donc de patrimoine.
Patrick Le Louarn
Professeur de Droit Public
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